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L’exil d’un soldat déserteur syrien

Illustration: L. B. / voix d’Exils

Il a choisi de fuir son pays pour ne pas assassiner son peuple

Issam* est réfugié syrien né en 1992 qui a trouvé l’asile en Suisse. Il a raconté à Doaa Sheikh Al Balad, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, l’histoire de sa désertion du service militaire en 2011 et les horreurs qu’il a rencontrées sur le chemin de la migration.

Issam a commencé son service militaire obligatoire en 2011, soit deux mois avant le début de la guerre en Syrie. Il a été témoin de plusieurs massacres à Deraa, mais il n’y a pas participé car il ne voulait pas ôter la vie de quelqu’un et se retrouver par la suite impliqué dans des actes criminels. C’est la raison pour laquelle il a décidé de fuir son pays la Syrie. Il a donc demandé un congé de son service militaire et s’est rendu chez lui à Qamichli, sa ville natale, où il a passé deux jours. Au cours de ces deux jours, son père a contacté un passeur pour aider son fils à sortir du pays. Le lendemain, au soir, Issam a voyagé avec deux autres jeunes hommes – déserteurs comme lui – accompagnés du passeur dans un petit village frontalier. Cependant, comme il s’agissait d’un village kurde, il leur a été demandé de se porter volontaires dans les forces armées kurdes. Mais Issam a refusé et s’est enfui immédiatement avec ses camarades.

Fuite de Syrie

Issam et ses compagnons ont quitté le village frontalier avec le passeur et se sont dirigés vers le Tigre au milieu de la nuit où ils sont montés à bord d’un petit bateau que le passeur avait affrété.

Malheureusement, alors qu’ils avançaient le long de la rivière, ils ont été poursuivis par un groupe armé kurde d’Irak. Ils ont été la cible de plusieurs tirs de balles et de grenades aveuglantes. Pendant cette fusillade, l’un des soldats en fuite a été touché à la tête. Lorsqu’ils ont finalement atteint l’extrémité opposée du fleuve dans la région du Kurdistan irakien, le passeur s’est enfui, après minuit, laissant Issam et son ami seuls avec le soldat blessé.

Issam et son compagnon ont alors transporté leur camarade blessé et ont marché pendant plusieurs heures dans les montagnes sans savoir s’ils se dirigeaient dans la bonne direction ou non. Après plusieurs heures de marche, ils ont commencé à crier pour que quelqu’un entende leur voix et leur vienne en aide. Puis ils ont vu, de loin, une lumière qui avançait vers eux: c’était un membre des forces peshmergas qui leur faisait signe. Une voiture de ces forces s’est alors précipitée pour transporter le blessé. Tous sont montés dans la voiture en direction d’un hôpital, mais le jeune homme est malheureusement décédé peu avant leur arrivée.

Issam et son compagnon ont passé toute la nuit à l’hôpital. Le lendemain matin, des officiers ont ouvert une enquête pour connaître les circonstances et le déroulement de la fusillade de la veille. L’enquête s’est poursuivie pendant trois jours. Après cela, ils ont été libérés à la condition de ne pas quitter la ville tant que l’affaire n’était pas terminée.

Ils ont passé les trois premiers jours de deuil avec les proches du défunt, après quoi Issam et son ami sont allés chercher un abri. Issam a trouvé une opportunité de travailler dans une usine de plastique dans laquelle il dormait également. Il y a travaillé durant deux mois. Durant cette période, la police l’a également emmené sur les lieux de la fusillade afin de connaître les détails de ce qui s’était passé sur les bords du Tigre. Après cela, il a déménagé dans la ville de Dohuk pour obtenir un permis de séjour qui lui permettrait de rester et de se déplacer entre les zones kurdes irakiennes. Issam a ensuite déménagé après deux mois dans la ville d’Erbil où il a travaillé comme serveur pendant un an.

Par la suite, Issam a pu travailler dans une entreprise d’équipements électriques de 2014 à 2017. Au cours de ces années, il a contribué à l’envoi de matériel et de denrées alimentaires dans les zones kurdes syriennes assiégées par Daech via le point de passage de Faysh Khabur. Il a ensuite travaillé dans un restaurant jusqu’en 2019 et, pendant cette période, il a tenté par divers moyens d’obtenir un passeport syrien afin de pouvoir se déplacer entre les villes irakiennes, mais en vain car les lois syriennes ne lui permettaient pas d’obtenir un passeport pour voyager en raison de sa désertion du service militaire.

L’asile en Europe

L’exil d’Issam vers l’Europe a commencé en 2020, lorsqu’il a décidé de mettre fin à son travail à Erbil. Son père a alors contacté un autre passeur qui a demandé à Issam de se rendre dans la ville de Zakho afin qu’ils se dirigent ensemble vers la Turquie. Ce voyage clandestin a duré cinq heures. Ils ont ensuite pris une voiture en direction d’Istanbul mais, en route, Issam s’est fait volé son argent par les autres membres du réseau du passeur.

A Istanbul, Issam a contacté un autre passeur et il a pu séjourner chez ce dernier pendant plusieurs jours. Durant cette période, il a fait plusieurs tentatives pour se rendre en Grèce.

Le passeur a finalement conduit Issam et un autre groupe de personnes exilées jusqu’à la frontière gréco-turque. Lorsqu’ils y sont arrivés, ils ont été contraints de parcourir une trentaine de kilomètres à pieds, car le déploiement de la police grecque sur toute la frontière rendait l’utilisation des voitures difficile. Malgré cela, ils ont réussi à atteindre leur objectif et ont pu tous se rendre à Athènes.

Malheureusement, une patrouille de la police grecque les a arrêtés dès leur arrivée à Athènes. L’ensemble du groupe a alors été reconduit vers la partie turque de la frontière gréco-turque. Tous ont été alors emprisonnés pendant une semaine. Mais Issam n’a pas perdu espoir et n’a pas abandonné l’idée de se rendre à nouveau en Grèce. Il a alors fait plusieurs autres tentatives pour rejoindre la Grèce, mais toutes ont échoué.

Toutefois, lors d’une ultime tentative, Issam a rencontré à son arrivée à la frontière gréco-turque un groupe de jeunes hommes qui, comme lui, voulaient se rendre en Grèce. Ensemble, ils ont marché pendant 11 jours vers Thessalonique, jusqu’à ce qu’ils atteignent une ferme près de la ville depuis laquelle ils ont pris un bus en direction d’Athènes.

Arrivés dans le quartier d’Omónia, le groupe a contacté des Syriens et a loué un appartement par l’intermédiaire du passeur où ils sont restés plusieurs jours jusqu’à ce qu’on leur fournisse de faux passeports. L’affaire a été couronnée de succès et ils ont pu obtenir les papiers tant attendus. Issam s’est alors envolé directement de la Grèce vers la Suisse, où sa demande d’asile politique a été acceptée un mois après son arrivée dans le pays.

Issam: nom d’emprunt

Doaa Sheikh Al Balad

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Des couleurs pour réunir les cultures

Elvana Tufa / Voix d’Exils

Reportage au cœur de la 22ème édition de la Fête des Couleurs à Aigle dans le Canton de Vaud

Il est toujours étrange de constater qu’après une période relativement longue de pandémie mondiale, les gens ont repris leurs activités normales, leurs réunions et leur vie comme avant 2019. Pas de masques, pas de restrictions, pas de certificat – ce qui signifie se rassembler pour célébrer la vie, les valeurs, les cultures et s’amuser. C’est ainsi que le Fête des Couleurs d’Aigle, après deux ans d’interruption due au Covid-19, a repris une tradition vieille de plus de 20 ans.

Les 1er et 2 juillet derniers ont été un véritable festival des couleurs, réunissant les cultures du monde, les musiques, les traditions culinaires et plus encore. La 22e édition de ce festival a été une énorme organisation, dont la conception et l’organisation avaient commencé bien avant. En tant que bénévole pour cette activité, j’ai eu la chance d’avoir un aperçu de ce que c’est de travailler dans l’ombre pour le genre d’événements auxquels nous participons habituellement au premier rang ou en tant que spectateurs.

Premiers jours de préparation sur le site

C’est un grand jour le 25 juin. Trois camions déchargent la plus grande tente que j’ai vue jusqu’à présent: d’une dimension de 20 sur 60 m, elle abrite tous les stands des associations qui participent à cet événement, le stand de l’Espace Amis, le joli bar de service à 360° avec des dizaines de tables devant et, bien sûr et surtout, l’immense scène à fixer le lendemain. Tout est prévu, ce n’est plus qu’une question de temps et d’effort physique. Il y a un bel esprit de communication entre les équipes, où l’on apprend à se connaître par des blagues, un coup de main et bien sûr, des directives sur ce qu’il faut faire et aider. En fin d’après-midi, tout l’immense parc vide en face de La Planchette – le quartier où se tient la fête – est maintenant couvert par cette énorme tente, donnent déjà une idée de l’ampleur que prendra le festival. La coordination entre les responsables de l’infrastructure, Pascal Bontems et Jonathan Liaudat, fonctionne à merveille pour toutes les personnes qui donnent un coup de main: après avoir plaisanté pendant le montage des tentes, Julien Suter, responsable d’animation, Christian Ramel, responsable d’artistes et la poignée de bénévoles étaient assez occupés pour les jours à venir.

Enfin, après 7 jours de travail, tout semble être à sa place. Le lendemain est le grand jour car c’est le premier juillet: le premier jour du festival! Le soundcheck est en route et l’atmosphère devient très musicale pour l’instant. Les stands sont nommés et on peut repérer, non seulement par les affiches, mais aussi par les couleurs: ceux de la Colombie, du Mexique, de la Mongolie, de la Bosnie, du Liban… De l’autre côté, le stand de l’Espace Amis, un véritable accueil de toutes les saveurs du monde, du kebab au poulet biryani, des crêpes aux rouleaux de feuilles de vigne et ainsi de suite. Ce n’est qu’une question d’heures pour venir à bout de tous ces menus alléchants.

Ainsi, la dernière journée de préparation s’achève et doucement. Après quelques heures de préparation, j’ai pu voir le lendemain comment les gens commençaient à arriver un par un, en groupes et en familles avec leurs enfants, après le cortège des écoles d’Aigle, avec plus de 300 écoliers et des fanfares folkloriques.

Ce qui m’impressionne le plus, c’est que le nom du festival correspond vraiment et totalement à ce que je vois devant moi: une véritable célébration de couleurs, de personnes, de cultures, de milieux, qui se réunissent pour faire la fête. Célébrer leur différence et leur singularité et, en même temps, les valeurs communes et partagées au-delà des frontières d’un État ou des clichés ordinaires. Il faut beaucoup d’efforts pour surmonter les différences, sinon les surmonter pour les utiliser comme une valeur partagée et non comme un complexe qui vous empêche de trouver votre propre place dans un pays que vous devez désormais considérer comme le vôtre…

Une fête qui perdure depuis plus de 20 ans

La Fête des Couleurs a vu le jour en 2001. Le Service Communautaire de la Planchette en est à l’origine. Ce service solidarité de l’Eglise Evangélique Réformée du Canton de Vaud travaille depuis l’automne 2000 dans le quartier de la Planchette à Aigle pour développer des projets qui favorisent l’échange multi et inter culturel. C’est ainsi que naissent des cours de français, des animations pour les enfants et les familles, des soupers, des fêtes, divers soutiens administratifs et l’association AMIS en 2005. La Fête des Couleurs, qui est devenue un festival au fil des années est la cerise sur le gâteau, la mise en valeur d’un quartier et de personnes de tous horizons. Ce Festival du monde existe grâce aux soutiens des artistes, du Canton de Vaud, de la commune d’Aigle, de nombreux sponsors privés, mais aussi de tous les bénévoles qui s’engagent tout au long de l’année et de ceux qui viennent aider durant la Fête.

L’ancien directeur de cette fête, aujourd’hui retraité, M. Serge Paccaud, vient tous les jours et donne un coup de main pour les idées et le travail en cours. C’est naturel pour lui et à vrai dire pour toutes les personnes qui travaillent pour le festival de voir M. Paccaud donner des conseils ou aider à monter la scène, transporter les tables ou même monter les tentes colorées. D’après ce que je peux voir autour de moi, il a laissé un bon héritage et que tout se passe bien : il est drôle, respectueux et plein d’idées, répétant souvent mi-sérieux et mi-blagueur : C’est bien de laisser les jeunes prendre les devants, mais les vieux ne doivent pas être complètement évités ou vidé. Bon sang, il a raison !

« Le plus gros festival que nous ayons eu jusqu’à présent »

J’ai réussi à distraire M. Pascal Bontems, qui a immédiatement enfilé le tablier de chef de cuisine et toutes les tâches et maux de tête qui viennent avec cette charge, pour une courte interview. J’adore sa façon de plaisanter, avec un ton très sérieux et j’ai un peu de mal à deviner s’il est sérieux ou s’il se moque de moi. Mais je suppose qu’il parlait pour de vrai quand il m’a dit que, par rapport aux éditions précédentes de la Fête des Couleurs, celle-ci était la plus grande et la plus importante jamais réalisée jusqu’à présent. Tant en termes de fréquentation que d’organisation: « Nous avons eu énormément de monde le premier jour du festival et nous attendons la même fréquentation aujourd’hui ». En ce qui concerne les bénévoles, il affirme que par rapport aux éditions précédentes, ils sont peu nombreux cette année: « Nous avons beaucoup de gens qui viennent pour s’amuser et prendre le meilleur de ce festival, mais moins pour donner un coup de main, donc quand nous n’avons pas assez de bénévoles, les choses commencent à devenir un peu compliquées ». J’aimerais alors connaître son point de vue sur l’objectif, le but de ce festival. M. Bontems affirme que la Fête des Couleurs a pour but avant tout de mettre en lumière l’association AMIS et, dans la mesure du possible, lever des fonds destinés aux divers projets de l’association. « Nous essayons de lever des fonds pour l’Espace Amis, l’Espace d’Intégration des Étrangers, les cours de français, donc ce festival les concerne. Tout l’argent que nous avons va à l’Association Amis et est totalement consacré à cela ». A cette égard et par rapport aux éditions précédentes, il est heureux de dire qu’il y a eu une grande participation des gens.

Joëlle Saugy: une directrice pas comme les autres

Elle est jeune, joyeuse et n’a pas l’air d’une directrice de festival autoritaire. On pourrait penser qu’elle est trop jeune et trop mince pour porter un tel poids sur ses épaules, mais non. Ses douze années passées à l’Espace Amis et en tant que programmatrice, puis coordinatrice du festival font d’elle la personne idéale pour être aux commandes. Je n’ai pu la retrouver pour une petite conversation qu’après le festival, évidemment.

C’était « une grande première », comme elle le dit avec toutes les responsabilités qu’elle avait cette fois, en coordonnant les parties techniques, infrastructurelles et artistiques du programme. « Au vu des tâches, je fais ce que j’ai fait pour les éditions précédentes. Mais cette fois, le stress de savoir si tout allait bien se passer était immense. Mais quand je vois le résultat, c’est très gratifiant, considérant que nous avons commencé à travailler depuis le mois de février et, ayant le Covid-19 autour de nous, nous ne savions pas trop nous-mêmes quel type d’organisation nous allions suivre : si cela allait être un petit festival ou non et puis, soudain, nous avons accéléré le rythme. Nous nous sommes dits que les gens avaient envie d’un grand festival, d’une grande scène et nous avons donc développé cette idée. C’était un travail difficile, mais quand on voit le résultat, le sourire des gens, les bénévoles qui nous aident, ça en valait la peine, c’est une expérience qui nous motive à la répéter chaque année ». Je suis curieuse de savoir comment l’idée du festival a changé ou s’est développée au cours des années, depuis le début, et Joëlle m’assure qu’il a pris de l’ampleur, concernant la participation des stands, les spectacles et les artistes se produisants. « Ce qui n’a pas changé, ce sont les valeurs, les motivations et le but du festival de mettre en avant la diversité culturelle de la Planchette, mais aussi de la région par le biais des spectacles, de la cuisine traditionnelle, en favorisant les découvertes et les rencontres entre les gens ».

Les quatre coins du monde réunis en un seul endroit

J’ai été émerveillée par les pays et les traditions représentés à ce festival. La Mongolie, la Syrie, le Liban, la Bosnie, la Colombie, le Mexique, l’Éthiopie, le Sri Lanka, et bien d’autres encore, tous réunis autour d’un seul et même endroit : la grande tente du festival.

J’ai eu le plaisir de m’aventurer un peu parmi les stands et de m’entretenir avec certains des participants. Tere Naecher est la représentante de l’Association des Mexicains et Amis du Mexique dans le Canton de Vaud et de Neuchâtel. Elle dit que c’est un honneur pour eux en tant qu’association de participer à ce festival, depuis quelques années maintenant, car ils se sentent accueillis dans un environnement multiculturel. « Nous aimons être ici et avoir l’opportunité de présenter la culture mexicaine, sa cuisine et ses traditions ». J’ai eu le plaisir de visiter leur stand de produits artisanaux, riches en couleurs et presque tous faits à la main.

Semir Muratovic représente le stand de la Bosnie au Festival des couleurs. Leur collaboration avec le festival dure depuis longtemps, en termes de soutien technique, mais aussi en termes de participation à un stand, pour montrer aux gens, pour interagir avec eux, la culture, les traditions et la cuisine de Bosnie. Son équipe a servi de bras droit en termes d’infrastructure du festival; et pendant toute la durée de ce festival, ils ont aimé montrer et offrir aux gens leurs spécialités, comme la broche d’agneau rôti ou le burek. 

Je pourrais dire la même chose des artistes invités cette année : d’Afrique de l’Ouest, du Cap-Vert, d’Erythrée. Ont également été invitées différentes cultures du monde représentées par des artistes vivant en Suisse, comme le spectacle de l’Association Mongole de Suisse Romande, le spectacle de flamenco de l’école Made 4 you de Sion, Ilirët, un groupe folklorique albanais et aussi des musiques modernes et contemporaines de hip-hop, break-dance, etc.

Diversité des cultures, mais aussi d’âges

Dans un joli coin on trouve le stand AJAMIS, dédié aux jeunes de la région. L’Espace AJAMIS c’est l’Aja, l’Association pour la Jeunesse Aiglonne, et AMIS, Association multi et interculturelle de la Planchette qui ont alliés leurs forces et leurs compétences pour apporter un espace dédié aux jeunes à la Fête des Couleurs. Baby-Foot géant, bar à cocktails sans alcool (tenu par les Jeunes Paroissiens du Chablais), atelier DJ, chaises longues et bonne ambiance. La tente ne s’est pas désemplie de tout le week-end! Le samedi soir, le 2 juillet, ils ont inauguré le projet de prévention par les Pairs « On en Parle? » avec deux jeunes formées à la prévention primaire pour aller à la rencontre d’autres jeunes et parler des sujets comme la sexualité et la consommation d’alcool. Cette première expérience « AJAMIS » démontre qu’ensemble le gens sont plus forts et que les jeunes aiment venir à la Fête des Couleurs et ont apprécié être accueillis par leurs animateurs préférés.

Deux journées entières remplies de spectacles, de visites et d’expositions de cultures, plusieurs jours et mois de préparation, deux jours de démontage intense, beaucoup de personnes que j’ai personnellement appris à connaître, un peu d’épuisement physique, mais ! Je peux dire avec certitude que j’aimerais revenir à ce festival l’année prochaine, que ce soit en tant que spectateur, en tant que bénévole ou peut-être plus que cela.

Elvana Tufa

Membre de la rédaction de Voix d’Exils




Journée des réfugiés 2022: « pour en finir avec les stéréotypes »

Charles Wlilliam Soumah / Voix d’Exils

Les associations d’aide et de défense des réfugié.e.s ont célébré dignement la fête des sans-voix à Lausanne



Malgré ces guerres injustifiées et les aprioris qui pèsent parfois sur eux, les réfugiés et les réfugiées ont été fêtés dans la joie le samedi 18 juin à la Galicienne à Lausanne !

Ce samedi 18 juin, le soleil est clément et brille de tous son éclat. Dans cette beauté du ciel, les oiseaux drapés de leurs beaux plumages chantent l’arrivée de l’été. Eh oui ! C’est la fête des personnes migrantes, placée sous le signe de la tolérance, de la fraternité et du vivre ensemble. Malgré une température avoisinant les 30 degrés à l’ombre, se trouve sur place l’EPER qui a organisé l’événement, ainsi que d’autre associations comme Confluence et Société Mocko.

Dès 19h30, la fête commence par un apéritif de bienvenue. Les tables sont dressées pour cette occasion et sont parsemées d’amuse-bouche, accompagnées de boissons de toutes sortes pour rafraîchir la foule avant la projection du film « Dynamic Wisdom », un concert d’Afrobeat et un Dj pour finir en beauté.

Cette fête célèbre l’union de tous ces bénévoles et convives qui sont là pour célébrer le vivre ensemble et qui aspirent à changer notre regard sur les personnes migrantes trop souvent victimes de stéréotypes.

« Society Mocko »

Lors de mon reportage, j’ai rencontré un groupe qui m’a frappé par son combat humain qui s’appelle « Society Mocko ». Cette association est composée de jeunes suisses d’origine africaine qui ont été choqués par les sévices qui ont été infligés à des personnes migrantes d’origine africaine par des policiers ukrainiens lors de cette sale guerre. Voyant ces images sur internet, ces jeunes soldats de l’humanisme ont pris leur courage à deux mains pour aller les exfiltrer d’Ukraine ces victimes collatérales de la guerre vers ce pays des droits de l’homme qu’est la Suisse. Ces victimes sont des médecins et des architectes bien intégrés en Ukraine à la double nationalité africaine et ukrainienne. Fort heureusement, elles ont pu être accueillies dans des familles dans cantons de Genève et de Vaud grâce à l’empathie et à la détermination de ces jeunes soldats du cœur. Double bravo ! Je tire mon chapeau à ces militants de la dignité humaine.

Charles William Soumah

Membre de la rédaction de Voix d’Exils

 

Commentaire

Cet événement a été un jour qui restera gravé dans ma mémoire. Lors de cette fête, j’ai eu la chance de rencontrer l’association Society Mocko qui a sûrement sauvé des centaines de vies humaines qui ne sont pas nées pour mourir parce qu’ils sont d’une couleur qu’il ne plaît pas aux autres. Je remercie milles fois ainsi que toutes ces associations, ces O.N.G, qui se battent tous les jours pour les causes nobles.

Pour terminer, je m’adresse à tous ces hommes et ces femmes qui ont nos destinées entre leurs main: essayez d’ajouter dans vos pouvoirs quelques chose de bon et de merveilleux car l’humanité en a grandement besoin ! 

C.W.S

Charles Williams Soumah

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Mieux vivre ensemble

Fresque a l’entrée de la nouvelle place de sports du Quartier de la Planchette à Aigle / Photo: Renata Cabrales / Voix d’Exils

Vaud: Aigle a inauguré le 21 mai la nouvelle Place des sports de la Planchette



En collaboration avec l’Association Jeunesse Aiglonne (AJA), l’Espace Amis, les Parrains et Marraines de la Planchette, les travailleurs sociaux, la Police du Chablais vaudois et l’Établissement Vaudois d’Accueil des Migrants (EVAM), la Municipalité de la ville d’Aigle a présenté la nouvelle infrastructure sportive du quartier aiglon de la Planchette. Le rôle principal de ces organismes sociaux et institutionnels consiste à pacifier le quartier, valoriser la diversité et améliorer le vivre ensemble au sein du quartier.

La nouvelle Place des sports de la Planchette est un lieu dédié à l’animation de la vie du quartier pour améliorer le vivre ensemble et favoriser les échanges interculturels entre les habitantes et habitants du quartier. Ainsi, le quartier de la Planchette est un lieu métissé. Cela signifie que l’on peut retrouver une grande richesse multiculturelle dans ce quartier. Tous les projets sont réalisés dans le respect de la diversité culturelle.

La journée s’est déroulée avec succès avec les membres de la communauté intéressés à connaître ce beau projet. Voix d’Exils est allé à la rencontre de personnes qui ont œuvré à la réalisation de cette nouvelle Place des sports de la Planchette.

Le Sergent-major Domenico Chinelli (à droite) et son équipe / Photo: Renata Cabrales / Voix d’Exils

Entretien avec Domenico Chinelli, coordinateur du projet Parrains et Marraines à Aigle

Renata de Voix d’Exils: Quel est votre rôle dans le projet?

Domenico Chinelli : En tant que coordinateur, je suis chargé de la programmation et de l’organisation du travail des Parrains et Marraines. Je coordonne les horaires de travail de chacun·e et je planifie les départs de la Planchette, ce qui facilite leur travail au quotidien.

Et comment percevez-vous la participation multiculturelle ?

Il est vrai que beaucoup de nations sont représentées dans le quartier. Et je pense que cela est une bonne chose, il faut le prendre comme une richesse et cela nous apporte beaucoup de choses positives, notamment dans le dialogue et les discussions avec les habitant.e.s que l’on rencontre.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer à travers ce projet ?

Au niveau du projet de parrainage du quartier de la Planchette, le message que l’on aimerait faire passer est qu’au-delà de nos différences et des nuisances qui peuvent être perçues par le voisinage, nous arrivons à trouver des solutions par notre simple présence. Ce qui est en quelque sorte le but de ce projet, qui correspond au projet de parrainage que l’on retrouve à la gare typiquement. Il y a des personnes qui travaillent toujours de paire et qui vont discuter avec les utilisateurs-trices du terrain de sport pour les rendre par exemple attentifs au respect des horaires d’ouverture de la place et aux éventuelles nuisances qu’ils peuvent engendrer comme les nuisances sonores etc. Tout cela dans le but que tout le monde y trouve son compte et pour diminuer les tensions que l’on peut parfois retrouver dans le voisinage.

Et finalement, quels sont les futurs projets avec la communauté à partir de ce grand projet ?

Les échos qu’on a reçu aujourd’hui sont positifs. Et pour les projets futurs, j’espère que la municipalité, encouragée par cette action dans les Planchettes ainsi qu’à la gare, sera encouragée à reproduire cela dans d’autres quartiers d’Aigle afin de favoriser son développement.

Photo: Renata Cabrales / Voix d’Exils

Entretien avec Jean-Jacques Homberger, travailleur social hors mur région Aigle, Bex et Ollon

Renata de Voix d’Exils : Quel est votre rôle au sein de ce projet ?

Jean-Jacques Homberger : Je suis en charge de la prévention sociale auprès des adolescent.e.s de 12 à 25 ans pour l’ensemble des communes d’Aigle, Ollon et Bex.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer à travers ce projet ?

Je trouve que c’est toujours bien quand on met à disposition des lieux de loisirs, de culture et autres pour les jeunes. Même si l’emplacement reste ouvert à tout le monde, je dirais quand même que les jeunes ont un lieu à eux maintenant et c’est une bonne chose.

Que pensez-vous de la participation multiculturelle ?

Elle est très importante. Ces lieux sont très utilisés par les familles issues de la migration et qui représentent un grand nombre de cultures différentes. En effet, le quartier de la Planchettes c’est plus de 100 nationalités différentes, donc c’est un quartier non seulement populaire, mais aussi métissé et donc multiculturel, ce qui est une très bonne chose à mon avis.

Et finalement pour vous, qu’est-ce qui est essentiel avec ce projet ?

Pour la communauté, ce qui est important de dire c’est qu’il y a aussi des personnes migrantes qui font partie des Marraines et Parrains et pour ce projet nous essayons justement d’associer les familles migrantes qui sont les bienvenues. Et je me répète peut-être mais on pense souvent que c’est un terrain réservé aux jeunes alors qu’il est ouvert à tout le monde.

Françoise Piron, directrice de la Fondation Pacte / Photo: Renata Cabrales / Voix d’Exils

Entretien avec Joëlle Saugy, coordinatrice de l’Association AMIS

Fabrice Cottier, Municipal de la ville d’Aigle en charge des bâtiments, du sport et de la construction / Photo: Renata Cabrales / Voix d’Exils

Propos recueillis par:

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Bienvenue en Suisse »

Illustration: L. B. / Voix d’Exils

L’OSAR lance une nouvelle campagne sur l’égalité de traitement des personnes réfugiées

Depuis le 2 mai 2022, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) a débuté sa campagne « Bienvenue en Suisse » dont le thème est l’égalité de traitement des personnes réfugiées. De nombreuses activités, telles que des journées de sensibilisation et manifestations, ont lieu dans toute la Suisse et notamment les 18 et 19 juin prochains à l’occasion de la journée nationale du réfugié.

L’OSAR (en allemand « Schweizerische Flüchtlingshilfe » ou SFH) est une organisation non gouvernementale, sans appartenance politique ou religieuse, qui s’engage pour la défense des droits des personnes réfugiées. C’est une structure faîtière qui regroupe onze associations actives en Suisse dans le domaine de l’asile, à savoir: le Centre d’assistance aux migrantes et aux victimes de la traite des femmes (FIZ), Züricher Beratungstelle für Asylsuchende (ZBA), Flüchtlings Hilfe Liechtenstein, le Service social international suisse, Liechtensteinnisches Rotes Kreuz, Caritas Suisse, l’Entraide protestante suisse (EPER), l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO), l’Union suisse des comités d’entraide juive (USEJ), la section suisse d’Amnesty International (depuis 2010), et les divisions suisses de l’Armée du Salut (depuis 2013).

Que fait l’OSAR ?

L’OSAR organise des journées de sensibilisation pour le grand public sur les thèmes de l’exil, de l’asile et de l’intégration. Ses missions consistent principalement à s’assurer que les procédures d’asile soient équitables et conformes à la Constitution, à favoriser la participation active des personnes réfugiées à la vie économique, sociale, culturelle et politique de la Suisse, à veiller à ce que le retour des personnes déboutées de l’asile s’effectue dans la sécurité et la dignité. En bref, l’OSAR s’engage à améliorer les conditions de vie des personnes réfugiées en Suisse.

L’association a pour but de « défendre les droits et renforcer les intérêts des personnes réfugiées en politique, auprès des autorités et des associations », de « sensibiliser le grand public à leurs conditions de vie » et « d’exercer une influence sur le cadre politique et les pratiques en matière d’asile » (voir à ce propos les statuts de l’association).

Une campagne centrée sur l’accueil dont bénéficient les personnes titulaires d’un permis F et celles titulaires d’un permis S

La campagne « Bienvenue en Suisse » s’inscrit dans le contexte de la crise migratoire liée à la guerre en Ukraine. La guerre entre la Russie et l’Ukraine a mené au déplacement de plusieurs millions de réfugié·e·s en Europe. Face à cette situation, la campagne menée par l’OSAR s’intéresse à l’accueil dont bénéficient les personnes réfugiées d’Ukraine en Suisse. Afin de mieux connaître la campagne, Voix d’Exils a questionné Lucie Engdahl, rédactrice francophone de l’OSAR, pour obtenir plus d’informations sur le sujet.

L. B. de Voix d’Exils : Pouvez-vous me parler de la campagne en cours sur l’égalité de traitement des personnes réfugiées ?

Lucie Engdahl : La campagne en cours porte sur l’égalité de traitement des personnes réfugiées entre elles. Le but de cette campagne est de sensibiliser, mettre en lumière les différences de traitement et de conditions d’accueil des personnes réfugié·e·s en Suisse. Plus spécifiquement, la campagne cherche à rendre attentif au statut S dont bénéficient les personnes réfugié·e·s d’Ukraine par rapport au permis F qui est attribué aux personnes réfugié·e·s venant d’autres pays tels que l’Afghanistan, la Syrie et l’Irak.

Quand est-ce que vous avez commencé cette campagne et quand se termine-t-elle ?

La campagne a débuté le 2 mai 2022 et se termine à l’occasion de la Journée du réfugié qui se tiendra les 18 et 19 juin prochain. Toutes les informations à ce propos peuvent être retrouvées sur la page suivante : https://www.osar.ch/journees-du-refugie.

Que fait l’OSAR pour mener à bien cette campagne ?

L’organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) a effectué un travail de sensibilisation auprès de la population pour attirer l’attention sur la situation. De plus, la campagne s’est déroulée en ligne et hors ligne, pour soutenir les organisateurs d’évènements.

Comment avez-vous eu l’idée et/ou pris la décision d’agir sur ce thème ?

Le thème décidé à la base abordait la question des admissions provisoires et du permis F. C’est un thème central du travail de l’OSAR depuis des années mais qui n’avait encore jamais fait l’objet d’une campagne. Avec la situation en Ukraine, la thématique a été adaptée pour inclure les personnes réfugiées d’Ukraine. Cela permet de mettre en lumière les différences de traitements.

Que faites-vous pour mettre en lumière ce problème ?

Nous diffusons les informations, notamment via les réseaux sociaux.

Quel est l’objectif de la campagne sur l’admission provisoire ?

Le but est d’attirer l’attention sur la situation précaire que vivent certaines personnes concernées par une admission provisoire au regard des droits dont bénéficient les personnes réfugiées d’Ukraine et de mettre l’accent sur les revendications de l’OSAR, notamment que toutes les personnes réfugiées en Suisse doivent avoir les mêmes possibilités en matière d’accès à la protection et à la participation sociale.

Avez-vous également d’autres projet en cours ? Si oui, pouvez-vous les mentionner ?

Actuellement, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés gère le projet famille d’accueil pour trouver des hébergements durables pour les personnes réfugiées en provenance d’Ukraine.

Événements de la journée du réfugié dans le canton de Vaud

Journée national du réfugié 2022 : l’OSAR se réjouit de vous accueillir à la journée de rencontres et de fête qui aura lieu le samedi 18 juin au Théâtre de VidyAvenue Gustave Doret, à Lausanne. Au programme: repas, jeux, contes, rencontres, pièce de théâtre, prestations musicales et bien d’autres choses encore sont à découvrir !

Tous les événements organisés sont répertoriés sur la page

https://www.osar.ch/journees-du-refugie

(En bas de la page se trouve une carte interactive avec tous les évènements)

L. B.

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils