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Satori #6

Requiem NO Satori

Entièrement imaginé et dessiné par notre rédacteur Ezio Leet, le premier roman graphique de Voix d’Exils retrace les aventures de Satori, un jeune homme qui a été contraint de quitter sa famille et son pays afin de rejoindre le « West-World ». Satori #6 est l’épisode final des aventures de Satori.

Après avoir précipitamment quitté le South-World (épisode 0), Satori arrive dans le West-World : un monde à la fois étrange et fascinant (épisode 1). Alors que les remords et le manque de sa famille habitent ses cauchemars (épisode 2), la réalité du West-World le rattrape et le pousse à faire face aux contraintes de sa nouvelle vie. Ainsi, au centre d’enregistrement il se voit confronté à une longue et épuisante audition pour expliquer ce pourquoi il est venu au West-World (épisode 3) avant de se plonger dans les profondeurs de ses souvenirs d’enfance (épisode 4). Il entame sa procédure d’asile dans le West-World et est transféré du centre d’enregistrement à un foyer sous-terrain (épisode 5).




« Les racines » ou la nostalgie du pays natal

Kristine Kostava / Voix d’Exils

Un film culte du cinéma géorgien

A travers la trajectoire de Georgi, un jeune Géorgien qui quitte sa terre pour échapper à la misère, le film « Les racines » raconte avec beaucoup de finesse la nostalgie du pays natal ressentie par les émigrés. La première fois que je l’ai vu, j’avais huit ans et il m’a fait beaucoup pleurer. Par la suite, je l’ai revu à plusieurs reprises, toujours avec émotion. C’est pourquoi, je souhaite partager avec les lectrices et lecteurs de Voix d’Exils ce chef d’œuvre qui a joué un grand rôle dans l’amour que je porte à mon pays, la Géorgie.

A sa sortie, en 1987, le film « Les racines », tourné par le grand réalisateur Guguli Mgeladze, a connu un énorme succès populaire. Il a aussi récolté de très bonnes critiques et il est resté depuis un film de référence pour les Géorgiennes et les Géorgiens dont beaucoup vivent en exil.

« Les racines » raconte l’histoire de Georgi Zaqariadze. Orphelin de père, il se voit contraint à l’émigration et laisse derrière lui sa mère, son petit frère et sa petite sœur. La famille vit dans la misère et Georgi espère trouver du travail en France pour pouvoir leur envoyer de l’argent. Son départ coïncide avec le début de la Première Guerre mondiale et la fermeture des frontières. Grâce aux quelques notions de langue française apprises à l’école, le jeune homme obtient de se faire engager comme homme à tout faire sur un navire français. A bord, il se lie d’amitié avec Henry, un jeune matelot de nationalité française.

Chauffeur de taxi à Paris

Georgi va passer trois ans à bord du navire avec l’espoir d’atteindre la côte de la mer Noire, qui borde son pays natal. Malheureusement, il contracte une fièvre tropicale et il est débarqué sur la côte marseillaise. Affamé, il arpente les rues et rencontre un riche homme d’affaires qui lui propose une jolie somme d’argent s’il le ramène à son domicile en le portant sur ses épaules. Malgré la faim, Georgi refuse cette proposition humiliante et lui répond fièrement: « Vous vous trompez Monsieur, je ne suis pas un mendiant ! »

Le jeune homme vivote tant bien que mal lorsque, quelques mois plus tard, il rencontre Henry, le matelot, qui cherche aussi du travail. Pour gagner un peu d’argent, les deux amis décident de fabriquer de la crème aigre selon une recette traditionnelle géorgienne et de la vendre dans la rue. Le propriétaire d’un restaurant, qui apprécie les produits géorgiens, leur offre une jolie somme d’argent en échange de la recette.

Les deux amis vont pouvoir réaliser leur rêve : s’acheter une voiture et monter à Paris pour y exercer le métier de chauffeur de taxi. C’est dans ce taxi que Georgi va faire connaissance avec Madeleine, une charmante cliente française, qui deviendra sa femme. De leur union, naîtront deux garçons, dont un mourra en soldat lors de la Seconde Guerre mondiale.

L’importance des racines

La vie en France est difficile, et avec les années qui passent, Georgi a la nostalgie de son pays natal. Heureusement, il a un petit-fils qu’il adore et à qui il transmet la langue, les traditions et l’histoire géorgienne. La femme de Georgi, qui souhaite voir son mari heureux, décide alors de tout vendre en France et de déménager en Géorgie avec toute la famille. Mais il est très difficile d’obtenir des visas et le voyage tant espéré est retardé.

Georgi, qui désespère de revoir son pays natal, fait un terrible accident vasculaire cérébral et oublie toutes les langues qu’il a apprises, sauf sa langue maternelle. Dorénavant, seul son petit-fils, qui a une vingtaine d’années, peut comprendre ce qu’il dit. Quand Georgi sent la mort approcher, il l’appelle et lui dit: « Souviens-toi, la taille de l’arbre ne se mesure pas depuis le sol, elle se mesure depuis les racines !» Puis, il confie à ce petit-fils, qu’il chérit par-dessus tout, la mission d’aller en Géorgie pour disperser ses cendres sur la terre du cimetière de son village d’origine. Ensuite, le vieil homme pose sur son cœur une poignée de terre géorgienne qu’il avait emportée avec lui lors de son exil, et meurt.

Le jeune homme, qui s’appelle aussi Georgi, décide d’exaucer le dernier souhait de son grand-père. Il emporte ses cendres en Géorgie, en se disant qu’après tant d’années personne ne se souviendra de son aïeul. Mais la nouvelle de sa venue se répand et, à sa grande surprise, les villageois l’accueillent à son arrivée à la gare. Tout le monde s’embrasse sous la pluie. Le film se termine sur ces images de joie populaire.

« Les racines » démontre que pour les Géorgiennes et les Géorgiens, la priorité est leur pays et tout ce qui se rattache à leur patrie. On ne peut pas être considéré comme Géorgien si l’on oublie la langue, l’histoire, la culture, la religion qui définissent notre identité. Malgré les grandes épreuves et la vie difficile au pays, les Géorgiennes et Géorgiens en exil n’oublient jamais leurs racines natales!

Kristine Kostava

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Pour aller plus loin:

Lien pour visionner le film sur Youtube : ფესვები [Full Movie] 1987

 

 

 




Flash infos #79

Migrant.e.s haïtiens refoulés de manière inhumaine par les USA. Kristine Kostava / Voix d’Exils

Sous la loupe: refoulements inhumains de Haïtiens aux USA / Mea culpa de Joe Biden / Des millions de Yéménites en danger

Refoulements «inhumains» de milliers de migrants haïtiens par les États-Unis

Le Point, 23 septembre 2021

Les autorités migratoires américaines ont repris le 18 septembre leur programme d’expulsion des personnes migrantes haïtiennes en situation irrégulière du territoire américain qui avait été suspendu suite au séisme du 14 août qui avait ravagé ce pays des caraïbes. En quatre jours, 12 vols ont été affrétés par les États-Unis à bord desquels environ 1’400 personnes migrantes haïtiennes étaient renvoyées – dont plusieurs centaines d’enfants – à destination de Port-au-Prince et de Cap-Haitian, la deuxième ville de Haïti. Cette décision a suscité de vives critiques – y compris de la part de Chuck Schumer, le chef démocrate du Sénat – qui a qualifié ces renvois d’«ignobles» et qui a appelé Joe Biden à y mettre fin immédiatement.

La plus vigoureuse réaction fût celle de Daniel Foote, l’Émissaire Spécial des États-Unis pour l’Haïti, qui a dénoncé l’échec de la politique de l’Administration Biden à Haïti. Et pour bien mettre en évidence son désaccord avec la décision d’expulser les personnes migrantes haïtiennes, il a démissionné de son poste. Dans la lettre qu’il a adressé au Secrétaire d’État américain, M. Foot lance : «Je ne serai pas associé à la décision inhumaine et contre-productive des États-Unis d’expulser des milliers de réfugiés haïtiens et de migrants illégaux vers Haïti, un pays où les responsables américains sont confinés dans des complexes sécurisés en raison du danger que représente les gangs armés contrôlant la vie quotidienne».

Désigné à son poste quelques semaines après la mort tragique du président Jovenel Moïse assassiné début juillet 2021 par un commando dans sa résidence, Daniel Foote avait avait pour mission de «faciliter la paix et la stabilité» et la tenue d’élections «libres et justes» dans un pays plongé dans une crise à la fois politique, institutionnelle, sanitaire, économique et en prise avec des gangs armés qui y règnent en maîtres.

Migrant.e.s haïtiens refoulés de manière inhumaine par les USA. Kristine Kostava / Voix d’Exils.

Mea culpa de Joe Biden face aux mauvais traitements subis par les personnes migrantes haïtiennes

Le Matin, le 24 septembre

Le président Joe Biden a promis que les officiers de la police montée à cheval qui ont brutalisé les personnes migrantes Haïtiennes sur les rives du Rio Grande paieraient le prix de «leurs actes scandaleux». Sur les images, l’on voit des personnes traitées comme du bétail et certains ont assimilé ces images à des scènes du temps de l’esclavage aux États-Unis.

Le président américain s’est retrouvé entre deux feux de critiques: de la part de la gauche pour sa dureté et de la part de la droite pour son laxisme et son appel d’air à l’immigration.

Joe Biden a déclaré qu’il prenait «la responsabilité» des événements.

Yémen : Des millions de personnes migrantes yéménites ont un besoin urgent d’assistance en raison du manque de financement

Organisation internationale des migrations, le 22 septembre 2021

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que des millions de personnes sont toujours en danger au Yémen. Elle appelle à un financement  indispensable des organisations humanitaires afin qu’elles puissent répondre aux besoins immenses de «la plus grande crise humanitaire du monde».

«Sans financement supplémentaire, les organisations comme l’OIM pourraient n’avoir d’autre choix que de réduire considérablement leurs opérations, ce qui priverait des dizaines de millions de personnes de nourriture, d’eau et de soins de santé dont elles dépendent pour survivre chaque jour» a déclaré Ugochi Florence Daniels, la directrice générale adjointe de l’OIM.

La situation est dramatique pour les plus de 20 millions de personnes touchées par la crise humanitaire. Près de 5 millions de personnes sont à nouveau au bord de la famine, 4 millions ont été déplacées, les deux tiers de la population dépendent de l’aide humanitaire et une nouvelle vague de Covid-19 est arrivée. Environ 32’000 personnes migrantes risquent d’être exploitées et maltraitées. Les partenaires humanitaires ont reçu moins de 10% du budget nécessaire pour fournir des services de première nécessité aux réfugié.e.s et aux migrant.e.s sur place.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils