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« En route pour apprendre »

Association En route pour apprendre ». Photo: Babak / Voix d’Exils

Vaud – Une association lausannoise aide les jeunes réfugiés en formation qui rencontrent des difficultés

Les enseignants et enseignantes de l’association « En route pour apprendre » rencontrent leurs élèves réfugiés dans un minibus adapté près des bureaux du centre administratif de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (l’Evam) à Lausanne. Leur accompagnement s’adresse spécialement à des élèves qui rencontrent des difficultés dans leur parcours scolaire ou leur formation professionnelle.

Les enfants ou jeunes réfugiés rencontrent souvent des difficultés dans leurs parcours scolaire ou leur formation professionnelle en Suisse. A Lausanne, l’association « En route pour apprendre » (ERPA) aide ces jeunes réfugiés à surmonter leurs difficultés. Rencontre dans le bus de l’association avec Françoise Burger, enseignante spécialisée et directrice d’ERPA.

Photo: Babak / Voix d’Exils

S’adapter aux besoins des jeunes migrants

L’ERPA a commencé ses activités en janvier 2016. Au départ, l’association soutenait les élèves suisses qui rencontraient des difficultés. Après la découverte des problèmes scolaires auxquels sont confrontés les enfants issus de migration, l’ERPA a décidé d’aider ces élèves-là. Madame Burger a proposé cette idée à l’Evam et, en novembre 2016, elle a commencé à travailler avec les enfants et jeunes réfugiés. Elle avait un petit bureau à l’Evam où elle rencontrait ses quatre élèves deux jours par semaine, une heure par jour, pour identifier leurs problèmes et les aider.

Maintenant, tout le travail se fait dans un minibus adapté. Les enseignants et enseignantes de l’association viennent à l’Evam deux ou trois jours par semaine selon les besoins. L’association intervient lorsque les professeurs de l’Evam connaissent déjà leurs élèves et leurs difficultés : normalement, un mois avant les examens. Françoise Burger précise : « on s’adapte, c’est l’idée de l’association ».

Différentes difficultés empêchent les enfants et jeunes de bien suivre leurs programmes scolaires et formations. Par exemple, un élève non-francophone rencontre des difficultés à prononcer le français. Un autre élève, qui n’est jamais allé à l’école, ne peut pas apprendre à lire et à écrire le français, même s’il le parle bien. Avant de commencer à aider un élève, Françoise Burger évalue ses compétences et cherche à identifier le problème qui est souvent d’ordre cognitif ou relatif à la scolarisation avant son arrivée en Suisse.

En plus du soutien scolaire et de la formation, l’association offre aussi des ateliers artistiques. Certains jeunes n’aiment pas aller à l’école alors ils ne progressent pas en français. Et le soutien de l’ERPA ne les aide pas non plus. Dans ces cas-là, l’association motive ces jeunes en leur offrant l’opportunité de réaliser une activité pratique. Dans ces ateliers, l’activité pratique est combinée à des cours de français moins intensifs.

Photo: Babak / Voix d’Exils

Comment ça marche ?

L’ERPA réunit une quinzaine de membres qui versent une cotisation symbolique à l’association. Le financement des activités de l’association provient de différentes sources. Le Canton de Vaud et la Confédération peuvent financer l’assistance des élèves titulaires de permis F ou B. Mais l’ERPA reçoit l’essentiel de son financement de « la Chaîne du Bonheur », une fondation Suisse d’aide humanitaire. De plus, « la Loterie Romande » a financé le bus et le garage « Corsier » à Vevey offre une place de parc gratuite.

Les enseignants et enseignantes sont des professionnels spécialisés dans l’enseignement des enfants et des jeunes qui rencontrent des difficultés

Babak Qodrati

MHER

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




La lutte de ma famille

Photo: rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Ou comment les soucis de procédure d’asile peuvent peser sur la vie de famille

La famille est un mot précieux et lourd de sens. C’est une expérience de vie, peut-être différente d’un contexte à un autre, mais c’est avant tout une chaîne qui traverse les générations, chacun laissant au passage les traces de sa propre existence. S’il n’y a pas de famille, la vie s’arrête ; sans famille, nous disparaîtrions aussi simplement que, jadis, les dinosaures. Nous devons donc respecter les nécessités d’une famille.

Allons droit au but: je suis Erythréenne, je vis en Suisse, mariée à un compatriote selon les lois locales depuis deux ans. De notre union est née la petite Maria, âgée de 2 ans. Mon mari dispose d’un droit de séjour depuis plusieurs années alors que mon statut personnel est toujours incertain. Depuis longtemps, la peur du renvoi et de la séparation fait partie intégrante de notre vie quotidienne. Ma fille Maria est « amoureuse » de son papa, et jalouse au point qu’elle ne me laisse même pas m’asseoir près de lui. Nous nous rencontrons seulement quand elle a faim ou quand je change ses couches. Je trouve cela très étonnant.

Dernièrement, notre « homme », mari et papa, qui cherche activement un travail, est parti en montagne pour trois petits jours de stage pratique dans un restaurant. Notre famille a ainsi vécu, à toute petite échelle, sa première séparation et ses premières souffrances. Dès le premier soir, Maria, pleine de tristesse, a refusé son repas. Le lendemain fut encore plus difficile : prostrée devant la porte dans l’attente de son héros, elle a pleuré et fait une forte fièvre au point qu’il m’a fallu aller en consultation car, à vue d’œil, elle perdait du poids. Ressentant la douleur de ma fille, j’ai aussi pleuré. Et j’ai réfléchi : si en trois jours notre douleur a été aussi forte, qu’en est-il de toutes les familles qui sont séparées depuis des années? Qu’en est-il de ceux qui constituent une famille sans même se connaître ? Il y a des enfants qui naissent et grandissent loin de leurs pères.

J’aimerais dire un grand Merci à la Suisse. Vous nous avez sauvés de l’enfer. Vous nous avez donné la vraie vie et nous avons appris le sens de l’être humain. De grâce, ne nous séparez pas.

Kokob Mehbratu

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 

 

 

 




Comment protéger ses données ?

Julien Clavel.

Les enjeux de la surveillance des données personnelles et les outils technologiques qui existent pour les protéger

Lors de l’émission de Radio Django du 19 septembre 2018, les enjeux juridiques de l’initiative parlementaire de l’UDC qui permettrait aux autorités de fouiller les téléphones portables des requérants d’asile pour établir leur identité ont été analysés. Pour poursuivre la réflexion, il s’agit de s’interroger sur les enjeux de la surveillance des données personnelles et de s’intéresser aux outils technologiques qui existent pour les protéger. C’est le sujet (version express) proposé par Voix d’Exils lors du Grand Direct de Radio Django du 16 octobre 2018.

Notre invité :

Julien Clavel travaille dans le web depuis plus de 15 ans. Il a donc été rapidement confronté aux défis de la sécurité de l’information, d’abord dans un cadre professionnel, puis au niveau personnel. Actuellement homme à tout faire en ligne pour un grand syndicat suisse, il est aussi consultant en sécurité numérique individuelle.

Ecoutez l’interview intégrale de Julien Clavel « Comment protéger ses données? » (partie 2 du sujet)

Réécoutez l’émission du 19 septembre 2018 « Fouiller le téléphone portable des requérants d’asile: bientôt légal? » (partie 1 du sujet)

 

 




2018: le 170 ème anniversaire de la Constitution suisse

Le parlement fédéral. Pixabay.com CC0 Creative Commons. Auteur:
jensjunge

Le 12 septembre 1848 est le grand tournant de l’histoire de la Suisse contemporaine et du peuple Suisse

Le 12 septembre 1848 est une date mémorable pour l’émergence et la naissance de l’Etat Suisse moderne et contemporain, ouvert au monde à travers des assises tenue ce jour dans le grand restaurant de Zum à Berne pour marquer à jamais, l’histoire du pays tout entier.  

La célébration de la Constitution fédérale Suisse, cette année 2018 par le canton et la ville de Berne, est un évènement majeur pour la Confédération helvétique et pour le peuple suisse dans la mise en place de ses plus hautes instances constitutionnelles du pays d’alors !

Il s’agit bien évidement de la création d’un parlement : l’Assemblée fédérale ; et d’un gouvernement constitué de sept membres : le Conseil fédéral avec une présidence tournante.

La fin de la guerre du Sonderbound de 1847

Le 12 septembre 1848 marque la fin du conflit et la victoire des libéraux-radicaux dans la guerre du Sonderbound de 1847. Ce n’est qu’une année après, c’est-à-dire le 12 septembre 1848, que fut signé dans la salle de l’Empire du restaurant Zum Ausserren Stand à Berne, la création d’un véritable Etat moderne et la désignation de Berne comme Capitale fédérale.

Ce n’est que le 6 novembre de la même année, que les forces politiques réformistes et progressistes majoritairement plus nombreuses et siégeant à l’assemblée, ont formellement désigné Berne siège des autorités fédérales de toute la Confédération helvétique ou plus exactement « Ville fédérale » comme on préfère la nommer officiellement et dans les coulisses.

170 ans d’existence, et rien n’a changé depuis ! Berne demeure toujours cette ville ou toutes les grandes questions sont débattues et où toutes les grandes décisions du pays sont prises. La charte de 1848 donne le pouvoir et définit Berne comme étant le siège central de l’administration de tout le pays et le centre névralgique par excellence de l’institution et des ténors de la politique Suisse.

Comme à son accoutumée et fière de sa tradition historique, Berne a donc célébré le  mercredi 12 septembre 2018 avec beaucoup d’enthousiasme et de fierté cette mémorable journée, afin d’accomplir son devoir de capitale, de consolider sa position de ville fédérale et, d’autres part, pour savourer le fruit et le travail fait depuis. Cette emblématique journée du 12 septembre 1848, que l’histoire retiendra sans doute pour très longtemps, promulgue un certain nombre de droits et de libertés fondamentales dont jouissent les citoyens et citoyennes Suisses telles que : la liberté de la presse, de la religion et le droit d’établissement. Cette date décisive du 12 septembre 1848 marque donc la création d’un Etat fort et moderne et restera aussi la fierté du peuple Suisse

Arslan Zoheir Bouchemal

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




L’image des migrants dans les médias

Photo: Leyla Benkais pour le CCCI

Était au menu des 16ème Assises de l’immigration

Les 16ème Assises de l’immigration organisées par la Chambre cantonale consultative des immigrés (CCCI), se sont tenues le 29 septembre 2018 dans le Collège du Lac à Villeneuve dans le canton de Vaud. Retour sur cet événement dédié cette année au thème de l’image des migrants dans les médias et au dialogue entre la société civile et les médias.

Cette rencontre annuelle a réuni des professionnels des médias, des représentants des associations oeuvrant dans le domaine de la migration, des citoyennes et citoyens et des élus. La rencontre s’est donc ouverte tôt le matin à 8h30 par une allocution de Monsieur Nicolas Rouge, Président de la Chambre cantonale consultative des immigrés (CCCI), suivie par celle de Madame Annick Morier-Genoud, Municipale de la commune de Villeneuve.

Plus de 100 personnes présentes

Cette 16ème édition des Assises de l’immigration, qui s’est tenue à quelques encablures de la capitale vaudoise, a réuni un peu plus de 100 personnes venues des quatre coins de la Romandie pour s’informer et débattre de la question de la représentation des personnes migrantes dans les médias et de leur perception par la société. Au fil des années, cette rencontre a pris de l’importance tant pour les politiques, les medias que pour la société civile. De nombreux représentants du monde associatif et de l’information ont fait le déplacement pour se retrouver tous autour d’une même table et pour parler le même langage.

L’initiative a marqué la bonne volonté de tous les participants de changer un état de fait, et de ne pas se contenter d’une simple rencontre entre medias et participants. A savoir, le message véhiculé par les medias à propos des requérants d’asiles et l’image aléatoire de ces derniers aux yeux de la société suisse entière. Les intervenants ont tous mis l’accent sur la nécessité de bien scruter l’information, de veiller à bien la transmettre et surtout de bien choisir la terminologie qui fait mouche !

Photo: Leyla Benkais pour le CCCI

L’enjeu des mots

L’association genevoise « Vivre ensemble » a présenté aux participants et aux participantes de la rencontre son opus consacré à la terminologie et aux mots usités par les journalistes. Madame Giada de Coulon, représentante de ladite association, a souligné dans son discours l’importance du vocabulaire employé dans la rédaction d’articles touchant au domaine de l’asile qui peuvent parfois menés à des malentendus.

Le Docteur Iseni  Bashkim, Directeur de la plateforme Albinfo.ch a pour sa part présenté aux participants son programme « Albinfo.ch » qui consiste « à développer perspectives de manière positive pour les migrants, à identifier les nouveaux acteurs émergents issue de la migration, et à changer la perception de la population vis-à-vis des migrants et enfin à sensibiliser les journalistes pour améliorer le climat social migratoire ».

Pour sa part Dominique Von Burg, Président du Conseil suisse de la presse, a bien rappelé lors de son intervention l’existence de la déclaration des devoirs et des droits des journalistes suisses, ainsi que la nécessité du respect par les journalistes du code déontologique de la profession. Et de souligner le rôle de la presse en tant qu’organe d’information, de sensibilisation et de faiseur d’opinions.

Bien au-devant du conseil qu’il préside, Monsieur Dominique Von Burg a réitéré le fait que le Conseil suisse de la presse protège les minorités du risque discriminatoire et de la généralisation abusive! Il précise que si un média cite les nationalités, il doit le faire également pour les ressortissants suisses!

Des ateliers de réflexion

Après la pause et la dégustation de quelques gâteaux et boissons fraîches lors du buffet mis en place pour la circonstance dans le hall de l’entrée principale, les participants se sont départagés en trois groupes afin de débattre le sujet : « quelle place pour la parole des migrants dans les médias ? » avec des journalistes venus en renfort pour animer ces ateliers. Parmi ces professionnels, de la presse écrite, de la radio et de la télévision, on cite la présence de Messieurs, Florian Barbey, rédacteur en chef de « Radio Chablais », Laurent Dufour, chef rubrique suisse de « la Radio Télévision Suisse (RTS) », Luis Lema, journaliste au « Temps », Valérie Passello, journaliste « Le Régional », Nicolae Schiau, journaliste et chef d’antenne de Couleur 3.

Les participantes et participants ont souvent souligné les limites des médias dans ce domaine de la migration. A notre avis, la place dans les médias pour chaque parole dépend aussi de la demande de s’exprimer. Une solution serait la création de médias destinés à la parole des migrants par les organisations actives dans le domaine de la migration.

Photo: Leyla Benkais pour le CCCI

Remise du Prix du Milieu du Monde

Une généreuse récompense au menu du programme pour l’attribution du « Prix du Milieu du Monde », qui consacre des initiatives exemplaires en faveur de l’intégration des personnes migrantes. Doté d’un montant de Cinq milles francs suisse, le prix a été remis à l’issue des Assises par Nicolas Rochat Fernandez, président du Jury, député et deuxième vice-président au Grand Conseil vaudois, à deux lauréats : le centre socioculturel de l’arrondissement scolaire de Rolle pour son projet de fresque intitulé « La différence fait la beauté de ce monde » et l’association vaudoise « Couleur Respaix » – qui et entraîne une équipe de football pour jeunes requérants d’asile mineurs non accompagnés. Pour terminer, Amina Benkais-Benbrahim, déléguée cantonale à l’intégration a clôturé l’événement en synthétisant les principaux points soulevés lors de la rencontre.

Epilogue

L’évènement a suscité un vrai dialogue entre les professionnels et les participants. Une belle occasion de débattre tous ensemble et de cerner la problématique afin de déterminer les lacunes dont chacun et chacune est responsable à son niveau et qui peuvent être améliorées. La rencontre a bien mis en exergue la volonté de l’ensemble des participants de faire, ensemble à l’occasion de cette journée, une évaluation concrète et bien réelle de l’image que renvoient les medias sur des requérants d’asiles.

Arslan Zoheir Bouchemal

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils