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Interview de Jacques Dubochet et Lia Rosso

Jacques Dubochet et Lia Rosso au Salon du livre romand. Photo: Eddietaz

Au Salon du livre romand

Jacques Dubochet

Jacques Dubochet, lauréat du prix Nobel de chimie, évoque ses souvenirs de scientifique et ses engagements citoyens dans un livre paru aux Editions Rosso en 2018 :

PARCOURS

Dans ce livre, il nous parle de sa découverte, il y a bientôt 40 ans, de la technique de cryomicroscopie électronique. Découverte qui lui vaudra le Nobel de chimie en 2017, une récompense qu’il décrit ainsi :

               « Le prix Nobel me donne une voix, un pouvoir celui de la notoriété.

Je n’ai pas de respect pour la notoriété. J’ai du respect pour ceux qui essaient de vivre juste. »

Jacques Dubochet garde intacte sa curiosité de chercheur et bien que retraité, participe activement aux travaux du département d’Ecologie et d’Evolution (DEE) de l’Université de Lausanne.

C’est aussi, au quotidien, un homme engagé et qui met sa récente notoriété au service de grandes causes comme la lutte contre le réchauffement climatique. Il participe aux manifestations pour le climat avec les jeunes et intervient volontiers.

Enfin, Jacques Dubochet s’engage aussi depuis longtemps, de tout cœur auprès des jeunes migrants en Suisse et dans ses pages sur le sujet, il affirme :

« La politique migratoire actuelle de nos pays riches consiste essentiellement à maltraiter les crises du moment. Si nous gardons à l’esprit que la circulation, qu’elle soit libre ou non, s’étendra certainement, nos pays riches s’engageront avec davantage de détermination pour soutenir l’épanouissement des pays en difficulté. »

Marie-France Hamou

Contributrice de Voix d’Exils

 

Rencontre fortuite avec Jacques Dubochet et Lia Rosso au Salon du livre romand:

 

Photos de l’interview

Jacques Dubochet et Lia Rosso au Salon du livre romand. Photo: Eddietaz

 

Jacques Dubochet et mamadi Diallo au Salon du livre romand. Photo: Eddietaz

 

Jacques Dubochet et Lia Rosso au Salon du livre romand. Photo: Eddietaz

 

Lia Rosso au Salon du livre romand. Photo: Eddietaz

 




Les programmes d’intégration de l’EVAM

Brigitte Trolliet Mégroz et Frédéric Mag. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

Interview de Frédéric Mag et Brigitte Trolliet Mégroz de l’Entité Intégration et Développement de l’EVAM

Interview de Frédéric Mag et de Brigitte Trolliet Mégroz au sujet des programmes d’intégration de l’Entité Intégration et Développement de l’EVAM. Interview menée par Mamadi Diallo (Voix d’Exils) lors de l’émission de Radio Django du 19 mars 2019.

L’intégration dans la société représente un grand défi, tant pour les personnes migrantes que pour les institutions qui les accompagnent. L’Entité Intégration et Développement (l’EID) de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (l’EVAM) propose à ses bénéficiaires différentes mesures dont l’objectif est de favoriser leur intégration sociale et professionnelle ainsi que leur autonomisation. Pour en savoir d’avantage, nous recevons Frédéric Mag Responsable de l’EID et Brigitte Trolliet Mégroz, Cheffe de Programmes de formation et d’activités de l’EID dans le Grand direct de Radio Django du 19 mars 2019.

Ecoutez l’interview ici:

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Photos de l’émission:

 

Frédéric Mag. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

Brigitte Trolliet Mégroz. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 

Fabien Honsberger et Mamadi Diallo. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

Les programmes d’intégration de l’EVAM. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

Brigitte Trolliet Mégroz et Frédéric Mag. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 




Interview de Pascal Rebetez

Pascal Rebetez au Salon du livre romand 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

Au Salon du livre romand

Pascal Rebetez est né dans le Jura. Il vit aujourd’hui en Valais et à Genève où se trouve les Editions d’autre part qu’il codirige avec Jasmine Liardet, sa compagne.

Depuis plus de 20 ans, les Éditions d’autre part publient de beaux ouvrages, toujours imprimés en Suisse et qui célèbrent les auteurs romands.

Pascal Rebetez est aussi un homme de médias, d’abord à Radio Fréquence Jura et, jusqu’en 2016, à la Radio Télévision Suisse. Il est l’auteur de récits poétiques, de pièces de théâtre. En 2017, il publie un livre très personnel intitulé « Poids lourd » aux Éditions d’autre part.

Dans « Poids lourd » Pascal Rebetez, à la faveur d’un périple en Australie, revient sur les étapes de sa vie, ses voyages, ses amis, sa famille. Le poids des ans et des kilos, c’est aussi l’occasion pour lui d’évoquer son clan : « Ma conscience sociale et historique s’est formée au fil des expériences libertaires, mais aussi par la lecture et le récit des inégalités dont ceux de mon clan ont pâti, parce qu’ils étaient du petit peuple, du mauvais côté de la croissance… »

Le dernier chapitre du livre commence par cette phrase : « Dernière nuit australe avant longtemps, parce que la vie qui reste est courte et que je ne veux plus perdre ma route dans les destinations. L’Australie qui est un pays neuf, abrite une majorité de vieux. Les jeunes sont asiatiques ».

Voilà qui résume parfaitement le récit, à la fois voyage de l’intime et regard critique sur l’Australie d’aujourd’hui.

Marie-France Hamou

Interview de Pascal Rebetez

 

Photos de l’interview

 

Pascal Rebetez au Salon du livre romand 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 

Pascal Rebetez au Salon du livre romand 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 




Archives « perdues » : affaire classée ?

CC0 Domain public.

Retournement dans l’affaire de « la P-26 » : l’armée secrète suisse

Le Projet 26 (P-26) est une armée secrète suisse. Créée en 1979, sans l’aval du parlement et financée par des fonds publics, elle est dissoute en 1990 à grand fracas. La P-26 avait officiellement pour mission d’organiser une résistance en cas d’invasion soviétique lors de la guerre froide. Dans le journal le Courrier du 30 janvier dernier, un article est paru dont le titre est : « Documents définitivement perdus ». Ces documents concernaient l’organisation P-26.

Durant toutes ses années de fonctionnement – de 1979 à 1990 – l’organisation secrète est restée ultra cachée. Elle compte 400 recrues sélectionnées parmi des personnes d’âge mûr et inconnues du public, dont la carrière et l’attitude inspirent la plus grande confiance. Chaque identité est rigoureusement vérifiée par les polices fédérale et cantonale afin d’être certain qu’aucune d’entre elle ne cause de dommages.

Ces hommes et ces femmes reçoivent des formations les initiant à la clandestinité, au sabotage, à la transmission secrète de documents et aux actions de propagande coup de poing. Ils disposent de lingots d’or pour corrompre l’ennemi, utilisent des cagoules lors des exercices pour ne pas se reconnaître entre eux et s’appellent par des noms de code. Des containers d’armes spécialement conçues pour le sabotage sont stockés dans différents endroits du pays. Rien n’est distribué aux recrues et aucune d’entre elles ne dispose d’arme à domicile. Personne ne doit soupçonner leur double vie, pas même les personnes de leur entourage.

La P-26 est organisée sur le modèle des cellules « stay-behind ». Ces dernières suivent les règles très strictes de la clandestinité et sont généralement dispersées sur tout le territoire d’un pays sous forme de petits groupes d’intervention. La P-26 avait donc implanté ses petites organisations dans quarante régions dans toute la Suisse.

Martin Matter, journaliste et écrivain, complète cette explication en mentionnant qu’il y avait une « Région A » active et une autre, dormante, appelée « Région B ». En cas de guerre, si la région A était détruite, la région B pouvait entrer en fonction immédiatement. (RTS, Temps présent 21.12.2017).

Une cascade de scandales

En février 1990, la presse révèle l’existence de la P-26 : une armée secrète dont seuls quelques conseillers nationaux et membres de l’administration fédérale ont connaissance. L’organisation est alors présentée comme illégale et criminelle. Elle révèle également l’identité de son chef : Efrem Cattelan – nom de code « Rico » – lors d’une conférence de presse couverte par tous les médias du pays. Efrem Cattelan parle pour la première fois devant la nation en tant que chef de la P-26. L’homme assume son engagement et ses conséquences. Il affirme : « Je me suis engagé avec conviction, sachant que cela implique une double vie. Cela n’a pas été facile à supporter. J’ai dû dissimuler mon activité professionnelle à mes parents et à mes proches. C’était pénible. ». (RTS, Temps présent 21.12.2017).

Mais un document interne de la P-26 jette le trouble. Il explique les motifs qui permettent à l’organisation d’entrer en action, et parmi ces motifs « un bouleversement politique intérieur par chantage, subversion et/ou autres activités comparables ». Durant une entrevue avec Efrem Cattelan, un journaliste lui demande : « l’une de vos fonctions, a-t-on dit, était de mettre hors d’état de nuire des ennemis venant de l’intérieur du pays. À qui pensiez-vous ? ». Efrem Cattelan rétorque que les membres de la P-26 n’étaient pas entraînés à se battre contre une menace intérieure, mais contre une potentielle occupation partielle ou complète extérieure à la Suisse. (RTS, Temps présent 21.12.2017).

En mars 1990, le parlement décide de nommer une commission d’enquête pour faire éclater la vérité sur la P-26. Le tout nouveau chef du département fédéral de la défense – M. Kaspar Villiger – se retrouve sous le feu des critiques. Car à part le nom du chef de la P-26, aucun autre nom du commando n’a pour le moment été divulgué. Les pressions s’intensifient afin que les identités soient publiées.

En décembre 1990, le rapport de la commission d’enquête est publié. Il provoque alors un débat de deux jours au parlement.

« Des citoyens encore plus citoyens que les citoyens » ?

Durant cette période de débat, Jacques-Simon Eggly, parlementaire fédéral à cette époque, témoigne au micro de Temps Présent : « Il y avait Villiger qui était au banc du gouvernement et je lui ai dit : Monsieur le conseiller fédéral, on parle de scandale parce que peut-être que cette P-26 aurait dû reposer sur une base légale un peu plus claire. Parce que peut-être, vous-même en tant que ministre de la défense, vous auriez dû être davantage au courant. Parce que peut-être, tout cela a été fait de manière un peu trop légère au regard des garanties juridiques. Parce que peut-être au point où nous en étions vers la fin de la guerre froide, la légitimité même, la justification pouvait être je dirais discutée. Mais enfin ! Ceux qui sont maintenant montrés du doigt, que vous laissez être montrés du doigt, ce sont des gens qui se sont engagés parce qu’ils étaient prêts à défendre notre patrie, notre territoire, notre démocratie, nos valeurs jusqu’au sacrifice de leur vie. Donc, plus encore que d’autres, c’était des citoyens encore plus citoyens que les citoyens. » (RTS, Temps présent 21.12.2017).

La commission d’enquête reconnaît volontiers dans son rapport les motivations honorables des membres de la P-26. Mais elle pose un sévère jugement d’ensemble : « Une organisation secrète, équipée d’armes et d’explosifs représente en soi, indépendamment de ses membres (…), une menace virtuelle pour l’ordre constitutionnel, du moment que les autorités politiques n’en ont pas le contrôle effectif. ».

Une organisation proche de l’extrême-droite ?

Alors que le scandale fait rage, on découvre en Italie, l’existence d’une organisation semblable : Gladio (Glaive en français). Elle est suspectée d’accueillir des membres liés à l’extrême droite et d’avoir joué un rôle majeur dans l’attentat terroriste de la gare de Bologne du 2 août 1980. L’explosion de la bombe fait 85 morts et plus de 200 blessés. La P-26 est suspectée de nourrir des liaisons avec Gladio ainsi qu’avec d’autres organismes européens de ce genre. Ces liaisons auraient de graves conséquences sur le principe de neutralité de la Suisse.

En conséquence, Kaspar Villiger, chef du département militaire, confie l’enquête au juge d’instruction neuchâtelois Pierre Cornu afin de vérifier ces allégations. Après sept mois de recherches approfondies, M. Cornu confirme dans son rapport que la P-26 n’entretient aucun lien avec de telles organisations. Il souligne cependant qu’elle entretient des relations avec la Grande-Bretage dans le cadre de cours et d’exercices militaires. La neutralité suisse n’a pas été affectée par ces contacts avec les britanniques. Le juge Cornu est formel sur ce point.

Aujourd’hui, le rapport du juge d’instruction neuchâtelois est encore classé secret défense bien qu’une version censurée du rapport Cornu soit publique. Malheureusement, le grand public apprenait en janvier 2019 que les annexes du rapport ont été définitivement égarées. Est-ce que les sept classeurs et vingt dossiers ont été « perdus » au moment de la transmission d’un chef du Département fédéral de la défense à l’autre, de la remise aux archives ou d’une autre manière encore ? La réponse n’existe pas. Ainsi, seule la levée de la période de classification secret défense du rapport original, qui interviendra en 2041, permettra de répondre aux questions qui subsistent, ou peut-être même d’en créer de nouvelles.

Mamadi Diallo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 




L’intégration et les rêves brisés

Kokob Mebrahtu (au centre). Photo: la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Construire sa vie sans savoir si on va rester

Je crois que chaque être humain naît et grandit avec un rêve à réaliser. Sans savoir s’il réussira, chacun doit se mettre en route pour un long chemin. L’espoir éclairera la route, avec la capacité de faire tout ce qui peut nous permettre d’atteindre notre objectif.

Comme migrante, je pense que c’est ce qui m’a maintenue en vie durant les jours les plus difficiles et dangereux de mon voyage vers l’Europe. Tout mon esprit était tendu dans l’unique but de sauver mon souffle pour pouvoir réaliser mon rêve de vivre comme une personne humaine, respectée.

L’immigration n’est pas un problème d’aujourd’hui ; elle a toujours existé. Chaque pays sur terre en a fait l’expérience, dans le passé ou de nos jours. Chacun sait à quel point il est difficile d’abandonner derrière soi son pays, sa famille, ses amis et les personnes qui parlent la même langue que vous.

Les raisons qui poussent à l’exil peuvent varier d’une personne à l’autre mais, fondamentalement, vous partez parce que vous devez sauver votre peau.

Quand j’ai quitté l’Érythrée en 2013, j’ai emporté dans mon cœur les morceaux brisés de mes rêves. Je vis maintenant en Valais, en Suisse. J’y ai fondé ma propre famille, entourée de nouvelles traditions et de nouvelles personnes. Des années ont passé dans l’attente d’une autorisation de séjour qui n’est toujours pas venue. Mais je suis vivante. Et parce que je suis vivante, j’ai des responsabilités : celle de m’intégrer et celle de prendre soin de mes rêves. Ils ont le pouvoir de nous tenir debout et font des miracles, où que l’on soit.

On entend chaque jour que le gouvernement investit des millions pour l’intégration ; malgré cela, bien peu de choses sont réalisées concrètement. Pourquoi ? Voici comment je me représente la situation d’un migrant qui vient d’arriver dans un environnement complètement nouveau. C’est comme être devant des portes closes et chercher une issue. Pour réussir, vous avez besoin que quelqu’un vous indique quelle est la première porte que vous devez ouvrir : vous avez besoin d’apprendre la langue du pays afin de comprendre les autres autour de vous. Cette information, c’est votre assistant social qui peut vous la donner. C’est la première chose que vous avez à réaliser, le plus solidement possible. Sinon, il n’y aura pas d’intégration, pas de rêves et vous resterez dans votre chambre sombre, seul, comme sur une autre planète. Le second message, c’est de commencer votre projet d’intégration, vous construirez non seulement votre avenir mais vous contribuerez à celui du pays qui vous a sauvé la vie. On vous donne ainsi une responsabilité. Le point suivant, c’est de ne pas décourager les migrants ni de les assommer avec des règlements et des lois.

Une des choses qui freine le plus l’intégration est la durée des procédures. Cela peut prendre trois ans avant de savoir si vous avez le droit ou non de rester en Suisse. Quand l’esprit est occupé par cette inquiétude, il est très difficile de se consacrer à l’intégration et construire son avenir.

Kokob Mebrahtu

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Pour aller plus loin:

« Des procédures d’asile accélérées dès le 1er mars », article paru dans Voix d’Exils le 21.02.2019

« L’intégration commence chez soi » , article paru dans Voix d’Exils le 19.11.2018

« Je passe mon temps à manger pour dominer mes problèmes », article paru dans Voix d’Exils le 15.07.2011