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Festival Prilly Courts Mixages

Un festival de courts métrages autour du thème de la migration qui débute vendredi à Prilly !

Le Festival Prilly Courts Mixages est un festival de courts métrages cinématographiques qui aura lieu ce week-end les vendredi 23 et samedi 24 août 2024 end dans la Cour du Château de Prilly.

Ce festival est organisé par la Ville de Prilly en collaboration avec l’association Base-Court et Roadmovie et vous invite à découvrir une sélection unique de courts métrages en lien avec la thématique de la migration et des droits humains. Ces récits témoignent des causes et des effets des mouvements migratoires et incitent à la réflexion. L’événement se déroulera en plein air et au cœur de la ville de Prilly L’entrée est libre.

Programme des deux soirées

19h :

Restauration et musiques du monde avec DJ Yasmine.

21h :

Mot de bienvenue de la Municipalité de la Ville de Prilly représentée par Monsieur Ishan Kurt.

Introduction en présence d’une réalisatrice ou d’un réalisateur et de Roadmovie.

Projection des courts métrages.

Échange avec le public.

Pour le programme complet cliquez ici

Freddy Niyonzima

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Ishaka » : basketball et résilience

Photo : Alix Kaneza / Voix d’Exils

Promouvoir l’esprit sportif et la solidarité au cœur de la diversité culturelle en Suisse

Ishaka Basketball Club est un collectif de basketball fondé en juillet 2021 par la diaspora burundaise en Suisse. Ishaka est un mot kirundi qui signifie «résilience». Le club incarne donc ce concept, car chaque membre est encouragé à cultiver son bien-être physique, à se dépasser et à renforcer son estime de soi tout en entretenant des relations sociales et amicales. Nous sommes allés à la rencontre de l’Ishaka Basketball Club qui est bien plus qu’une simple équipe de basketball.

L’histoire d’Ishaka débute modestement avec seulement huit joueurs en 2020. Depuis lors, l’équipe a prospéré, et compte aujourd’hui plus de vingt-deux joueurs actifs, représentant diverses nationalités telles que le Burundi, la Suisse, l’Italie, Haïti, le Sénégal et l’Érythrée pour n’en citer que quelques-unes.

Ishaka a un objectif clair : encadrer et intégrer la jeunesse burundaise ainsi que celle d’autres communautés grâce au basketball. D’après le président d’Ishaka, «le sport est une clé qui permet la rencontre de nombreuses personnes ce qui permet d’améliorer le vivre ensemble. Il permet aussi de mieux gérer les émotions, de booster le moral et d’encourager la socialisation ainsi que la découverte de divers talents.» En effet, l’association vise à encourager l’intégration en Suisse via la pratique du basketball. Ceci en particulier au sein de la communauté burundaise pour interagir avec les autres nationalités présentes en Suisse.

Équilibre mental des personnes réfugiées 

Dans le cadre d’échanges avec plusieurs personnes, le club Ishaka organise des entraînements et des tournois internes afin de se faire connaître auprès des personnes réfugiées. C’est le cas de deux tournois intercantonaux qui ont eu lieu à Zurich le 18 mai 2024 et à Genève le 13 Juillet 2024. Ces activités aident les personnes réfugiées à surmonter les difficultés vécues en développant leur confiance en eux et en renforçant la discipline. Les échanges élargis, facilités par le basketball, permettent aux nouveaux arrivants de rencontrer d’anciennes personnes réfugiées, d’échanger et de partager des expériences, créant ainsi des liens précieux. Cette dynamique favorise également la résilience des personnes qui suivent une procédure d’asile.

Pour réaliser ses objectifs, Ishaka Basketball Club s’appuie sur plusieurs piliers. Tout d’abord, l’organisation fonctionne principalement grâce aux cotisations des membres, aux dons divers et aux repas de soutien. De plus, elle a établi des partenariats fructueux avec d’autres équipes sportives et sociales, ainsi qu’avec des organisations telles que : le centre socioculturel de Grand-Vennes, l’association Umusurusuru, Swiss Basketball et d’autres.

Les efforts ont porté leurs fruits

Ishaka participe activement à des tournois en Suisse et à l’international, comme le «King of the Court» les 22 et 23 juin 2024 à Bienne lors duquel Ishaka a atteint la demi-finale masculine. De plus, Ishaka a également participé au Tournoi de Basketball Burundais International (TBBI) qui rassemble les diasporas burundaises d’Europe et d’Amérique du Nord chaque année pendant le week-end de Pâques. En 2024, Ishaka a brillamment remporté le TBBI, en devançant douze équipes en provenance de France, de Belgique, des Pays-Bas, de Suède, de Norvège et du Canada.

L’avenir d’Ishaka Basketball Club est prometteur. Le club prévoit d’organiser un grand tournoi qui rassemblera plusieurs équipes : Zürich BC, Solothurn BC, Aarau BC, Lausanne BC et les amis de Genève le 7 Septembre 2024 à Genève (la majorité des joueurs de ces cinq équipes étant des personnes en procédure  d’asile). De plus, Ishaka BC aspire à accueillir la 13ème édition du TBBI le 19 avril 2025.

Ishaka Basketball Club continue à se positionner non seulement comme une force sportive compétitive, mais aussi comme un vecteur de solidarité, d’intégration et de promotion de l’esprit sportif au sein de la communauté burundaise en Suisse et au-delà.

Alix Kaneza

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Contacts :

Instagram: ishakabasketballclub9

Page Facebook: Ishaka Basketball Club

Le site web est en cours de création.

Inscriptions :

Les inscriptions sont gratuites pour chaque personne qui désire intégrer Ishaka. Il suffit de s’adresser au Club.

Où se déroulent les entraînements ?

Chaque vendredi de 18:30 à 20:20 à la Salle omnisports de Grand-Vennes à Lausanne.




Mon audition au SEM (partie 1/2)

Photo: Ahmad Mohammad / Voix d’Exils.

Le jour où tout bascule

Toutes celles et ceux qui demandent l’asile en Suisse approchent chaque jour leur boîte aux lettres avec le même espoir : « est-ce qu’une lettre du Secrétariat d’État aux migrations (le SEM) m’attend ? ». Voici le témoignage de Samir Sadagatoglu, ancien membre de la rédaction valaisanne, qui est paru sur Voix d’Exils en janvier 2021 et qui a été interprété oralement par Zana Mohammed dans un podcast à découvrir ci-dessous.

Rendez-vous sur Voix d’Exils la semaine du 22 Jau 28 juillet 2024 pour écouter la deuxième partie de ce podcast.

Zana Mohammed

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Texte originale :

Mon audition au SEM #1/2, un texte de Samir Sagatoglu paru dans Voix d’Exils le 21 janvier 2021




Des souvenirs à chérir

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Témoignage

Les souvenirs positifs de chez soi sont les seuls qui nous restent loin de la maison. Je suis d’origine burundaise. Arrivée ici en Suisse en 2022, j’ai commencé à écrire dans mon journal personnel pour rester connectée à mes origines.

Les conflits et les guerres nous ont obligé à quitter notre patrie, nos maisons et nos familles ; et les souvenirs qui en découlent restent gravés dans nos cœurs. Cependant, les souvenirs négatifs ont tendance à surpasser les positifs. Les scènes marquantes effraient bien plus que celles qui sont positives. Il est donc impératif d’œuvrer à la construction d’un avenir meilleur en conservant précieusement nos histoires qui nous donnent de l’espoir.

 

Des souvenirs d’enfance heureux

Bien que je n’aie pas connu la paix dans mon pays, je chéris certains souvenirs d’enfance, tandis que d’autres sont moins agréables. L’un de mes souvenirs les plus précieux est celui de mon école primaire qui se trouvait à une minute de chez moi. Cette école était l’école primaire de Ninga, avec ses arbres environnants, ses élèves qui jouent dans la cour – que l’on pouvait voir depuis le salon de ma maison – et ses jeux pour enfants. Le jeu auquel on jouait à l’époque était un jeu collectif populaire qui chez nous s’appelle « Je déclare la guerre ».

Dans ce jeu, un grand cercle est dessiné avec un cercle plus petit au centre. Chaque segment du cercle représente un pays différent, inscrit avec ses initiales. Les joueurs tirent au sort pour déterminer qui sera le premier à déclarer la guerre. L’objectif est que chaque joueur garde un pied à l’intérieur de son pays tout en étant prêt à fuir le plus loin possible lorsque le signal « déclaration de guerre » est donné. Par exemple, si la France est choisie, elle déclare la guerre à un pays de son choix, comme l’Italie, puis s’enfuit. Tous les joueurs, y compris l’Italie, s’enfuient, mais l’Italie doit rapidement revenir dans le petit cercle au centre et crier « STOP ! ». Une fois que tout le monde s’est arrêté, la France évalue la distance qui la sépare des autres joueurs et choisit celui qui est le plus proche du cercle, ce dernier est éliminé. Le jeu se poursuit ainsi, mêlant suspense et excitation pour tous les joueurs.

Je ne sais pas très bien pourquoi on jouait toujours à des jeux qui parlent de guerre. Malgré l’ignorance apparente des enfants, peut-être que cela était dû à l’absence de paix dans notre pays. Malheureusement, aujourd’hui, à cause de la guerre, mon école primaire n’est plus la même et tous ces moments qui m’y rattache encore me manquent. Ce manque est semblable à la perte d’un repère et nous ramène à la vérité de l’exil et que les choses, au fond, ne vont pas mieux. Cependant, j’apprends à m’adapter, à vivre de façon à ce que mes souvenirs positifs ne disparaissent jamais.

 

Période de deuil obligatoire

En arrivant dans un pays d’accueil, toute personne migrante, moi inclue, passe par une phase que j’ai surnommé « le deuil obligatoire ». Les personnes migrantes ont souvent une période de transition essentielle au cours de laquelle elles doivent abandonner tout ce qu’elles connaissent de leur pays. Cela implique l’apprentissage d’une nouvelle langue, l’adaptation à de nouvelles coutumes, de nouvelles techniques, de nouveaux outils inconnus, etc.

Cette adaptation à une nouvelle vie est souvent faite sans la présence de proches, d’amis et d’environnements familiers. On peut la comparer au processus de deuil qui accompagne la perte d’un être cher et à la nécessité de découvrir comment avancer malgré tout. Il s’agit donc de s’adapter à la perte, mais aussi d’aller de l’avant en gardant précieusement près de soi les souvenirs de nos proches tout en se concentrant sur la construction d’une nouvelle route pour l’avenir. Mon objectif est de préserver le plus possible les moments de joie afin de transmettre un héritage d’optimisme et de tranquillité à ma descendance.

 

Un nouvel équilibre

Pendant mon exil, j’ai découvert un sens de l’équilibre qui m’est cher aujourd’hui. Bien que mon éducation et l’absence d’espoir de paix dans mon pays m’ont inculqué une prédisposition au pessimisme, m’amenant à anticiper les crises du lendemain et à être constamment prête à affronter la guerre, mon séjour en Suisse m’a offert une nouvelle perspective. Mon temps en Suisse m’a ouvert les yeux sur une autre façon de voir le monde. Cette perspective ne se limite pas à la sécurité mais englobe également la vie publique dans un sens plus large. En particulier, j’ai noué de nouvelles relations autour d’une série de questions notamment sur le thème de la protection de l’environnement. Il s’agit d’un défi mondial qui ne fait aucune distinction entre races, religions ou groupes ethniques, et ce, quelles que soient leurs origines ou leurs croyances. Cet équilibre nouveau me permet de regarder le futur sans être prisonnière de la nostalgie d’un passé heureux.

 

Alix Kaneza

Membre de la rédaction de Voix d’Exils




Juste une rencontre

Un projet d’intégration par le partage et le dialogue

« Juste une rencontre » est un projet porté par dix étudiantes qui achèvent bientôt leur formation en travail social à l’Ecole Supérieure Sociale Intercantonale de Lausanne (l’ESSIL). Elles ont décidé de rencontrer des personnes migrantes en leur offrant une opportunité de partage autour d’un verre de l’amitié au bar « Le Bout du Monde » à Vevey le 24 avril dernier. Voix d’Exils était invité à participer à cet événement charmant.

Dans un monde marqué par les mouvements massifs de populations et les défis de l’intégration qui les accompagnent, l’association « Juste Une Rencontre » se distingue par sa vision inclusive et son engagement en faveur de la diversité culturelle. Réunissant dix étudiantes en travail social de l’ESSIL, cette initiative reflète une réponse créative et proactive à la question pressante de l’intégration des personnes migrantes en Suisse.

Une rencontre pour déconstruire les préjugés

Dès le départ, le projet se positionne comme un lien entre la société et les personnes migrantes en abordant une question essentielle : comment déconstruire les idées reçues et favoriser la reconnaissance de l’identité spécifique des personnes migrantes, tout en promouvant la cohésion sociale et l’interculturalité ? La réponse claire fut très rapidement identifiée : le partage, le dialogue et la célébration de la diversité.

La nourriture et la musique comme langages universels

Convaincues que la nourriture et la musique sont des langages universels, les membres de « Juste Une Rencontre » ont organisé une rencontre conviviale au bar « Le Bout du Monde » à Vevey. Cette soirée a été l’occasion pour les résidents et résidentes des foyers de l’Etablissement Vaudois d’Accueil des Migrants de Vevey et d’autres associations de se retrouver autour d’un repas préparé par des personnes migrantes. Le but était donc de mettre en valeur les saveurs et les traditions culinaires de différentes cultures. 

Au-delà de la convivialité, la rencontre a également eu une dimension militante. Face au climat parfois hostile aux personnes migrants, les membres du collectif « Juste Une Rencontre » ont exprimé un message fort contre toutes formes de racisme et de discriminations. Dans les discours prononcés lors de cet événement, des étudiant.e.s ont pris la parole pour exprimer un message fort contre le racisme et les préjugés. Selon le collectif, l’initiative avait aussi comme objectif de « faire face à un climat trop hostile à l’encontre de celles et ceux qui ont dû tout quitter, notamment à cause de fausses représentations véhiculées par les idées de droite et d’extrême droite à travers les médias ».  En soulignant la richesse des différentes cultures et en encourageant un dialogue ouvert et respectueux, l’association a fait un pas concret vers la cohésion sociale et l’inclusion.

Un monde où les différences sont célébrées

« Juste Une Rencontre » incarne donc l’espoir d’un monde où les différences sont célébrées et où chacun et chacune trouve sa place dans une société multiculturelle et solidaire. Par des initiatives simples mais significatives, ces étudiantes ont montré qu’il est possible de construire des liens entre les personnes indépendamment de leurs origines ou de leurs parcours.

Alix Kaneza

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils