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Silence on tue!

 

Fausse creusée le lendemain du massacre du 3 mai 2016. Photo: Yasmin Kumbi, journaliste Radio pour Kivu 1 à Béni, RDC Congo.

Fosse creusée le lendemain du massacre du 3 mai 2016. Photo: Yasmin Kumbi, journaliste Radio pour Kivu 1 à Béni, RDC Congo.

Des civils sont massacrés à coups de machette et de hache dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) depuis début mai. Bien qu’informés des événements en cours, tant les autorités congolaises que la mission de l’ONU présente sur place s’abstiennent d’intervenir. Côté médias européens, on est proche du silence radio.

La ville de Béni, dans la province du Nord-Kivu, riche en minerais (or, cobalt, coltan) subit, depuis 2014, des invasions et des pillages récurrents perpétrés par les rebelles Rwandais et Ougandais. Mais, après une période d’accalmie, les violences ont repris de plus belle en mai 2016.

Le bain de sang de Luna Mutshunge

Dans la soirée du mardi 3 mai, une attaque a visé le village de Luna Mutshunge, situé à une soixantaine de kilomètre de Béni. Des civils de Béni ont pu prendre des photos du carnage quelques heures après les faits qui ont été transmises au centre de recherche des droits de l’homme (CRDH).

Yasmin Kumbi, un journaliste Radio pour Kivu 1 à Béni, qui a pu se rendre sur place très tôt mercredi matin au lendemain de l’attaque, témoigne de la scène d’horreur qu’il a découvert et qui a coûté la vie à 50 ou 80 personnes selon lui.

 « Je suis habitué de la couverture de ces attaques depuis 2014, mais je dois avouer que j’ai découvert un véritable carnage en arrivant dans ce hameau. Ce qui m’a particulièrement choqué, c’est que la plupart des victimes étaient des femmes et des enfants ».

Amisi Kalonda, administrateur du territoire de Béni, a quant à lui observé « des corps sans vie, tués à la machette ou à la hache, certains égorgés jusque dans leurs maisons ». Il accuse les rebelles Ougandais de ADF-NALU d’être « les responsables de ce crime abominable ».

Inaction des forces armées congolaises et onusiennes ?

Ce qui reste surprenant, selon Teddy Kataliko, représentant de la société civile de Béni, c’est le fait que ces massacres ont eu lieu à environ 300 mètres d’un camp des forces armées congolaises (FARDC), et à environ 500 mètres du camp de la Mission de l’organisation des Nations Unies au Congo (Monusco). De ce fait, il demande l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire pour tirer au clair les raisons de l’inaction et les responsabilités de la FARDC et de la Monusco.

La coordination des sociétés civiles des territoires de Béni, Butembo et Lubero au Nord-Kivu, a adressé le 14 mai une lettre ouverte au Président de la République, M. Joseph Kabila. Elle demande au chef de l’Etat d’assumer ses responsabilités de chef suprême des armées afin de faire cesser immédiatement les crimes visant les civils de cette province de l’Est de la RDC qu’elle dénombre, durant l’année et demie écoulée, à « 1116 personnes massacrées, 1470 personnes kidnappées et plus de 100 maisons incendiées ». Elle exige que des enquêtes soient diligentées sur les récents massacres et qu’une évaluation des opérations de lutte contre les groupes armés qui sévissent dans la région soit faite.

Dina N.

Membre de la rédaction Neuchâteloise de Voix d’Exils

Infos :

Une marche pour dénoncer ces événements a eu lieu le samedi 21 mai 2016 à Paris et une « Grande marche de la vraie justice pour le Congo est prévue le samedi 28 mai à Bruxelles ».

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Voix d’Exils évolue

Affiche pour le lancement du nouveau site d'information de Voix d'Exils. Auteurs: Senad et Moaz, Voix d'Exils

Affiche pour le lancement du nouveau site d’information de Voix d’Exils. Auteurs: Senad et Moaz, Voix d’Exils.

Voix d’Exils fait peau neuve et se transforme en site d’information.

Vous étiez abonné à la lettre de nouvelles de notre ancien blog. Nous venons de vous réabonner à la liste de diffusion de notre nouveau site d’information. Retour sur cette métamorphose qui s’est opérée à la fin de l’année passée.

Après cinq années d’existence numérique et plus de 400 articles publiés, Voix d’Exils se dote d’une nouvelle plateforme web media réalisée sur base WordPress par Senad Toska, ancien rédacteur vaudois, sous la supervision de Christian Vago, Coordinateur de programme. Avec ce portail, le blog se mue en site d’information. Voix d’Exils ambitionne ainsi d’augmenter sa visibilité sur Internet, de mettre en valeur l’ensemble des articles publiés à ce jour, de développer ses publications multimédias et multilingues ainsi que d’élargir son public.

Afin de célébrer dignement la mise en activité de sa nouvelle plateforme média, Voix d’Exils a organisé une conférence de presse à Neuchâtel le 22.10.2015 et un vernissage à Lausanne le 03.11.2015. Ces deux événements ont été organisés grâce au soutien du Service des migrations de Neuchâtel et de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants.

Nous vous remercions pour votre fidélité et nous nous réjouissons de vous retrouver sur notre nouveau site d’information.

Votre dévoué,

www.voixdexils.ch

Nouveau logo de Voix d'Exils. Réalisation: Senad Toska et Omar Odermatt.

Nouveau logo de Voix d’Exils. Réalisation: Senad Toska & Omar Odermatt.

 

Retour sur la conférence de presse de Neuchâtel

Le 22 octobre 2015, la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils a organisé dans ses locaux, sis dans le quartier de Vauseyon en ville de Neuchâtel, une conférence de presse pour l’inauguration du nouveau site Internet de Voix d’Exils. Les journalistes de la télévision régionale Canal Alpha ainsi que le principal média du Canton – l’Express – ont répondu positivement à notre invitation.

Les principaux objectifs de Voix d’Exils ainsi que les résultats des travaux réalisés sur le site Internet ont été présentés par Omar Odermatt, coordinateur du projet au niveau romand et Keerthigan Sivakumar, ancien rédacteur vaudois et auteur du film « Voix d’Exils, un autre regard sur l’asile en Suisse » qui a été projeté à cette occasion.

La conférence de presse a aussi été l’occasion pour les rédacteurs et rédactrices requérant-e-s d’asile de s’exprimer sur leur vécu et sur l’importance de ce programme pour le développement de leurs compétences transversales que l’on peut définir comme des compétences comportementales informelles (des attitudes, des savoir-être) transférables dans différents domaine d’activité professionnels nécessaires à une intégration réussie.

Un extrait de film sur les persécutions subies par une rédactrice neuchâteloise d’origine congolaise, à cause de son métier de journaliste, a conclu de manière poignante les témoignages et présentations.

La rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

 

Nouveau logo diminutif de Voix d'Exils. Auteurs: Senad Toska & Omar Odermatt.

Nouveau logo diminutif de Voix d’Exils. Auteurs: Senad Toska & Omar Odermatt.

 

Compte rendu multimédia du vernissage de Lausanne

Le vernissage du nouveau site, qui s’est déroulé le 3 novembre à Lausanne, comprenait également la présentation des programmes vélo et cuisine de l’EVAM, ce qui a donné lieu à une collaboration inédite entre ces trois programmes d’activité. L’événement s’est tenu dans l’atelier mécanique du programme vélo, sis à la Maison du vélo, qui a été transformée, pour l’occasion, en espace d’exposition éphémère.

Plusieurs intervenants et intervenantes se sont succédés. Une première partie introductive a été animée par M. Erich Dürst, Directeur de l’EVAM, qui a introduit la problématique de l’intégration des requérants d’asile; puis Mme Evi Kassimidis, Chargée de communication, a exposé les programmes d’activités de l’EVAM. Une seconde partie, consacrée plus spécifiquement au programme intercantonal a été animée par Omar Odermatt, responsable de la rédaction, qui a principalement évoqué les nouveautés du site Internet; tandis que Keethigan Sivakumar, Rama Kouria et Avin Anes, membres des rédactions vaudoises et neuchâteloises, ont partagé leurs visions et expériences de Voix d’Exils. S’en est suivi un buffet gargantuesque concocté par le Programme d’activité cuisine qui a régalé toute la galerie.

Quelques jours après le vernissage Issa, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, a réalisé un sujet radiophonique sur les ondes de notre partenaire Radio Django qui met en exergue les temps forts de l’événement.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Images du vernissage à Lausanne

Réalisation: Mariana Nanzer

Omar Odermatt présente le nouveau site d'information.

Omar Odermatt présente le nouveau site d’information. Auteure: Mariana Nanzer.

Omar Odermatt, responsable de la rédaction. Auteure: mariana Nanzer

Omar Odermatt. Auteure: mariana Nanzer

Keerthigan Sivakumar & Omar Odermatt. Auteure: Mariana Nanzer.

Keerthigan Sivakumar explique son expérience à Voix d’Exils. Auteure: Mariana Nanzer.

Rama Kouria évoque les projets qu'elle a mené à Voix d'Exils. Auteure: Mariana Nanzer.

Rama Kouria évoque les projets qu’elle a mené à Voix d’Exils. Auteure: Mariana Nanzer.

Le public est attentif. Auteure: Mariana Nanzer.

Le public est attentif. Auteure: Mariana Nanzer.

Deux participants du PA cuisine. Auteure: Mariana Nanzer.

Deux participants du Programme d’activité cuisine. Auteure: Mariana Nanzer.

Deux participants du Programme d'activité cuisine. Auteure: Mariana Nanzer.

Deux participants du Programme d’activité cuisine. Auteure: Mariana Nanzer.

Portrait d'un participant du Programme Cuisine de l'EVAM.

Portrait d’un participant du Programme d’activité Cuisine de l’EVAM. Auteure: Mariana Nanzer.

Portrait d'un participant du Programme Cuisine de l'EVAM.

Portrait d’une participante du Programme Cuisine de l’EVAM. Auteure: Mariana Nanzer.

Un membre du Programme d'activité Cuisine de l'EVAM. Auteure: Mariana Nanzer

Un membre du Programme d’activité Cuisine de l’EVAM. Auteure: Mariana Nanzer.

Portrait d'un participant du Programme Cuisine de l'EVAM.

Portrait d’un participant du Programme d’activité Cuisine de l’EVAM. Auteure: Mariana Nanzer.

Photo des organisateurs et organisatrices du vernissage et de la conférence de presse. Auteure: Mariana Nanzer.

Une partie des organisateurs et organisatrices du vernissage et de la conférence de presse. Auteure: Mariana Nanzer.

 

Infos

Couverture médiatique de la conférence de presse et du vernissage de Voix d’Exils :

Sujet réalisé par Canal Alpha

Article paru dans l’Express le 23.10.2015

Article paru dans l’Evénement syndical le 11.11.2015

Émission de Radio Django réalisée le 20.11.2015




Bouche ouverte et oreilles fermées

"Les cris de la mort en Syrie" par Eissa Mousa. peintre Syrien.

« Les cris de la mort en Syrie » par Eissa Mousa. peintre Syrien.

Au début, elle augmenta le volume de la télévision de façon à ce que son enfant ne puisse pas entendre les coups de feu et les explosifs à l’extérieur. Elle entraîna son enfant à fermer son nez et à arrêter de respirer quand passaient les tas d’ordures par leur quartier. Quand il y avait des scènes de torture, elle attira son attention sur des zones lointaines dans la direction opposée en lui disant « regarde, il y a des balançoires là-bas».

Quand  les coups de feu se rapprochèrent d’eux, elle serra son enfant dans ses bras en entourant ses oreilles avec ses mains. Quand la maison de leurs voisins fut détruite et leur chair se répandit partout, elle couvrit les yeux de son enfant avec ses mains. Au moment où elle prit son enfant en dehors des ruines, ses yeux, ses oreilles, son nez, sa bouche, ses mains étaient ouverts, de sorte à ce qu’elle n’eut plus besoin de les fermer à nouveau. Elle ouvrit alors la bouche et fit un cri si fort que le monde entier l’entendit. Mais il fut si perçant que l’humanité dut fermer à son tour ses oreilles.

Ibrahim Rami

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils




Mon mari

Avin Anes et son mari. Photo: rédaction neuchâteloise de Voix d'Exils

Avin Anes et son mari. Photo: rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils.

Portrait d’un homme gentil

Mon mari et moi, nous nous sommes rencontrés il y a 10 ans et nous avons vécus des jours doux et rudes ensemble, dans la partie kurde de la Syrie.

Nous avons eu trois enfants et nous étions ensemble pour tous les moments de notre vie.

Avin Anes et son mari. Photo: la rédaction neuchâteloise de Voix d'Exils

Avin Anes et son mari. Photo: la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

Mon mari est caractérisé par l’honnêteté, la franchise et par son écoute, il a toujours des mots gentils pour moi.

Il arrive parfaitement à diviser son temps entre son travail, ses obligations envers les enfants et pour moi également. Il me dit toujours que les femmes ne sont pas les seules responsables de la famille.

Il est logique dans ses exigences et il m’aide beaucoup à la maison. Il est sincère, il écoute et sait résoudre les problèmes conjugaux.

Donc, nous étions toujours ensemble et très unis, même en période de crise, quand nous avons perdu notre fils de 7 ans pendant la guerre. Nous avons dû quitter notre maison et notre ville et partir pour vivre dans un nouveau pays.

Alors même qu’il y a des différences de vues entre nous, nous nous comprenons et nous acceptons les idées de l’autre. Nous trouvons toujours des solutions par le débat et le dialogue.

Notre désir maintenant est de continuer de vivre ensemble, de retrouver une vie tranquille et une stabilité après les importantes perturbations que nous avons subies suite aux pressions de la guerre.

Avin Anes

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

 




«Je voulais montrer qu’un réfugié a le potentiel pour apprendre une langue étrangère, travailler et s’intégrer »

Neuchâtelroule

Photo: Rédaction neuchâteloise du Voix d’Exils – Neuchâtelroule! Soutenez cette action!

Originaire de Syrie, Yamen a travaillé pendant 6 mois dans le Programme d’insertion Neuchâtelroule, qui propose un service de location et de réparation de vélos à destination de la population locale et des touristes de passage. Cette expérience de type professionnel a permis à Yamen de faire des rencontres, de progresser dans son apprentissage de la langue française et de démontrer sa détermination à s’intégrer. Témoignage.

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Photo: Rédaction neuchâteloise

« Tout d’abord, j’ai été confronté à la difficulté d’apprendre les noms des différentes parties constituant une bicyclette, qui ont des noms différents dans mon pays d’origine, la Syrie, où l’arabe est dominant. Cependant, j’ai appris ces nouveaux mots pas à pas.

La communication avec les gens de différentes nationalités faisait partie intégrante de mon travail. C’était un grand défi pour quelqu’un qui parle seulement l’arabe et un peu de français. Ayant un vocabulaire français insuffisant, j’ai recouru au langage du corps pour expliquer certaines choses, mais ce n’était pas suffisant pour communiquer avec ceux qui ne parlaient pas le français ou quand il y avait besoin de quelqu’un qui parle l’allemand. Ces défis ont renforcé ma détermination à apprendre le français et à exploiter les opportunités de communiquer avec les ressortissants de différents pays.

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Photo: Rédaction neuchâteloise

J’ai trouvé que les Suisses ont une attitude très positive envers les demandeurs d’asile qui travaillent, et cela m’a motivé pour progresser encore. En essayant de prouver mes compétences professionnelles, à raison des dix jours de travail mensuels prévus par le Programme, j’envoyais des messages au Service neuchâtelois des Migrations pour leur faire comprendre qu’un demandeur d’asile a le potentiel pour apprendre une langue étrangère, travailler et s’intégrer. Mais il a besoin de soutien lorsqu’il arrive dans un pays étranger.

En revanche, sa vie et son équilibre psychologique peuvent se détériorer s’il n’a pas la possibilité d’apprendre la langue du pays d’accueil ou s’il reste isolé et sans travail.

En résumé, je dirai que c’était une expérience positive, vécue par un réfugié en Suisse, importante pour apprendre la langue et rencontrer des gens. »

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Photo: Rédaction neuchâteloise

Yamen Shanan, membre de la rédaction Neuchâteloise de Voix d’Exils.