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Amiran enchaîné au rocher

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils.

Une légende géorgienne #3

Voici la troisième « histoire du monde de Voix d’Exils ». A chaque publication de la série: une légende, un mythe ou une fable du pays d’origine d’un rédacteur ou d’une rédactrice. 

Les données historiques sur l’ancienne épopée géorgienne d’Amiran remontent à environ la première moitié du XIIè siècle après JC. Cette légende raconte la bataille du bon héros Amiran avec des créatures maléfiques et leur défaite face à lui. Le héros Amiran était à moitié dieu et à moitié humain car son père était un homme et sa mère une divinité: la déesse de la chasse: Dali.

Selon la légende, Amiran était le fils de la déesse de la chasse : Dali aux cheveux d’or. Dali trahit la coutume des dieux en tombant amoureuse d’un mortel du nom de Darjalan avec qui elle s’enfuit.

La méchante belle-mère de Dali découvrit où se trouvaient les amants, elle se faufila discrètement à côté de la femme endormie et lui coupa ses tresses dorées. À cause de cela, Darjalan se mit en colère et quitta la déesse Dali qui était enceinte de lui. En plus de perdre ses cheveux, elle perdit sa force et ne put accoucher par ses propres moyens.

Le bon chasseur Sulkalmakh entendit les cris de Dali et vint à son secours. Dali raconta son histoire au chasseur et elle lui demanda d’ouvrir son ventre avec un couteau en diamant pour sortir l’enfant. Après avoir été sorti du ventre de sa mère, l’enfant devait passer environ trois mois dans l’utérus d’une vache. Après cela, le chasseur devait mettre le bébé dans un berceau doré et le laisser sur un lac. Celui ou celle qui trouverait en premier l’enfant sur son chemin devait le faire baptiser. Comme convenu, le bon chasseur Sulkalmakh accomplit toutes les tâches que Dali lui avait demandées et laissa l’enfant dans un berceau doré sur le lac. En conséquence, la déesse Dali eut un fils semblable au soleil qui fut nommé Amiran suite à la demande de sa mère.

A cette époque, Dieu marcha sur le lac, baptisa Amiran et lui donna l’inflexibilité d’une avalanche en pente, la force de douze paires de buffles, le genou d’un loup et la victoire dans toutes les guerres. Il lui donna un poignard en diamant et lui dit de l’utiliser qu’en cas d’extrême nécessité. Puis, il le bénit et lui dit qu’il n’y aurait personne au monde pour le suivre. Quand Amiran grandit, il accomplît de nombreux actes héroïques : il libéra le soleil du ventre d’une baleine, tua des dragons, détruisit le royaume des neuf frères Devas et descendit la fille du dieu des nuages pour l’épouser. Ainsi, Amiran fut adopté par le bon chasseur Sulkalmakh et eu deux fils: Badri et Usip.

Finalement, le héros décida de vaincre Dieu, ce pourquoi ce dernier le punit sévèrement et l’enchaîna pour toujours à la chaîne des montagnes du Caucase et il lui envoya un aigle qui volait au-dessus de lui et dévorait chaque jour son cœur et son foie. Amiran, puisqu’il était semi-immortel, récupérait ses organes perdus la veille et subissait la même torture insupportable le lendemain.

Le mythe grec du héros Prométhée, qui déroba le feu aux dieux pour le donner aux humains est largement connu. La similitude entre le mythe de Prométhée et celui d’Amiran est incontestable. Mais comme le mythe d’Amiran est beaucoup plus ancien que celui de Prométhée, les mythologues pensent que ce dernier fut créé sous l’influence de la légende d’Amiran enchaîné au rocher.

Kristine Kostava

Membre de la rédaction de Voix d’Exils




La légende de la reine du Meran, Shahmeran

Illustration: Lia / Voix d’Exils

Une légende kurde #2

Voici la deuxième « histoire du monde de Voix d’Exils ». A chaque publication de la série: une légende, un mythe ou une fable du pays d’origine d’un rédacteur ou d’une rédactrice. 

Shahmeran est une créature mythologique que l’on trouve en Anatolie, en Iran et en Irak. Elle a une tête de femme et un corps de serpent.

Il y a des milliers d’années, des serpents appelés Meran vivaient en paix sous terre. Ils étaient intelligents, compatissants et discrets. Parmi eux vivait une jeune et belle femme, Shahmeran, la reine des Meran.

Un jour, le fils d’une famille pauvre qui vendait du bois pour gagner sa vie, Cemşab (Djemşab), découvrit une grotte sombre pleine de miel. Pour extraire le miel, Cemşab resta dans la grotte pour en recueillir le plus possible.

Peu après, il s’est rendu compte que de la lumière sortait d’un trou. Lorsqu’il agrandit le trou avec son couteau de poche, il vit un jardin plus beau qu’il n’en avait jamais vu de sa vie, dans lequel il y avait des fleurs uniques, un grand lac et de nombreux serpents. Après avoir rencontré et gagné la confiance de Shahmeran, il décida de vivre dans ce jardin pendant de nombreuses années.

Des années plus tard, sa famille lui manqua tellement qu’il supplia Shahmeran de rentrer auprès des siens. La reine de Meran accepta à une condition: qu’il promette de ne dire à personne où il était durant tout ce temps. Cemşab promit à Shahmeran de garder le secret puis est partit ensuite rejoindre sa famille.

Cemşab respecta sa promesse pendant de nombreuses années, jusqu’au jour où le sultan du pays tomba malade. Les médecins lui dirent que le seul remède était la chair de Shahmeran et la nouvelle se répandit partout. 

Ils appelèrent donc tous les hommes du pays et les obligèrent à se rendre au hammam pour voir celui qui avait des écailles sur le dos, preuve qu’il avait rencontré Shahmeran. Cemşab fut alors reconnu.

Forcé de révéler l’emplacement du puits, Shahmeran a été retrouvée puis emmenée au palais où elle fut donnée à manger au sultan. Après la mort de Shahmeran, Cemşab se sentant coupable du sort qui lui avait été réservé décida de se rendre dans la grotte où il l’avait rencontrée pour demander au peuple des serpents de le punir.

À l’entrée de la grotte, Cemşab tomba nez à nez avec un vieux sage. Il expliqua son intention, mais le sage lui demanda d’y renoncer : « Si le peuple des serpents apprend la mort de Shahmeran, ce serait la fin de l’humanité. Personne ne pourrait arrêter les serpents. »

Cemşab accepta de garder alors le silence et partit. Mais avant qu’il ne reparte, le vieux serpent sage lui chuchota : « Shahmeran s’est sacrifiée pour toi, son âme, son pouvoir de guérison et son savoir seront en toi. Va, pars sur les chemins, toute la nature, les fleurs, les buissons, les plantes, même la plus petite herbe t’aideront et te donneront leurs secrets. Tu rendras ces secrets aux hommes en les guérissant. »

Cemşab appela alors deux serpents et leur dit : « Vous avez devant vous Lokman Hekim, cet homme sera guérisseur et vous l’accompagnerez dans toutes ses recherches pour comprendre ce que la terre et les plantes ont à lui apprendre. » Devenu Lokman Hekim, (hekim : médecin), Cemşab partit sur les routes pour apporter guérison et depuis ce jour, les deux serpents sont le symbole de la pharmacie et de la médecine.

Selon la légende, les serpents ne savent pas jusqu’à aujourd’hui que Shahmeran a été tuée. On dit que le jour où les serpents apprendront que Shahmeran a été tuée, ils envahiront la terre des hommes.

L.B

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Le château de Rozafa

Une légende d’Albanie #1

Voici la première « histoire du monde de Voix d’Exils ». A chaque publication: une légende, un mythe ou une fable du pays d’origine d’un rédacteur ou d’une rédactrice. Nous ouvrons la série avec une légende provenant d’Albanie.

Bâti par les Illyriens durant l’Antiquité et réédifié par les Vénitiens et les Turcs, ce château a reçu son nom d’une jeune femme qui aurait été enterrée dans ses murs en guise d’offrande aux dieux lors de sa construction.

L’ancien château de Rozafa se dresse fièrement au-dessus de la large rivière Buna et de la ville de Shkodra. Il existe une légende sur la construction du château de Rozafa qui nous a été transmise depuis l’Antiquité.

Il y a longtemps de cela, un brouillard s’est abattu sur la Buna pendant trois jours et trois nuits, recouvrant complètement la rivière. Sur la montagne, trois frères travaillaient à la construction d’un château. Les fondations qu’ils construisaient pendant la journée s’effondraient toujours la nuit, de sorte qu’ils ne pouvaient jamais terminer leur ouvrage.

Un jour, un vieil homme passa et salua les trois frères en disant : « Je vous souhaite de réussir dans votre travail ! ». « Nous vous souhaitons également de réussir, vieil homme, bien que nous ne soyons pas très performants. Jour après jour, nous travaillons et construisons puis la nuit, les fondations s’effondrent. Savez-vous ce que nous pouvons faire pour que les murs tiennent en place ? ». « Oui, je le sais », répondit le vieil homme, « mais ce serait un péché de vous le dire ». « Que le péché soit le nôtre, car c’est nous qui voulons construire le château » répondirent-ils. Le vieil homme réfléchit un moment, puis leur demande : « Êtes-vous mariés ? Avez-vous tous des épouses ? » « Oui, nous sommes mariés », répondirent-ils, « Chacun de nous a une femme. Mais dites-nous ce qu’il faut faire pour construire le château. »

« Si vous voulez vraiment finir le château, vous devez jurer de ne jamais dire à vos femmes ce que je vais vous dire maintenant. La femme qui vous apporte votre nourriture demain, vous devez l’enterrer vivante dans les murs du château. Ce n’est qu’ainsi que les fondations resteront en place et dureront pour toujours. » Ainsi parla le vieil homme qui s’en alla.

Mais hélas, le frère aîné ne tint pas sa promesse, révéla à sa femme tout ce qui s’était passé et lui dit de ne pas se rendre le lendemain à l’endroit où il construisait le château avec ses frères. Le deuxième frère rompit lui aussi sa promesse et raconta tout à sa femme. Seul le cadet tint sa parole et ne dit rien à sa femme à la maison. Le lendemain matin, les frères se levèrent tôt et se mirent au travail. Leurs haches résonnaient, les pierres étaient écrasées, les murs s’élevaient et leurs cœurs battaient de plus en plus vite…

A la maison, la mère des trois frères ne savait rien de leur accord. Elle dit à la femme du frère aîné. « Les ouvriers ont besoin de pain, d’eau et de leur gourde de vin, belle-fille. » Mais elle répondit : « Je suis désolée, chère mère, mais je ne peux vraiment pas y aller aujourd’hui. Je suis malade. » La mère interrogea alors la seconde épouse qui répondit : « Ma parole, chère mère, je ne peux pas y aller non plus, car je dois rendre visite à mes parents aujourd’hui. » La mère se tourne alors vers la plus jeune des épouses et lui dit : « Ma chère belle-fille, les ouvriers ont besoin de pain, d’eau et de leur gourde de vin. » Elle se leva et dit : « J’irais volontiers, mère, mais j’ai mon jeune fils ici et j’ai peur qu’il ait besoin d’être allaité et qu’il pleure. » « Allez-y », dirent les deux autres belles-filles, « nous nous occuperons du garçon. Il ne pleurera pas. » Alors la plus jeune et meilleure épouse se leva, alla chercher le pain, l’eau et la gourde de vin, embrassa son fils sur les deux joues et s’en alla.

Elle s’approcha de l’endroit où s’affairaient les trois ouvriers. « Je vous souhaite de réussir dans votre travail, messieurs ! » Mais qu’est-ce qui ne va pas ? Les haches cessaient de résonner, leurs cœurs battaient de plus en plus vite, et leurs visages pâlissaient. Lorsque le plus jeune frère vit sa femme arriver, il lança sa hache au loin et maudit les rochers et les murs.

« Qu’est-ce qu’il y a mon seigneur ? » demanda la femme, « pourquoi maudis-tu les rochers et les murs ? » Ses beaux-frères plus âgés sourirent sinistrement et l’aîné déclara : « Tu es née sous une étoile malchanceuse, belle-sœur, car nous avons juré de t’enterrer vivante dans les murs du château ». « Qu’il en soit ainsi beaux-frères » répondit la jeune femme « je n’ai qu’une demande à faire : quand vous m’emmurerez, laissez un trou pour mon œil droit, pour ma main droite, pour mon pied droit et pour mon sein droit. J’ai un petit garçon. Quand il commencera à pleurer, je le réconforterai avec mon œil droit, je le consolerai avec ma main droite, je le bercerai avec mon pied droit et je l’allaiterai avec mon sein droit. Que mon sein se transforme en pierre et que le château prospère. Que mon fils devienne un grand héros, le maître du monde ! »

Ils prirent alors la jeune femme et l’emmurèrent dans les fondations du château. Cette fois, les murs ne se sont pas effondrés, mais sont restés en place pour s’élever de plus en plus haut.

Aujourd’hui encore, au pied du château, les pierres sont encore humides et moisies par les larmes de la mère pleurant son fils.

Elvana Tufa

Membre de la rédaction vaudoise de Voix dExils




FLASH INFOS #132

Sous la loupe : Un migrant franchit en parapente une palissade ultra-sécurisée / Un jeune requérant d’asile se suicide à Genève après avoir reçu une décision de renvoi dans un pays tiers / A Montpellier, une expérience pilote cherche à intégrer réellement les Roms

Un migrant franchit en parapente une palissade ultra-sécurisée
Le matin, le 2 décembre 2022

Le 1er décembre, vers 18h15, deux personnes ont vu un migrant voler avec un parapente au-dessus de la haute barrière ultra-sécurisée séparant l’enclave du Maroc et Melilla. Pour l’instant, ce migrant n’a pas encore été localisé par les autorités espagnoles. Sur cette frontière, il y a souvent des tentatives de passage de différentes manières, mais, selon le porte-parole de la préfecture de l’enclave, c’est la première fois qu’un migrant entre à Melilla en parapente.

Kristine Kostava
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Un jeune requérant d’asile se suicide à Genève après avoir reçu une décision de renvoi dans un pays tiers
RTS info, le 5 décembre 2022

Alireza, un jeune requérant d’asile afghan a mis fin à ses jours cette semaine au Foyer de l’Etoile à Genève, qui accueille des mineurs et jeunes adultes non accompagnés, après avoir appris le refus de sa demande d’asile et la décision de le renvoyer en Grèce. Ce jeune était arrivé en Suisse au printemps 2021, à l’âge de 17 ans, avec derrière lui un parcours migratoire traumatisant. Son entrée en Europe s’est faite via la Grèce, où il avait subi de terribles violences dans un camp de réfugiés, qui le décrivait comme un « trou noir ». Le corps médical a, déjà, averti les autorités fédérales que le jeune Afghan avait manifesté des intentions suicidaires.

Elvana Tufa
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

A Montpellier, une expérience pilote cherche à intégrer réellement les Roms
Le Monde, le 29 novembre 2022

La ville de Montpellier a mené une expérience sans précédent pour intégrer les Roms. Elle les a évacué du bidonville de Celleneuve pour les établir dans un « village transitoire » constitué d’une série de bungalows équipés d’eau et d’électricité. Une cinquantaine de familles ont accepté ce transfert. L’objectif est de parvenir à une insertion professionnelle durable, afin de leur permettre par la suite de disposer d’un véritable logement.

Elvana Tufa
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Le peuple iranien se rebelle

Déjà 300 morts en 3 mois de manifestations contre le régime iranien

Les manifestations pour dénoncer le meurtre de Mahsa Amini par la « police des mœurs » ne montrent aucun signe d’apaisement, malgré une réaction violente des autorités iraniennes, ce qui constitue un défi pour la République islamique depuis sa fondation en 1979. Rencontre avec Marjane*, une femme iranienne réfugiée en Suisse, qui partage son point de vue sur les raisons de l’intensité des manifestations en cours en Iran.

L’oppression des femmes en Iran a commencé suite à la révolution islamique il y a 43 ans et n’a fait que s’intensifier durant tout ce temps. La situation des femmes en Iran est donc difficile car cela fait une quarantaine d’années que l’État exerce un contrôle strict sur leur corps. D’une part, elles sont tenues à porter le voile, d’autre part, elles sont persécutées par les « gardiens de la révolution », ainsi que par la « police des mœurs »:  une unité des forces de sécurité du pays dont la mission est de les harceler dans la rue afin qu’elles respectent les lois islamique du code vestimentaire en public, c’est-à-dire porter le voile correctement, de manière à ce que leurs cheveux ne soient pas visibles, ne pas porter de vêtements moulants ou colorés et bien couvrir leurs bras et leurs jambes.

La punition pour s’être dévoilée en public peut être la détention, l’emprisonnement, une amende ou des coups de fouet. Ainsi, les femmes du pays de la soi-disant « révolution » sont soumises quotidiennement à des hommes inconnus qui les poursuivent, les battent, les aspergent avec des sprays au poivre et les traitent même de « putes ».

Les plus grandes manifestations contre le régime

Les manifestations les plus récentes ont commencé parce qu’en septembre dernier, la police des mœurs est allée trop loin, étant accusée d’avoir battu à mort une jeune femme. Sa mort a suscité de vives protestations rejetant la violence religieuse machiste. Par solidarité, de nombreuses femmes sont descendues dans les rues sans voile et d’autres, dans un geste symbolique, ont mis sur les réseaux sociaux des vidéos où elles se coupent les cheveux.

Mais les personnes qui défendent les droits des femmes sont réprimées parce qu’elles s’opposent à ce système patriarcal et oppressif et la conséquence de l’opposition à la République islamique est l’exécution, souligne Marjane.

Cependant, après les manifestations de novembre 2019, qui ont une origine socio-économique, il s’agit, en ce moment, de la plus grande manifestation contre le régime et personne ne peut garantir qu’elle se terminera. C’est pourquoi, le régime encourage les marches pour « protéger l’Islam » et pointe du doigt les « fauteurs de troubles », tout en accusant les États-Unis de soutenir les révoltes.

La vague de violence a fait des centaines de morts, pour la plupart des manifestants, et a conduit à de nombreuses arrestations par les forces de sécurité. Mahsa Amini n’était pas seulement une femme, mais aussi une Kurde, c’est-à-dire qu’elle appartenait au peuple kurde, qui constitue la plus grande minorité ethnique du Moyen-Orient et qui ne vit dans aucune forme d’État-nation.

Ce peuple est victime d’actes cruels de discrimination et c’est pourquoi la jeune femme s’appelait en réalité Jina, mais Jina en kurde signifie « femme » et, en Iran, il est interdit de parler cette langue. C’est pourquoi Jina a été rebaptisée Mahsa. Or, dans les médias de tout le Kurdistan, elle est appelée Jina Mahsa: son nom kurde.

300 morts parmi les manifestant.e.s

C’est ainsi que dans le Kurdistan iranien, dans certaines régions d’Iran, on entend depuis lors des cris avec des slogans comme : « Jin, Jiyan, Azadî » ce qui signifie « Femme, vie, liberté » et « Bimre Dîktator », soit « Mort au dictateur ». Ces phrases d’indignation sont dites dans la langue interdite : le kurde.

En outre, « Jina a été violée et torturée physiquement et mentalement par la police des mœurs. De nombreuses personnes ont été tuées, emprisonnées et exécutées également. En effet, le régime utilise des armes à feu pour réprimer les révolutionnaires », s’indigne la jeune Iranienne Marjane.

Finalement, Marjane estime que pour le moment, rien n’est clair, « cette révolution a commencé il y a presque trois mois » explique-t-elle. De plus, elle espère qu’elle se terminera en faveur du peuple iranien qui se bat pour sa liberté. malgré environ 300 morts dus à la répression de la République islamique, les manifestations se poursuivent et aujourd’hui il semble impossible d’en connaître l’issue. La seule certitude est que la révolution gardera un fort caractère féministe selon la plupart des mouvements féministes qui se battent pour cette cause.

*Nom d’emprunt.

Propos recueillis par:

Renata Cabrales

Membre de la rédaction de Voix d’Exils