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Pourquoi vivons-nous ?

Source: unsplash.com. Licence Unsplash.

Quel est le sens de l’existence ?

Devant ces questions vertigineuses, chaque humain se transforme en philosophe et cherche une réponse satisfaisant son cœur.

Je veux savoir pourquoi nous sommes en vie… Nous souffrons tout le temps, peu importe à quel point la vie est belle.  Parfois, nous voyons les souffrances des autres, tout en ressentant notre impuissance. Et parfois aussi nous les ignorons.            

Quel est le but de ma vie ? Où est la réponse ? Je n’en sais rien.                           

Quel sens donner à tout cela? Lorsque nous sommes enfants, nous faisons nos études et nous nous faisons des amis.  Nous grandissons. Parfois, nous sommes intimidés et parfois nous intimidons les autres. Nous recevons de l’amour et nous donnons de l’amour. Nous sommes détestés et nous détestons. Nous travaillons dur pour gagner de l’argent que nous dépensons pour nous-mêmes ou nos familles pour des choses qui nous rendent heureux.       

Nous recherchons tous le pouvoir. Nous ressentons le besoin d’obtenir tout ce que nous pensons mériter ou même plus que cela.

Nous recherchons l’acceptation des autres, même si nous disons que nous ne nous en soucions pas. Nous avons tous besoin d’une validation. Parfois, nous nous sentons inspirés, parfois nous nous sentons peu sûrs de nous.

Malgré cela, nous ne sommes jamais satisfaits.                                 

Quelle est la raison de tout cela? À la fin, nous allons mourir.                            

Pourtant, la vie est un privilège. Nous avons tous reçu un cadeau temporaire.

Nous pouvons admirer le coucher du soleil, écouter une musique merveilleuse, manger des plats délicieux, sentir la brise d’une chaude journée d’été ou le froid d’une nuit d’hiver ; nous pouvons avoir des conversations significatives et approfondies avec ceux que nous aimons.                                                                                                 

C’est pour cela que nous vivons.                                                                         

Tigisti Gebrezghi

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




«Sans parité il n’y a pas de démocratie»

Martha Campo, en premier plan à droite sur la photo.

Une intervention de Martha Campo

Notre rédactrice Martha Campo s’est rendue dernièrement à Saint-Domingue, en République dominicaine, pour participer à la rencontre de l’Internationale socialiste pour l’Amérique latine et Caraïbes du 26 mars dont le thème était « démocratie et participation politique ». Voici sa contribution.

« La conquête de la citoyenneté des femmes dans de nombreux pays du monde, et avec elle le droit de voter et d’être élues à des postes de représentation populaire, a été le fruit d’une lutte ardue et prolongée. Et cela a constitué un élément central de la vie démocratique des pays, en intégrant dans l’égalité politique la participation des hommes et des femmes à la vie institutionnelle de la nation.

Dans de nombreux pays, les droits politiques des femmes sont historiquement récents et leur exercice n’a pas été aisé; notamment quand il s’agit d’accéder aux espaces de décisions et de pouvoir. Lorsque les femmes parviennent à la conquête de la citoyenneté, elles sont progressivement intégrées dans tous les domaines de travail du pays, et c’est le fait de maintenir les femmes en dehors des gouvernements qui est une injustice et qui va à l’encontre du progrès d’une nation.

Les femmes ont réussi à surmonter des résistances et des obstacles malgré une culture patriarcale profondément enracinée et des « plafonds de verre » qui les empêchaient d’être reconnues et promues.

Elles ont persisté dans la recherche de l’égalité et de meilleures opportunités pour surmonter les défis, les préjugés et la marginalisation, les habitudes et pratiques exclusives qui persistent malheureusement et qui leur empêchent une promotion légitime.

Bien que les femmes aient accompli de grandes réalisations, il faut tenir compte du fait que ces avancées importantes n’ont pas réussi à améliorer la condition des femmes comme prévu. Cela trace à peine le chemin et les défis à relever pour surmonter les discriminations et les relations hiérarchiques inégales de pouvoir dans les sphères privée et publique et accroître leur participation à toutes les tâches de développement national.

Nous devons être conscient.e.s que la lutte pour le respect et l’exercice des droits humains des femmes ne s’est pas arrêtée avec le suffrage et l’égalité juridique dans les constitutions. Elle doit continuer jusqu’à ce que l’égalité soit atteinte dans tous les domaines.

Il ne faut pas se taire pour dénoncer les situations de marginalisation des postes de décision, qui impliquent l’exercice de la puissance publique et d’importantes questions d’intérêt collectif, issues de la culture patriarcale et des stéréotypes de genre profondément enracinés, qui génèrent des relations asymétriques de pouvoir entre femmes et hommes ».

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils




Shaima

Arrachée à la vie par une bombe aveugle

Avez-vous entendu parler de Shaima de la ville de Gaza ?  C’est une femme de 20 ans qui a la beauté du soleil de minuit. Je ne l’ai jamais rencontrée. C’est aussi une femme qui se préparait pour le jour de son mariage qui a été retardé par des bombardements…

Je sais très bien à quoi ressemble une mariée avant son mariage: elle collectionne les roses, flirte avec les oiseaux, choisit des vêtements et boit du café le matin dans des airs de musique. Je suis très bien placé pour le savoir car ma fille se prépare également pour le jour de son mariage et, dans tous ses mouvements, je vois Shaima.

Savez-vous ce qui est arrivé à ce visage d’ange le 16 mai 2021 ? Soit quelques semaines avant son mariage ? Quelques jours avant qu’elle n’obtienne son diplôme en médecine dentaire ? Quelques heures après avoir choisi sa robe blanche de mariée ?

Elle a été écrasée par une bombe larguée sur sa maison par un F-16 ou un F-35.

Je sais qui fabrique ces avions et à qui on les a donnés en cadeau pour tuer Shaima. Son beau fiancé a creusé avec ses ongles pendant deux jours consécutifs, il ne pouvait pas croire qu’elle était partie… Il disait à celles et ceux qui étaient venus l’aider quand ils s’arrêtaient un instant parce qu’ils étaient fatigués : « Shaima m’a promis qu’elle ne me quitterait jamais. Ne vous arrêtez pas : elle doit avoir peur sous les décombres ». Mais, au bout de deux jours, il découvrit une touffe de cheveux maculée de sang. Alors, il essuya la poussière du visage lumineux de son aimée.  Il ne savait peut-être pas qu’elle le voyait, qu’elle entendait ses gémissements et à quel point elle était heureuse qu’il ait passé deux nuits à sa recherche, à soulever les décombres recouverts de poudre à canon… Moi, je le sais.

Ces beaux yeux de Gaza ne me quittent pas chaque fois que je regarde dans les yeux de ma fille. Shaima n’a pas pris sa part de cette vie et son seul péché est qu’elle est la fille d’un peuple opprimé depuis plus de soixante-dix ans.

Wael Afana

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 

Pour aller en savoir plus sur l’histoire tragique de Shaima:

Vidéo accessible ici.

 




Quand la seule option est d’être fort

 

Même les expériences les plus difficiles peuvent être surmontées

Parfois, les étapes de notre vie sont difficiles. Nous traversons des moments ou des situations que nous ne voulons vraiment pas traverser, des expériences que nous ne voulons pas vivre, des moments de douleur et d’angoisse, des moments de déracinement, de deuil, de peur ou de colère. Toutes ces situations que n’importe quelle personne disposant d’un jugement sain souhaiterait vraiment éviter.

Mais ces moments sont là: ils font partie de la vie de beaucoup de gens, de différentes manières, mais ils sont là.

Sous l’angle plus précis de la migration, il y a des moments très durs et difficiles que nous qui avons dû fuir nos pays devons affronter. Je peux en énumérer certains que j’ai dû vivre comme le décès de ma petite-fille, l’abandon de nos proches, le déracinement familial, culturel, social, politique, avec le lâcher prise de la réalité de qui nous sommes, de ce que nous avons construit, de nos avancées, de ce que chaque jour de notre vie nous considérons comme notre bien-être, la construction d’un projet de vie qui nous garantirait une stabilité future. Cette dure expérience, je l’ai faite à l’âge de 45 ans après un parcours familial et professionnel organisé et réussi.

Nous pouvons nommer un grand nombre de situations tristes et tragiques vécues bien avant que chacun ne prenne la décision de fuir son pays, et la profondeur de la douleur et des dommages que ces situations causent en chacun de nous, mais surtout ce dont je veux parler c’est de résilience: cette capacité que nous avons toutes et tous à construire une nouvelle vie, à apprendre et à surmonter les douleurs du passé.

Ces situations passées ne sont jamais oubliées; mais peut-être que ça fait un peu moins mal, ou peut-être apprenons-nous à cacher la douleur, ou peut-être encore apprenons-nous chaque jour à contrôler nos émotions. Et cela signifie être plus forts que nos propres peurs ou angoisses, c’est être plus forts que la solitude, que le déracinement, que l’abandon, c’est être plus forts que les traumatismes psychiques, c’est être plus forts que les cauchemars ou même les souvenirs, c’est tenir tête à soi-même, à sa faiblesse.

Et c’est là que nous trouvons notre résilience, qui est la capacité d’une personne à surmonter des circonstances traumatisantes, et cela ne peut être réalisé qu’avec la seule option que nous ayons: être forts.

Martha Campo

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




Tu as osé

A toi ma sœur

Quand tu as décidé de ne pas te taire face à l’injustice, tu as osé.

Quand tu as décidé de ne plus écouter celui qui t’a blessée avec ses paroles, celui qui n’a pas reconnu ta valeur et t’a fait douter de qui tu étais, tu as osé.

Tu as osé, quand tu as décidé de rompre ton silence et de dénoncer celui qui avait abusé sexuellement de toi.

Tu as osé, quand tu as décidé de dénoncer celui qui te frappait au visage, celui qui détruisait ton estime de toi-même.

Quand tu as décidé de dénoncer le patron qui t’a exploitée au travail, tu as osé.

Quand tu as décidé de rompre avec les règles et les traditions qui t’étaient imposées et avec lesquelles tu n’étais pas d’accord, quand tu as commencé à vivre ta propre vie, celle dans laquelle tu pouvais te sentir en sécurité, complètement heureuse, tu as osé.

Oui, tu as osé, quand ils se moquaient de toi, quand ils t’humiliaient, quand ils te disaient que ce qui était à toi ne valait rien, que ce que tu faisais ne servait à rien, quand ils te disaient que tu n’étais rien et que tu n’arriverais à rien. Quand tu as décidé de croire en toi et que tu as continué, ignorant les bruits qui voulaient te distraire, quand tu as décidé de croire en toi, seulement en toi. Oui, tu as osé.

Oui, tu as osé quand, malgré le fait que le monde se refermait sur toi, et que tu ne trouvais pas d’issue, et que les tôles étaient lourdes, et que les portes avaient de gros verrous, tu t’es levée et tu as décidé de te mettre à marcher, quand tu as commencé à détruire les murs qui t’environnaient et à ouvrir les serrures avec les clés magiques que tu as trouvées à l’intérieur de toi.

Tu as osé quand, malgré la peur, tu as décidé d’avancer ; quand, malgré la peur, tu as décidé de te battre pour tes droits, pour ton bien-être, pour tes rêves, pour tes objectifs ; quand, avec peut-être des larmes qui battaient ton âme comme un fleuve furieux, avec des difficultés, des obstacles, et en brisant des barrières, tu as décidé de continuer ton chemin, en te créant un nouveau monde, en construisant de tes mains l’espace où tu voulais vivre, en développant ce que tu aimais faire.

Je te le dis, tu as été la plus audacieuse.

Martha Campo

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils