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Les 20 ans de la Fondation IFPD: un bilan positif et ça continue !

Rosey Concert Hall, à Rolle. 25 octobre 2019, une soirée féérique. Auteur : Damon / Voix d’Exils

Au service des démunis

La Fondation Internationale pour la Population et le Développement (IFPD) a célèbré cette année son vingtième anniversaire. La soirée de gala organisée à cet effet s’est tenue dans le somptueux décor du Rosey Concert Hall, à Rolle (VD). L’occasion pour Hélène Bayeux, sa directrice exécutive, de parler des nombreux projets menés à travers le monde et de présenter Alter-Start, l’incubateur oeuvrant en Suisse. 

Grâce au soutien indéfectible de généreux donateurs et partenaires, la Fondation Internationale pour la Population et le Développement a célébré le 25 octobre dernier ses 20 ans d’existence et de projets menés à bien à travers le monde, et depuis peu en Suisse.

Là où la fondation est active, soit en Inde, au Népal, au Brésil et en Suisse, elle a su mobiliser les compétences et les moyens nécessaires pour ouvrir des centres de santé, des centres d’activités pour les enfants, des programmes de formation professionnelle dont une école-hôtel et de soutien à l’entrepreneuriat social.

A ce jour, plus de 200 000 bénéficiaires – essentiellement des femmes et des enfants – en situation de précarité ont profité de cette aide sous la forme de soins, d’éducation et de formations.

L’IFPD collabore étroitement avec les acteurs locaux à qui elle transmet les connaissances requises dans ses domaines d’intervention. Cette stratégie permet de pérenniser les résultats de ses activités, tout en passant la main le moment venu.

Depuis deux années, la Fondation s’est également tournée vers la Suisse et ses populations les plus nécessiteuses en termes d’intégration économique et sociale, à savoir les migrants, qu’ils aient le statut de réfugiés ou non. Elle a mis sur pied un incubateur nommé Alter Start qui les aide à développer un projet entrepreneurial pour leur permettre de diminuer leur dépendance à l’aide sociale et, à terme, devenir financièrement autonomes.

Hélène Bayeux, Directrice exécutive de l’IFPD a accordé un entretien à Voix d’Exils pour présenter Alter-Start.

Hélène Bayeux (à gauche sur la photo) en discussion avec notre rédactrice Marie-Cécile. Auteur : Damon / Voix d’Exils

Voix d’Exils : Un petit brief sur l’IFPD peut-être avant de parler d’Alter-Start ?

Hélène Bayeux : La Fondation a d’abord œuvré à l’international dans des programmes de santé et d’éducation destinés aux femmes et aux enfants. Aujourd’hui, elle met en place des projets de formation professionnelle pour les plus démunis, en particulier les femmes. Elle accompagne également la création de microentreprises afin que les bénéficiaires aient une source de revenus et sortent durablement de la pauvreté.

Avez-vous développé d’autres domaines ?

Les programmes de la Fondation étaient au départ uniquement axés sur la santé et l’éducation. Ces programmes sont toujours actifs aujourd’hui, mais ils ont été repris par nos partenaires locaux, des ONGs locales avec lesquelles nous avons créé des liens. Maintenant, l’IFPD se concentre sur la formation professionnelle et l’accompagnement à la création de microentreprises, le tout destiné aux femmes.

Vous êtes-vous inspirée de votre action à l’international pour reproduire la même expérience « à la maison » ?

Exactement ! Forts de l’expérience récoltée en Inde, au Népal et au Brésil, nous nous sommes demandés où étaient les zones sensibles en Suisse. Et la cible naturelle s’est imposée d’elle-même : les migrants, les femmes migrantes mais pas exclusivement.

N’y a-t-il pas d’autres associations qui travaillent dans le même créneau ?

Un tour d’horizon des associations œuvrant déjà auprès des migrants nous a permis de nous assurer qu’une proposition similaire n’existait pas déjà. Nous avons réalisé qu’il y avait une vraie demande chez certains migrants et réfugiés, de lancer leurs propres structures. En accord avec l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), avec qui le projet a été monté, nous avons décidé d’accompagner les personnes titulaires d’un permis F, qui ont un niveau de français B2, et qui ont une compétence clé, même s’ils n’ont pas forcément un projet clair en tête.

Comment sont choisis les bénéficiaires ? Sont-ils triés avec l’aide de l’EVAM ?

La source première d’identification des porteurs de projet, c’est effectivement l’EVAM, mais pas seulement. Nous avons aussi créé de nombreux partenariats avec des acteurs associatifs qui œuvrent auprès des migrants pour leur apporter des compétences complémentaires. Sans compter, bien sûr, le bouche à oreille.

Quelles étaient vos projections d’effectifs au départ du projet ?

La cible initiale était d’accompagner une quinzaine de porteurs de projets par an. Cette cible est aujourd’hui atteinte, mais nous avons les ressources humaines nécessaires pour en accompagner une vingtaine par an.

Combien de temps dure ce coaching ?

Cela prend beaucoup de temps : Il y a toutes les démarches administratives et juridiques, ainsi que les démarches business : les études de marché, le marketing, l’ensemble des aspects du business plan pour la création de microentreprises. Il y a les porteurs de projet qui sont devenus autonomes, ceux que l’on accompagne depuis deux ans et qui ont encore besoin de notre soutien, et ceux qui ont lancé leurs business mais doivent encore être suivis. Tant que l’indépendance financière n’est pas acquise, nous ne les abandonnons pas. Il y a de toute façon un lien entre l’aide sociale et la source de revenus des bénéficiaires de l’EVAM: plus la source de revenus est importante, plus l’aide sociale diminue. Aujourd’hui 4 bénéficiaires de l’EVAM ont lancé leur structure et diminuent progressivement leur dépendance à l’aide sociale.

Concrètement, quels sont les problèmes rencontrés par ceux qui n’arrivent pas à avancer ou ceux qui ne s’en sortent pas financièrement ?

Beaucoup de porteurs de projets éprouvent une vraie frilosité à se lancer et à sortir de l’aide sociale qui est perçue comme plus sûre. Mais c’est une frilosité qu’on observe aussi chez les entrepreneurs qui ne sont pas issus de la migration. Elle est juste décuplée chez nos porteurs parce qu’ils ont très peu de connaissances du réseau suisse, très peu d’assurance sur un retour aux aides existantes en cas d’échec de leur petite entreprise. Grâce à notre partenariat avec l’EVAM, les porteurs sont assurés de pouvoir revenir à leur statut initial si leur entreprise ne marche pas.

Comment se matérialise votre soutien ?

Nous avons des coachs qui, avant le lancement, assurent un suivi rapproché des porteurs de projet à raison d’une rencontre hebdomadaire. Ce coaching continue avec une fréquence moins soutenue une fois que l’entreprise est lancée. En plus de l’aide au démarchage et au réseautage, nous souhaitons proposer aussi aux porteurs de projet de petites immersions dans des entreprises déjà existantes et engagées, ce qui est très précieux pour eux.

L’IFPD intervient-elle lorsque l’acquisition de matériel ou d’équipements s’avère nécessaire ?

Nous avons mis en place un partenariat avec le Microcrédit Solidaire Suisse (MCSS). Théoriquement, les porteurs qui le souhaitent, peuvent se tourner vers eux pour un investissement initial. Mais, jusqu’à présent, aucun des porteurs que nous avons suivis, n’y a eu recours. Ils ont soit opté pour un soutien de leur communauté, qu’ils rembourseront plus tard, soit ils ont décidé de n’investir que ce qu’ils ont gagné.

L’IFPD compte-t-elle un jour couvrir ce volet ?

Non, son rôle est d’accompagner les migrants, pas d’être un relais de financement. Il nous apparait très important de différencier les deux et c’est pour cela que nous avons initié ce partenariat avec MCSS. A terme, nous pourrons trouver d’autres sources de financement.

Accompagner la création de microentreprises

Nazéli, la reine des beaux ongles

Styliste ongulaire diplômée, Nazéli Haroyan est au bénéfice d’une belle expérience en Arménie, son pays d’origine. Arrivée en Suisse voilà 6 ans, elle a arrêté cette activité pour se consacrer à l’éducation de ses deux garçons. Maintenant qu’ils sont plus grands, ils n’ont plus besoin d’elle à temps plein, alors elle a décidé de reprendre son métier.

Nazéli Haroyan (à gauche sur la photo) en séance de travail avec sa coach Patricia Humbert. Auteur : Damon / Voix d’Exils

Depuis un an, Patricia Humbert coach bénévole de Alter Start accompagne Nazéli sur le chemin du retour à l’emploi, comme elle accompagne d’autres migrants qui ont pour projet de se mettre à leur compte. Elle est présente et donne de précieux conseils lors de toutes les étapes : choisir les produits et le business qu’ils veulent lancer, explorer, par le biais d’une étude marketing, si le projet est viable sur le marché suisse, monter le business plan et définir la stratégie commerciale, le visuel (site web, flyers, cartes de visite, etc.), ainsi que démarcher les clients.

Avec l’aide de Patricia, Nazéli a pu tester les produits pour ongles, apprendre l’ABC du commerce et de l’entreprenariat en Helvétie. Elle est maintenant fin prête, avec ses flyers et ses cartes de visites, surtout, elle est confiante : en plus de son diplôme, elle connaît maintenant les us et coutumes du milieu professionnel en Suisse.

Elle espère que « Onglerie Arna », sa petite entreprise à Lausanne, sera prospère. Le plus qu’elle apporte, c’est qu’elle « délivre » l’onglerie à domicile.

 

Jemal, le roi de la couture et de l’épicerie

Jemal Kasay est coaché depuis 15 mois par Constance Vilnet, coach bénévole chez Alter Start. Cette Française résidant en Suisse depuis 7 ans est mère de quatre enfants et étudiante en architecture d’intérieur. Elle a accompagné Jemal dans son projet d’ouvrir un comptoir qui ait pignon sur rue comme il en avait un en Érythrée, son pays d’origine. Ce qui n’a pas été évident en raison notamment des loyers très chers et de la difficulté à trouver un espace commercial avec une surface adaptée au projet.

Jemal révise les comptes de son entreprise avec l’aide de sa coach Constance Vilnet. Auteur : Damon / Voix d’Exils

Selon Constance, Jemal est« Très doué pour la couture qui est une passion ! Le prêt-à-porter sur mesure qu’il confectionnait jusqu’ici pour une population nord africaine, se vend aujourd’hui aux Suisses aussi. En parallèle, il a aussi ouvert une épicerie pour générer plus de revenus au quotidien ».

Avec l’aide de Constance, Jemal a donc monté le Comptoir Asmara à Chavornay, localité située à mi-chemin entre Lausanne et Yverdon. Il s’est démené pour récupérer du mobilier, emprunter de l’argent auprès de ses amis, négocier et obtenir du propriétaire du local de différer de trois mois le paiement de son loyer.

Constance continue de l’accompagner pour ce qui est délais et livraisons dans les temps, ainsi que pour le réseautage. Elle reçoit de l’aide du fils de Jamal, qui est Gymnasien, pour gérer la comptabilité mensuelle.

En vrai pro, Jemal a décroché des contrats, comme par exemple des commandes de doudous pour une association, des foulards pour les 20 ans de l’IFPD, et 40 costumes de déguisement pour Canvas, une école de mode lausannoise.

Marie-Cécile

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Pour tout renseignement : https://www.ifpd.org/?lang=fr

Pour toutes vos commandes, veuillez prendre contact directement avec les intéressés

Onglerie Arna, Nazel Haroyan /Auteur: IFPD

Comptoir Asmara, Jemal Kahsay / Auteur: IFPD

Kavkaz food, Bella Zakaryan / Auteur: IFPD

Mantu Food truck afghan, Ebrahim Rajabi / Auteur: IFPD

Zephire Foulard, Anita Boelcs / auteur: IFPD

Noor Multi-services, Nooramad Sarwari / Auteur: IFPD

Traiteur Iranien, Faranhaz Ghudrati / Auteur: IFPD

Levan Renovations, Levan Botchorischvilli / Auteur: IFPD

Carakas Granola & Barres, Ana Castro / Auteur: IFPD

 

Pâtissier, Nunzio Miraglia / Auteur: IFPD

Couturière et Traiteur, Riham Abdu / Auteur: IFPD

Pistache et Rose, Jessy Bali / Auteur: IFPD

Photographe, Silvana Pizzirusso / Auteur: IFPD