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Série estivale – Les contes d’Arménie (4/5)

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Il était une fois, un chat très malin et un chien bien naïf…

Le conte que vous allez lire est l’œuvre de Hovhannes Tumanyan (1869-1923). Poète, romancier, conteur et père de dix enfants, il est considéré comme un des plus grands écrivains arméniens. Et aussi l’un des plus populaires. C’est de sa mère, réputée pour ses talents de conteuse, qu’il tenait son goût pour ce style littéraire dans lequel il excellait.

 

Le chien et le chat

Il était une fois un chat couturier et son voisin le chien. Un jour d’hiver, le chien va voir le chat pour une commande.

« Je t’amène une belle fourrure d’agneau, pourrais-tu m’en faire un chapeau ? Je te paierai bien si tu le fais rapidement. Mon pauvre crâne ne supporte pas le froid », lui explique-t-il.

« Bien sûr mon ami, c’est un chapeau que tu me demandes de coudre, pas un manteau, ce sera vite fait ! Tu peux venir le chercher ce vendredi. Je ne te ferai pas payer, on est voisins et ce n’est pas difficile comme travail », lui répond le chat.

Le vendredi suivant, le chien retourne comme prévu chez le chat. Il le découvre vêtu d’un magnifique manteau de fourrure… et demande à voir le chapeau promis.

« Je viens seulement de commencer à le coudre, va-t’en et reviens vendredi prochain ! », lui dit le chat avec désinvolture.

Très déçu, le chien s’en va sans le chapeau promis, mais il est confiant et repasse le vendredi suivant.

« Ton chapeau n’est pas encore prêt. Tu ne me laisses pas le temps ! », lui lance le chat en colère.

Cette fois le chien perd patience, il vient de réaliser que le chat se moque de lui. Ils se disputent et s’injurient : « Sale voleur ! »… « Chien chauve ! »

Ils se bagarrent tant et si bien que l’affaire arrive aux oreilles d’un juge.

Le juge convoque le chien qui lui explique : « Le chat a volé la fourrure d’agneau que je lui avais remise pour la confection d’un chapeau. » Le juge l’écoute et demande à entendre le chat, mais personne ne sait où il se cache.

A ce jour, le chien n’a pas oublié cet incident fâcheux et, quand il croise un chat, il bondit sur lui, grogne et lui demande de rendre la fourrure.

Le chat, comme toujours sans vergogne, regarde derrière lui, dit qu’il vient de commencer à coudre et s’enfuit.

Conte de son pays, librement traduit par:

Anahit

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils