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Flash infos #75

Kristine Kostava / Voix d’Exils

Sous la loupe : Les talibans de retour au pouvoir en Afghanistan / Le HCR retrouve l’accès à des camps de personnes réfugiées au Tigré / Un homme inculpé pour la noyade d’une personne migrante dans la Manche

Les insurgés talibans reprennent le pouvoir en Afghanistan

Le Matin, le dimanche 15 août 2021.

Dix jours après la prise de contrôle de la première capitale provinciale afghane par les talibans, ceux-ci sont entrés dans plusieurs quartiers de Kaboul, capitale du pays. Le président Ashraf Ghani est parti à l’étranger sans que son régime n’offre de résistance aux talibans, considérant sa fuite comme nécessaire pour éviter une effusion de sang afghan. Ainsi, les talibans, qui se sont emparés du palais présidentiel, reprennent le pouvoir perdu vingt ans auparavant quand ceux-ci avaient refuser de livrer aux États-Unis d’Amérique Oussama Ben Laden, chef d’Al-Qaïda, à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

Les insurgés se sont engagés à ne pas se venger des éléments de l’ancien régime*, et insistent sur leur volonté d’un transfert pacifique de pouvoir vers un gouvernement incluant tous les afghans. Peu avant la prise de la ville, la libération de milliers de prisonniers par les talibans a fait craindre que l’ordre public ne soit menacé.

Avec le retrait d’Afghanistan des troupes étatsuniennes et de l’OTAN, ces évènements ont marqué l’impuissance du régime afghan et de son armée, pourtant financée depuis vingt ans par les États-Unis d’Amérique.

*Note de mise à jour (19.08.21) : Selon un document confidentiel de l’ONU, les talibans font des recherches et effectuent des « visites ciblées porte-à-porte » pour trouver les individus ayant travaillé pour l’ancien régime ou des forces occidentales. Ces derniers figureraient sur des « listes prioritaires » d’arrestation, malgré la promesse des insurgés de ne pas se venger de ces personnes. (RTS, Les afghans ayant collaboré recherchés par les talibans, 19.08.21)

 

Accès aux camps de réfugié·e·s érythréen·ne·s au Tigré à nouveau possible pour le HCR

RTS, le mardi 10 août 2021.

Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré avoir à nouveau accès à deux camps de réfugié·e·s érythréen·ne·s dans la région du Tigré en Éthiopie. Un porte-parole de l’organisation a déclaré que de violents affrontements avaient empêché le personnel du HCR d’accéder aux camps d’Adi Harush et de Mai Aini depuis le 13 juillet. L’aide d’urgence a pu reprendre le 5 août. « Cependant, l’accès demeure limité du fait de la situation sécuritaire complexe et instable et les réfugiés continuent de faire face à des conditions de vie difficiles » selon le HCR. L’organisation demande un « passage sûr » pour le transfert des personnes réfugiées des deux camps vers un nouveau site en dehors de la région du Tigré. Le HCR, en collaboration avec d’autres organisations, a également commencé à délivrer des papiers d’identité aux érythréen·ne·s fuyant des camps détruits du nord du Tigré, vers Addis-Abeba.

En parallèle, le Premier ministre Abiy Ahmed a appelé « tous les éthiopiens aptes et majeurs » à rejoindre les forces armées, après neuf mois de conflit avec le Front de libération du peuple du Tigré. Le HCR s’inquiète des récents déplacements forcés en raison des combats dans les régions éthiopiennes bordant le Tigré. Selon l’ONU, environ 170’000 personnes ont été déplacées dans celles-ci. Le HCR constate également une augmentation du nombre de personnes traversant la frontière soudanaise depuis l’Éthiopie. L’organisation recherche des fonds pour venir en aide à 96′ 000 réfugié·e·s érythréen·ne·s et 650’000 déplacé·e·s internes dans la région du Tigré et jusqu’à 120’000 réfugié·e·s éthiopien·ne·s dans l’est du Soudan.

 

Un jeune homme noyé dans la manche

Ouest France, le samedi 14 août 2021.

Un jeune homme d’une vingtaine d’années a été emprisonné samedi dernier après avoir avoué qu’il était aux commandes d’un bateau qui a fait naufrage dans la Manche, tuant un homme, probablement érythréen. Une autopsie doit encore avoir lieu. Le ministère public a inculpé le jeune homme d’association de malfaiteurs, d’aide à l’entrée illégale, d’homicide involontaire et de mise en danger de la vie d’autrui. Mais il resterait « d’autres auteurs à identifier » liés à ce naufrage, selon le parquet.

Cet homme est la première personne à trouver la mort dans le détroit du Pas-de-Calais en 2021. Selon une agence de presse britannique, 11’000 personnes migrantes ont pu rejoindre l’Angleterre depuis le début de l’année. Un nouveau record a été établi le jour du naufrage, avec 592 personnes interceptées côté Royaume-Uni, selon le ministère britannique de l’intérieur.

 

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




Série estivale – Les contes d’Arménie (5/5)

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Il était une fois, une mère à l’imagination fertile…

Le conte que vous allez lire est l’œuvre de Hovhannes Tumanyan (1869-1923). Poète, romancier, conteur et père de dix enfants, il est considéré comme un des plus grands écrivains arméniens. Et aussi l’un des plus populaires. C’est de sa mère, réputée pour ses talents de conteuse, qu’il tenait son goût pour ce style littéraire dans lequel il excellait.

 

La jeune femme paresseuse

Il était une fois une très jolie jeune femme qui n’aime pas travailler. C’est pourquoi, ses voisins l’ont surnommée «Huri la paresseuse ». Malgré toutes les critiques, sa mère s’obstine à faire l’éloge de sa fille, si travailleuse, si bonne cuisinière et excellente couturière…

Un jour, un jeune et riche commerçant entend le discours de la mère de Huri et se dit qu’il doit absolument rencontrer cette perle. Il arrange un rendez-vous avec elle et en tombe follement amoureux. Il demande à la mère de Huri son accord pour qu’ils puissent se marier. La mère accepte avec plaisir de le prendre pour gendre car c’est un très beau parti.

Peu après leur magnifique mariage, le commerçant achète quelques sacs de coton et dit à sa femme : « Je vais partir à l’étranger pour mes affaires. En mon absence, peux-tu filer le coton ? Je le vendrai ensuite et cela nous fera une belle rentrée d’argent. »

Huri n’a pas la moindre intention de se fatiguer à la tâche. Un jour, alors qu’elle longe la rivière, elle entend le coassement des grenouilles.

« Pepper, Qeqer, Pepper, Qeqer… »

« Hey les filles Pepper, Qeqer ! J’ai beaucoup de coton à filer, est-ce que vous pouvez m’aider? », leur demande-t-elle ?

« Qura, qura, qura… », lui répondent les grenouilles.

Huri est contente, elle croit avoir entendu les grenouilles lui dire : « Apporte-le, apporte-le ! ». Elle retourne donc à sa maison chercher les sacs de coton laissés par son mari, puis jette le coton dans la rivière.

« Prenez-en soin petites grenouilles. Je reviendrai le chercher dans quelques jours et mon mari pourra le vendre à bon prix. Merci d’avance ! »

Quelques jours plus tard, lorsqu’elle passe prendre le coton filé, les grenouilles coassent toujours.

« Bonjour, pouvez-vous m’apporter le coton que vous avez filé ? », leur lance-t-elle.

Les grenouilles continuent de coasser. Huri la paresseuse regarde dans l’eau et voit une mousse verte qui enveloppe les pierres du fond de la rivière.

« Vous avez filé le coton, vous l’avez coloré et vous avez tissé un tapis ? », demande-t-elle surprise. « Si vous avez utilisé le coton pour vous, alors vous devez m’en payer le prix! »

En disant cela, elle entre dans l’eau et fait quelques pas, quand soudain son pied heurte quelque chose de dur. C’est une grande pièce d’or ! Elle la prend, remercie les grenouilles et retourne à la maison.

Quand son mari rentre de voyage, il découvre la pièce d’or posée sur une armoire. Il est très surpris et demande à sa femme d’où elle vient.

« J’ai vendu le coton aux Pepper et Qeqer », lui explique-t-elle.

Le mari est très heureux et organise une petite fête. Il invite sa belle-mère et lui offre des cadeaux pour la remercier d’avoir si bien élevé Huri.

La belle-mère est une femme rusée, elle comprend tout de suite ce qui s’est passé. Elle doit absolument trouver un moyen pour la protéger afin d’éviter que son beau-fils ne confie un autre travail à sa fille, et que cette fois-ci sa vraie nature de paresseuse soit révélée.

Pendant la fête, une abeille entre dans la maison. En la voyant, la mère court vers elle et s’incline pour lui parler : « Bonjour ma tante ! Comment vas-tu ? Ça fait combien de temps qu’on ne s’est pas vues ? Je constate que tu as vraiment travaillé dur… Tu es donc une abeille maintenant ! »

Son beau-fils, très étonné, lui demande : « A quelle tante parlez-vous ? »

« Comme tu es mon beau-fils, je te dois la vérité : cette abeille est ma tante !, lui confie-t-elle. Elle a travaillé tant et si bien qu’elle est devenue toujours plus petite et, à la fin, elle s’est transformée en abeille. Dans notre famille, nous aimons travailler dur, mais à force de travailler, nous rétrécissons et nous nous transformons en abeilles. »

Ce qu’il entend là fait très peur au marchand. Il ne veut pas perdre sa femme et, pour la protéger, il lui interdit dorénavant de travailler.

Conte de son pays, librement traduit par:

Anahit

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Le Khoresht bademjan

Photo: Farzaneh Ebrahimi.

Un plat familial de la cuisine iranienne

Ingrédients pour 4 personnes :

  • 1kg de viande à ragoût de bœuf, d’agneau ou de poulet
  • 2 oignons
  • 400 g de tomates concassées
  • 2 cuillères à soupe de concentré de tomates
  • Sel, poivre, 1 cuillère à café de curcuma, une pincée de safran infusé dans un peu d’eau
  • 2 grosses aubergines
  • 2 gousses d’ail

Préparation :

  1. Émincer la viande.
  2. Peler les aubergines, les couper en rondelles, les placer dans un saladier et les saler.
    Verser de l’eau dans le saladier en prenant soin de couvrir complètement les aubergines. Couvrir le saladier et laisser les aubergines tremper pendant 10 minutes afin de retirer leur amertume.
  3. Égoutter et faire frire des deux côtés les rondelles d’aubergine dans un peu d’huile et les mettre de côté.
  4. Dans une marmite profonde, chauffer 2 cuillères à soupe d’huile et ajouter l’oignon haché.
    Faire revenir jusqu’à ce que l’oignon soit translucide.
    Ajouter l’ail et mélanger le tout.
  5. Ajouter la viande et le curcuma, saler et poivrer.
    Bien mélanger afin que la viande s’imprègne des épices, laisser revenir quelques instants jusqu’à ce que la viande brunisse.
  6. Ajouter les tomates concassées et le concentré de tomates.
    Couvrir d’eau et porter à ébullition, puis réduire le feu et couvrir la marmite. Laisser cuire pendant environ 1 heure à feu moyen.
  7. Une fois que la sauce est réduite et que la viande est cuite, ajouter les rondelles d’aubergines grillées.
  8. Ajouter le safran. Goûter et ajuster l’assaisonnement à votre convenance.

En Iran, ce plat est servi avec un riz blanc. Bon appétit !

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de voix d’Exils




Flash Infos #74

Kristine Kostava / Voix d’Exils.

Sous la loupe : Nouvel appel de l’Italie pour une répartition des personnes réfugiées dans l’UE / Attente difficile pour des milliers de personnes migrantes en Colombie / La migration depuis la Biélorussie repoussée aux frontières lituaniennes

L’Italie lance un nouvel appel à l’UE en faveur d’une répartition des personnes réfugiées

RTBF, le jeudi 5 août 2021

Une fois de plus, l’Italie invite les pays de l’UE à répartir les personnes migrantes en provenance des côtes tunisiennes ou libyennes entre les membres de l’Union. Le pays a annoncé avoir enregistré en 2021 plus du double d’arrivées qu’au même moment de l’année précédente. En même temps, les conditions de vie sur les navires de sauvetage des ONG actives en Méditerranées (Ocean Viking, Sea-Watch-3) se détériorent pour les personnes qui sont bloquées à leur bord.

Il n’y a que peu de doutes sur le fait que les revendications de l’Italie ne seront pas entendues en raison des désaccords importants à cet égard au sein de l’UE, visibles dans les négociations pour parvenir à une réforme du système d’immigration et d’asile européen en général.

Blocage de milliers de personnes migrantes dans la ville colombienne de Nécoclí

Tribune de Genève, le jeudi 5 août 2021

Des milliers de personnes migrantes se rendant de l’Amérique du Sud vers les États-Unis et tentant de rejoindre le Panama par la voie maritime depuis la Colombie se retrouvent bloquées dans la ville de Necoclí, faute de traversées disponibles suffisantes. Sur place, elles font face au coût élevé de l’hébergement, après avoir déjà pris de gros risques et épuisé une bonne partie de leurs économies en cours de route.

En raison de la pandémie de Coronovirus, la traversée avait été rendue impossible suite à la fermeture des frontières. Mais depuis leur réouverture, l’afflux des personnes migrantes a repris de plus belle dans cette ville qui se trouve au Nord du pays.

La Lituanie a commencé à refouler les personnes migrantes arrivant depuis la Biélorussie

RTS, le mardi 3 août 2021

Les gardes-frontières lituaniens ont déclaré qu’ils repoussaient les personnes migrantes qui tentaient d’entrer dans le pays depuis la Biélorussie voisine, alors que Vilnius est aux prises avec une crise migratoire sans précédent. La Lituanie accuse les autorités biélorusses d’exercer des représailles aux sanctions de l’UE contre le régime de Loukachenko en favorisant des flux migratoires.

Les autorités lituaniennes se sont arrogées le droit de recourir à la force pour diriger les personnes migrantes vers les postes frontières officiels ou les missions diplomatiques où l’asile peut être demandé légalement. Le chef des gardes-frontières affirme que la force n’avait pas été utilisée jusque-là. Pour les ONG lituaniennes, repousser ces personnes migrantes constitue une violation des droits humains. «Cela restreint le droit de l’Homme fondamental de demander l’asile dans un État sûr» selon la chercheuse Akvile Krisciunaite. Le nombre d’arrivées en Lituanie de personnes migrantes est passé de 81 en 2020, à plus de 4’000 en 2021.

Depuis l’année dernière, le rôle de la Lituanie de terre d’accueil pour l’opposition biélorusse – notamment pour sa cheffe: Svetlana Tikhanovskaïa – a aggravé les tensions entre les deux pays.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Série estivale – Les contes d’Arménie (4/5)

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Il était une fois, un chat très malin et un chien bien naïf…

Le conte que vous allez lire est l’œuvre de Hovhannes Tumanyan (1869-1923). Poète, romancier, conteur et père de dix enfants, il est considéré comme un des plus grands écrivains arméniens. Et aussi l’un des plus populaires. C’est de sa mère, réputée pour ses talents de conteuse, qu’il tenait son goût pour ce style littéraire dans lequel il excellait.

 

Le chien et le chat

Il était une fois un chat couturier et son voisin le chien. Un jour d’hiver, le chien va voir le chat pour une commande.

« Je t’amène une belle fourrure d’agneau, pourrais-tu m’en faire un chapeau ? Je te paierai bien si tu le fais rapidement. Mon pauvre crâne ne supporte pas le froid », lui explique-t-il.

« Bien sûr mon ami, c’est un chapeau que tu me demandes de coudre, pas un manteau, ce sera vite fait ! Tu peux venir le chercher ce vendredi. Je ne te ferai pas payer, on est voisins et ce n’est pas difficile comme travail », lui répond le chat.

Le vendredi suivant, le chien retourne comme prévu chez le chat. Il le découvre vêtu d’un magnifique manteau de fourrure… et demande à voir le chapeau promis.

« Je viens seulement de commencer à le coudre, va-t’en et reviens vendredi prochain ! », lui dit le chat avec désinvolture.

Très déçu, le chien s’en va sans le chapeau promis, mais il est confiant et repasse le vendredi suivant.

« Ton chapeau n’est pas encore prêt. Tu ne me laisses pas le temps ! », lui lance le chat en colère.

Cette fois le chien perd patience, il vient de réaliser que le chat se moque de lui. Ils se disputent et s’injurient : « Sale voleur ! »… « Chien chauve ! »

Ils se bagarrent tant et si bien que l’affaire arrive aux oreilles d’un juge.

Le juge convoque le chien qui lui explique : « Le chat a volé la fourrure d’agneau que je lui avais remise pour la confection d’un chapeau. » Le juge l’écoute et demande à entendre le chat, mais personne ne sait où il se cache.

A ce jour, le chien n’a pas oublié cet incident fâcheux et, quand il croise un chat, il bondit sur lui, grogne et lui demande de rendre la fourrure.

Le chat, comme toujours sans vergogne, regarde derrière lui, dit qu’il vient de commencer à coudre et s’enfuit.

Conte de son pays, librement traduit par:

Anahit

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils