1

Tu as osé

A toi ma sœur

Quand tu as décidé de ne pas te taire face à l’injustice, tu as osé.

Quand tu as décidé de ne plus écouter celui qui t’a blessée avec ses paroles, celui qui n’a pas reconnu ta valeur et t’a fait douter de qui tu étais, tu as osé.

Tu as osé, quand tu as décidé de rompre ton silence et de dénoncer celui qui avait abusé sexuellement de toi.

Tu as osé, quand tu as décidé de dénoncer celui qui te frappait au visage, celui qui détruisait ton estime de toi-même.

Quand tu as décidé de dénoncer le patron qui t’a exploitée au travail, tu as osé.

Quand tu as décidé de rompre avec les règles et les traditions qui t’étaient imposées et avec lesquelles tu n’étais pas d’accord, quand tu as commencé à vivre ta propre vie, celle dans laquelle tu pouvais te sentir en sécurité, complètement heureuse, tu as osé.

Oui, tu as osé, quand ils se moquaient de toi, quand ils t’humiliaient, quand ils te disaient que ce qui était à toi ne valait rien, que ce que tu faisais ne servait à rien, quand ils te disaient que tu n’étais rien et que tu n’arriverais à rien. Quand tu as décidé de croire en toi et que tu as continué, ignorant les bruits qui voulaient te distraire, quand tu as décidé de croire en toi, seulement en toi. Oui, tu as osé.

Oui, tu as osé quand, malgré le fait que le monde se refermait sur toi, et que tu ne trouvais pas d’issue, et que les tôles étaient lourdes, et que les portes avaient de gros verrous, tu t’es levée et tu as décidé de te mettre à marcher, quand tu as commencé à détruire les murs qui t’environnaient et à ouvrir les serrures avec les clés magiques que tu as trouvées à l’intérieur de toi.

Tu as osé quand, malgré la peur, tu as décidé d’avancer ; quand, malgré la peur, tu as décidé de te battre pour tes droits, pour ton bien-être, pour tes rêves, pour tes objectifs ; quand, avec peut-être des larmes qui battaient ton âme comme un fleuve furieux, avec des difficultés, des obstacles, et en brisant des barrières, tu as décidé de continuer ton chemin, en te créant un nouveau monde, en construisant de tes mains l’espace où tu voulais vivre, en développant ce que tu aimais faire.

Je te le dis, tu as été la plus audacieuse.

Martha Campo

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils