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80 millions de cicatrices

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Unsplash.com. Auteur: Daniel Fazio.

sur la conscience de l’humanité

L’exploitation des réfugiés et leur utilisation comme menace pour faire chanter l’Europe est mise en pratique depuis plusieurs jours par le président turque Recep Tayyip Erdoğan, alors que des milliers de réfugiés affluent vers la frontière greco-turque. La question des déplacés est actuelle et importante. Voici une réflexion approfondie sur ce sujet global.

Les guerres sont provoquées, les pays sont divisés, les réfugiés inondent le monde, tandis que des terribles images sont affichées chaque jour sur des écrans de télévisions et d’ordinateurs de migrants se noyant dans la mer agitée, mourant d’épuisement ou de famine, tués par des mercenaires, exploités par des trafiquants d’êtres humains et transformés en marchandise et monnaie d’échange. Ils sont victimes de l’opportunité des machinations politiques et du « changement de régime », en d’autres termes, des malheurs d’origine humaine ! Les enfants sont les plus vulnérables parmi les réfugiés. Ils sont infectés par des maladies très répandues et affectés par la malnutrition, le viol, le travail forcé et la négligence.

Selon les estimations de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), à la fin de 2019, 70,8 millions d’individus – un chiffre sans précédent – ont été déplacés de force dans le monde entier et ont été livrés aux mers orageuses, au soleil brûlant du désert et aux caprices des bureaux d’immigration qui les attendent dans les pays d’accueil.

En effet, à mesure que l’humanité progresse en terme de technologie, elle est renvoyée à l’âge de pierre quand il s’agit de sa conscience!

Guerres par procuration

L’autre jour, je faisais défiler ma page Facebook lorsque je suis tombé sur cette nouvelle: « Fatima Ibrahim Hadi, 12 ans, est décédée de malnutrition le 4 février de cette année après que ses photos aient envahi les médias internationaux comme preuve vivante de la laideur de l’impact de la guerre sur le Yémen et des crimes des forces en présence dont la seule préoccupation est le pouvoir, au milieu de souffrances humaines aggravées par le silence et l’oubli ». Au Yémen, on estime que 3,2 millions d’enfants et de femmes souffrent de malnutrition aiguë. Puis, en continuant à faire défiler ma page, j’ai trouvé cette nécrologie: « La famille al-Ghai est dévastée par la perte de quatre membres de sa famille qui ont péri en traversant la mer Égée de la Turquie vers la Grèce. Quatre autres membres de la même famille ont été sauvés. Beaucoup d’autres se sont noyés. La plupart sont originaires de Hassaké, gouvernorat de Syrie ».

Récemment, début octobre 2019, de nombreuses villes du gouvernorat de Hassaké, (Ras al-Ain, Tal Tamer, Tal Abiad), situées au nord-est de la Syrie, ont été envahies par les forces turques et ses alliés djihadistes syriens. Cette offensive, qui était le résultat d’un échange entre les présidents Trump et Erdogan, a déclenché le déplacement de 200’000 à 300’000 personnes du jour au lendemain! 

Les réfugiés meurent deux fois

Le président turc Erdogan, dont le pays est profondément impliqué dans la guerre en Syrie, et qui a ouvert les frontières de son pays aux réfugiés syriens au début du conflit, les utilise désormais comme monnaie d’échange et de chantage, menaçant carrément d’inonder l’Europe de 3,6 millions de réfugiés syriens si ses demandes ne sont pas satisfaites!

Quelqu’un a dit que ces pauvres réfugiés meurent deux fois: une fois lorsque leur habitat naturel est détruit et qu’ils sont bombardés hors de leur pays. Et une deuxième fois, lorsqu’ils sont en route pour atteindre les pays d’accueil!

Au cours de sa mission officielle auprès de l’ONU, Jean Ziegler, sociologue genevois, a effectué un voyage d’étude en mai 2019 à Lesbos, l’île qui abrite l’un des cinq centres d’accueil pour réfugiés de la mer Égée en Grèce. Et dans son livre récemment publié « Lesbos, la honte de l’Europe », il décrit comment 20’000 réfugiés y sont entassées dans des conditions totalement inhumaine, en violation flagrante des principes les plus fondamentaux des droits humains! Ces conditions selon lui sont « créées par l’Union européenne dans un seul but: créer la terreur et la dissuasion pour empêcher l’arrivée d’autres réfugiés ».

Médias sous contrôle

Etant bien conscient de la nature de la politique, il n’y aura pas de fin à ces tragédies d’origine humaine à l’avenir. L’ONU, les organisations non gouvernementales (ONG) et les personnes de bonne volonté ne disposent pas des moyens de pression appropriés pour mettre fin à cette situation.

Pendant ce temps, les pays puissants qui ont été impliqués dans ces catastrophes d’origine humaine ne sont intéressés qu’à la façon de « diviser le gâteau » de pays comme la Syrie, la Libye, l’Irak, le Yémen, l’Afghanistan et de nombreux autres qui sont devenus des États défaillants incapables de protéger leurs citoyens; tandis que les médias grand public contrôlés n’osent pas exposer les vraies causes de ces tragédies. Et le reste du monde dort tranquillement la nuit après avoir changé de chaîne de télévision ou avoir communiqué d’autres histoires plus agréables sur leurs écrans d’ordinateurs ou de smartphones.

Si l’humanité avait vécu selon certains principes et valeurs humaines, la plupart de ces personnes déplacées seraient restées chez elles, jouissant d’une vie digne et sûre, même s’ils devaient tolérer la pauvreté.

H. Dono
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 

 



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