1

خواطر رمضانية

 

Auteur: oranfireblade – pixabay.com CC0 Creative Commons

 

مثلما الموسيقى والروائح يمكن أن تحرّك فينا أحيانا العواطف وتُعِيدنا عبر الزمن إلى الوراء، كذلك كان حلول شهر رمضان هذا العام, فقد أثار مشاعر مختلطة في نفسي، أنا غير المُسلم الساكن على بعد مئات الأميال من بلدي سوريا. 

قبل الحرب، وعلى مدى ثلاث عقود، كنت أعيش في حي متعدد الأعراق في مسقط رأسي بمدينة القامشلي بسوريا. كان جيراني المقربون من العرب والأكراد والسريان والأرمن… يعيشون في انسجام تام. ما زلت أتذكر بكثيرٍ من الود، هؤلاء الناس وأفتقدهم كثيراً.

يُعَدُّ شهر رمضان مناسبة دينية هامة تؤثر في جميع جوانب حياة المسلمين. يبدأ الصيام من الفجر إلى الغروب حيث يتم الامتناع عن تناول الطعام والشراب والتدخين لمدة 29-30 يوما.

ومع ذلك، فإن رمضان ليس شهر صيامٍ وصلاةٍ فحسب، بل أيضاً شهر مشاركةٍ وتضامن. أما بالنسبة لي، كوني مهتمٌ بالجانب الروحي الكامن وراء الأديان، كان أيضًا تجربة فريدة من نوعها. عائلتي وأنا، وكثير من غير المسلمين، كانوا ينتظرون بفرحٍ قدوم هذا الشهر مثل معظم السوريين. كان سماع دَوي مدفع رمضان التقليدي إيذانا ببدء شهر الصيام.

في اليوم الأول وقبل الفجر، كنت أقفز  من فراشي على  صوت قرع طبل « المسحراتي » الرتيب والمتكرر وهو يدعو سكان الحي إلى الاستيقاظ لتناول وجبة السحور. الغريب في الأمر, أن مهنة  « المسحراتي » التي عفا عليها الزمان، كانت لا تزال تُمارس في ضواحي بعض الأحياء، وأصبحت تتمتع بشعبية كبيرة بفضل المسلسلات السورية الشهيرة قبل الحرب.

بعد ذلك، وابتداءً من ظهر نفس اليوم، تبدأ معمعة المطابخ وعمل ربات البيوت لإعداد أطباق « الإفطار ». تتعالى تدريجياً قرقعات أواني المطبخ، وتنبعث روائح التوابل القوية للوجبات المنزلية الشهية من الأرز والبرغل والدجاج المشوي والحلويات المحلية اللذيذة، لتملأ أركان عمارتنا وتَعْبق بها طويلاً، ناشرة نكهة وروح شهر رمضان.

قبل صلاة المغرب، كنت أقفل مكتبي وأعود إلى البيت مثل جميع السُكّان. في طريق عودتي أمرّ بسوق المدينة. كان المشهد دائماً مثيراً جداً واستثنائياً في هذا الوقت من العام. يشقّ المرء طريقه بصعوبة بالغة وسط صخب وضجيج الحشود المُنهمكة بشراء احتياجاتها قُبيل سَماع دَوي مدفع الإفطار. صرخات الباعة المتجولين تَصمّ الآذان. قرقعة الكؤوس النحاسية لبَاعة العرقسوس والتمرهندي تتصاعد في كل مكان. عربات الدفع الصغيرة تملأ الساحة وتَسدُ الممرات وتجْعل من السير مشقّة حقيقية. أما المحلات الكبيرة والصغيرة، فتكتظ بكل أنواع الأطعمة والحلويات الرمضانية التقليدية الشهية. المُتَسوقون المٌنهكون، ومعظمهم من الرجال، كون النساء لديهن مهام مطبخية في المنزل، يستعجلون للوصول إلى منازلهم لتناول الإفطار مع عائلاتهم. في هذه الأثناء، أتَدَافع وسط الزحام لأشتري الخبز الرمضاني الطازج  » المعروك « ، وبعض الحلويات الأخرى مثل المشبك، قمر الدين ، والتمور … . لم يكن أولادي يتوقعون عودتي إلى المنزل خالي الوفاض.

قبل سماع دوي المدفع بقليل, تصبح الشوارع مهجورة تمامًا وتتوقف الحياة في المدينة. فقط أصوات الآذان ترتفع من المساجد، وبالطبع، قرقعة الصحون والملاعق وأصوات الجيران من الشُرفات القريبة. إنه الإفطار ، وقت لمّ شَمل الأهل للاستمتاع بالوجبات اللذيذة والمشاركة بفرحة وروحانية رمضان.

بعد « الإفطار » مباشرة، تترقب العائلات بشغف كبير بَث الحلقة الأولى من المُسلسلات الرمضانية السورية الشهيرة التي تُبْقيهم مُلتصقين بأجهزة التلفاز حتى اليوم الأخير من الشهر الفضيل.

لم يبق الآن سوى أياماً مَعْدودة على نهاية شهر الصيام. أفَكِرُ في حَينا الذي أصبح خالياً من أهله والمدينة الجميلة التي أصبحت شبه مهجورة، وآلاف الأسر السورية النازحة والمُشتتة التي تعيش في مخيمات لجوء مؤقتة في ظل ظروفٍ لا إنسانية، تكافح من أجل الحصول على وجبة إفطارٍ بسيطة.

دونو هـ

Version française du texte

La version française du texte est parue dans Voix d’Exils sous le titre « Le ramadan vu par un syrien non-musulman » le 20 juin 2017. Cliquez ici pour accéder à la version française du texte




Criminalité et migration en Suisse

Source: pixabay.com CC0 Creative Commons

Enquête – les prisons romandes paient-elles « les factures de la politique migratoire » ?

 

Franz Walter, directeur de prison, affirme que « les prisons romandes paient les factures d’une politique de l’immigration qui a des effets considérables ». Il a aussi constaté que 80% des détenus dans les prisons romandes sont des étrangers et spécifié des origines ethniques. Enquête sur ces observations et sur les effets qu’elles produisent.

Le 18 février, le journal TV de 19h30 de la RTS a interviewé Franz Walter, directeur des établissements pénitentiaires de Bellechasse (Fribourg), sur la surpopulation et l’origine des détenus dans les prisons de Suisse romande. Pendant l’émission, M. Walter a affirmé que « les prisons romandes paient les factures d’une politique de l’immigration qui a des effets considérables ». Il a aussi constaté que 80% des détenus des prisons romandes sont des étrangers et que les origines ethniques les plus représentées se trouvent dans les pays d’Europe de l’Est, l’Afrique noire et le Maghreb.

Les observations de Monsieur Walter, qui a par ailleurs commencé sa carrière dans le domaine des migrations au sein de l’Office fédéral des réfugiés, qui est entretemps devenu le Secrétariat d’Etat aux Migrations nous interpellent. Nous avons décidé de mener une enquête sur ces observations et l’effet qu’elles produisent. Précisément, nous avons : contacté l’Office fédéral de la statistique et Monsieur Walter lui-même pour procéder à la vérification des données ; contacté Philippe Gottraux, sociologue à l’Université de Lausanne et André Kuhn, criminologue à l’Université de Neuchâtel, pour nous aider à analyser les données ; étudié la couverture du sujet par d’autres médias et organisations ; et contacté le Service de lutte contre le racisme et la Commission fédérale contre le racisme pour leurs positions sur le sujet.

A la recherche des sources

S’agissant les données présentées sur les proportions des détenus étrangers et leurs origines, Monsieur Walter ne nous a ni fournis, ni aidé à établir le contact avec la personne sous la direction de laquelle ces données ont été traitées pour lui. L’OFS nous a fourni la statistique de la proportion de détenus étrangers dans les prisons latines pour la période de 2004-2017 ce qui confirme par la moyenne annuelle la donnée de M. Walter, soit 80%. Nous n’avons en revanche reçu aucune information sur les origines ethniques majoritaires des détenus dans les prisons romandes.

Mise en perspective des données de M. Walter

Dans sa communication avec Voix d’Exils, Philippe Gottraux, maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne, relève que la situation dans les prisons romandes peut être expliquée plutôt par des facteurs sociaux (situation financière, sociale, etc.) que par le statut ou par l’origine. Il suggère en outre que la discussion devrait prendre en compte les résultats des recherches connexes des sociologues et des criminologues au lieu de « désigner les étrangers comme cibles de tous les maux de la société suisse » et aller « dans le sens du discours d’une certaine droite politique ». M. Gottraux attire aussi l’attention sur l’interaction entre Monsieur Walter et la journaliste, car elle ne questionne pas les observations de son interlocuteur.

Dans son article publié dans la revue en ligne asile.ch, André Kuhn, professeur de criminologie et de droit pénal à l’Université de Neuchâtel, affirme qu’en générale, la nationalité n’influence pas la criminalité, bien que les étrangers représentent 20% de la population et 50% des condamnés en Suisse. Il explique que la considération de la corrélation entre deux phénomènes dans ce cas : la criminalité et un seul autre facteur n’explique rien, mais peut conduire à des conclusions politiques. Donc, il faut considérer tous les facteurs en même temps. Dans l’ordre d’importance, il identifie : le sexe, l’âge, le niveau socio-économique et le niveau de formation. Le professeur assure que la nationalité n’explique pas la criminalité, tout comme la taille de la personne ne l’explique pas. La nationalité ainsi que la taille sont déjà compris dans les autres facteurs. Considérant ces autres facteurs, les criminels sont plutôt des jeunes hommes défavorisés et moins bien formés. Il conclut que pour la prévention du crime, les actions sociales et éducatives sont à prendre en considération en priorité au lieu de pointer les migrants.

Dans sa communications avec Voix d’Exils, le professeur Kuhn constate en outre que le niveau des étrangers dans les prisons romandes étant plus élevé que dans le reste du pays comme le résultat d’une politique de migration différente en Suisse romande que dans d’autres régions de Suisse n’est pas vérifiable. Ceci n’est qu’une hypothèse. Et la différence entre 50% des étrangers dans les condamnations et 80% dans les prisons montre que « le système pénal ne fonctionne pas de la même manière pour les étrangers que pour les Suisses » et les étrangers sont plus souvent condamnés à la prison.

Du pain béni pour les organisation de droite anti-immigration

Les observations de Monsieur Walter n’ont pas été abondamment couvertes par les médias. Concernant la différence entre les proportions d’étrangers dans les condamnations (50%) et les détenus (80%), un article paru dans Le Courrier semble donner une explication. Il souligne que la liberté conditionnelle n’est pas accordée aux étrangers sans statut de séjour, car ceux-ci, sans moyens de subsistance, « plongeraient dans la délinquance ». A part cet article, l’information a été partagée par des journaux ou organisations de droite anti-immigration, tels que :

Donc, sans surprise, ce sont des organisations de droite anti-immigration qui ont profité et relayé les observations de M. Walter pour faire avancer leurs agendas anti-migratoire.

S’agissant du Service de lutte contre le racisme et de la Commission fédérale contre le racisme, ces organismes n’ont pas voulu se prononcer sur le sujet.

M. Walter, un employé du secteur public, a exprimé de tels propos dans un média public un dimanche soir quand beaucoup de monde était devant la télé. On peut imaginer l’impact d’une telle intervention. Pourtant, il n’est pas un expert, et la journaliste de la RTS a accepté ses observations sans les contrebalancer ou les questionner. Je pense que les observations de Monsieur Walter, la manière dont la statistique a été présentée, le dispositif choisi de présentation peuvent attiser la haine en Suisse romande envers les immigrés en général et envers des origines spécifiques.

MHER

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 

 

 

 

 




« Même pas si différents »

Source: ferme-asile.ch.

Valais – Une fête à ne pas manquer le 9 juin à Sion

Le 9 juin prochain, l’association RAJO organise une journée de fête à La Ferme-Asile, à Sion. Au programme : musique, animations, cuisines et langues du monde !

L’association RAJO – « espoir » en Somali – s’engage en faveur des droits de l’enfant et de l’éducation. Elle vise à permettre un accès durable des enfants (garçons et filles) à la scolarité ainsi qu’à la formation professionnelle de base des adultes, particulièrement des femmes.

Le 9 juin, vous apprendrez certainement à dire « bonjour » de toutes sortes de manières et vous conviendrez que, tous, nous ne sommes « même pas si différents » les uns des autres.

Ce sera j’en suis sûre une belle fête. C’est ouvert à tout le monde et, très important, les animations et les concerts sont GRATUITS.

Venez nombreux faire la fête avec RAJO!

Askal Hailu

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Le programme

Comment s’y rendre?

En transports publics:

Descendre à l’arrêt Pont du Rhône

Cars postaux : 361/362, 363, 381, 386

Bus sédunois : BS2, BS5

Theytaz Excursions : TH371

A pieds:

la Ferme Asile se trouve à  à 20 minutes de la gare. Voir la carte Google Maps ici




Les réfugiés Erythréens se mobilisent

 

Manifestation pour l’Erythrée. Photo: rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Retour sur la manifestation d’opposition au projet de levée de l’admission provisoire des Erythréens réfugiés en Suisse

 

Face à l’intention de la Confédération de lever l’admission provisoire de quelque 3200 ressortissants Erythréens, une grande manifestation s’est tenue à Berne le 18 mai dernier pour s’opposer à ce projet.

Le 18 mai 2018, je me suis mêlée aux milliers d’Erythréens qui convergeaient vers la place fédérale à Berne. Ils venaient de tous les cantons pour se joindre à la manifestation organisée en faveur du droit d’asile des Erythréens.

Encadrés par la police, nous n’étions pas seuls : il y avait aussi des journalistes, des citoyens suisses, des membres d’associations humanitaires sensibles à la situation en Erythrée. Sur les banderoles et pancartes portées par les manifestants on pouvait lire :

« Nous sommes des réfugiés politiques et non des migrants économiques »

« Asile en CH pour les Erythréens »

« Pour une Suisse qui respecte les droits humains ! »

« Pour une politique d’asile digne de la Suisse »

Manifestation pour l’Erythrée. Photo: rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Les manifestants ont témoigné sur la situation réelle qui prévaut en Erythrée, puis ils ont remis une pétition signée par 12 000 personnes à la ministre de la Justice, Madame Simonetta Sommaruga.

Au fil des interventions des différents orateurs, j’ai retenu les points forts suivants :

  • Comment peut-on accepter que les jeunes Erythréens soient soumis au service militaire pendant plus de 10 ans ?
  • Comment peut-on envisager de renvoyer les Erythréens alors que les ONG et le Haut-Commissariat des Nation-Unies reconnaissent que la situation est dangereuse en Erythrée?
  • Depuis l’indépendance de l’Érythrée en 1993, il n’y a pas d’élection présidentielle, il n’y a pas non plus de presse libre.
  • Certaines personnes sont en prison depuis plus de 18 ans.
  • Est-ce que les vies que nous avons perdues sur le chemin de l’Europe ne signifient rien ?

Manifestation pour l’Erythrée. Photo: rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Tous ensemble, nous espérons. Demain est un autre jour. Nous attendons que notre voix soit entendue.

Mebrahtu Kokob

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

A lire aussi:

Manifestation de soutien aux Erythréens réfugiés en Suisse, Article paru dans Voix d’Exils le 15 mai 2018.