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Mille kilomètres pour les droits et la dignité des migrants

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Photo: la rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Une étape en compagnie des marcheuses et des marcheurs de la « Bainvegni fugitivs marsch »

La « Bainvegni fugitivs marsch »  (La Marche pour les droits et la dignité humaine) est une marche citoyenne de mille kilomètres qui a traversé la Suisse du 14 octobre au 10 décembre 2017. Sa revendication : « pour les droits et la dignité de tous les êtres humains et pour une politique migratoire plus humaine ».

Partie de Bellinzone, ce mouvement citoyen dénonçant « une politique d’asile toujours plus restrictive » et se posant comme solidaire « avec celles et ceux qui arrivent dans notre pays à la recherche d’une terre d’asile » est passé par le canton du Valais. L’occasion pour Voix d’Exils de rencontrer les marcheurs et de parcourir un bout de chemin avec eux entre Sierre et Loèche à travers le bois de Finges.

Lisa Bosia Mirra : une militante courageuse et déterminée

L’initiative de ce projet revient à Madame Lisa Bosia Mirra. Députée socialiste au Grand Conseil tessinois, fondatrice de l’association FIRDAUS (paradis en arabe), une ONG venant en aide aux migrants, Lisa a aussi travaillé 15 ans durant comme assistante sociale auprès des réfugiés. Ce parcours cohérent a fait naître et a nourri en elle une sensibilité aiguë face « aux injustices dans le droit d’asile et l’application des conventions internationales ».

 « Les migrants ont de la peine à s’engager pour leurs droits »

C’est en participant à une marche similaire à Berlin qu’elle a cueilli la graine qui a fini par germer à Bellinzone. Interrogée sur le pourquoi de cette marche en terre helvétique, Lisa répond : « Nous marchons pour atteindre deux buts : partager l’effort que les gens doivent endurer pour arriver en Suisse et mettre en réseaux les petites associations qui travaillent dans les villages ». Il est vrai que la distance a usé les souliers, mais les cœurs sont restés vaillants car, reconnaît Lisa « sur notre passage l’accueil est chaleureux et l’engagement des jeunes, des femmes à la retraite, des bénévoles et des petites associations est palpable. L’effort que ces gens font réchauffe le cœur ».

Même si, sur leur itinéraire, plus de trente nationalités de requérants d’asile ont pu cheminer avec le groupe de citoyennes et citoyens, beaucoup reste à faire car, note Lisa : « les migrants ont de la peine à s’engager pour leurs droits ». Elle s’adresse ensuite à la rédaction de Voix d’Exils : « c’est bien que nous marchions, mais ce serait mieux que ce soit vous qui le fassiez ». En passant les nuits dans des bunkers, des salles de sport, des églises et des maisons privées, les marcheurs ont essayé de se mettre à la place des migrants, bien qu’il eût été préférable de partager la nuits avec les migrants. Ce qui laisse Lisa sur sa faim concernant l’investissement des requérants d’asile : pour elle, « dormir dans un bunker ce n’est pas un problème, mais si tu y dors avec quelqu’un qui y a séjourné toute une année, tu le ressens autrement ».

Photo: la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

« Quand on fuit, on ne choisit pas le temps qu’il fait »

Dans la matinée du dimanche 3 décembre 2017, une soixantaine de personnes – dont des associations soutenant la marche ainsi que des citoyennes et citoyens acquis à la cause des migrants et des requérants d’asile – ont rejoint le noyau des marcheurs sur un chemin allant de Sierre à Loèche via la forêt. A l’habitude de voir la forêt, le désert et la mer se transformer en cimetières pour les migrants, ce jour la nature a été l’antidote à ces lieux cauchemardesques, puisque les hominidés, les canidés et les camélidés se sont donnés rendez-vous pour marcher dans l’une des grandes pinèdes d’Europe, en faveur des droits des migrants. Les amateurs de sports du dimanche et de parcours vita étaient émerveillés devant cette caravane en quête de respect et de dignité humaine.

Malgré un temps maussade, la forêt, par son calme apaisant, a pu offrir un cadre de sérénité, permettant d’échanger de manière rapprochée sur cette aventure à portée hautement humaine. A la question de savoir pourquoi le choix s’est orienté sur cet intervalle de temps où les pas de l’automne frissonnent avec ceux de l’hiver, Louisella Manzambi, marcheuse, dit que cette interrogation revient maintes fois et la réponse de Lisa est toujours la même : « quand on fuit, on ne choisit pas le temps qu’il fait ».

Une escale réparatrice

Après trois heures de marche et 850 kilomètres au compteur pour ceux qui ont pris le départ à Bellinzone, la caravane s’est arrêtée à la cantine du terrain de foot de Susten/Leuk pour un pique-nique et une soupe à la courge. Tayifuni et Alisha, les deux chamelles, ont alors regagné leur enclos à Susten. Une fois sustentés, une grande partie des participants ont pris congé des marcheurs, laissant ces derniers poursuivre les étapes suivantes. Le bilan du passage de la marche en Valais est positif grâce à Amnesty International Valais-Central, au groupe Eglises-Migrants et à la mobilisation de nombreuses autres associations. Quant à la fructification de cette graine semée tout au long des mille kilomètres parcourus, l’espoir serait peut-être dans cette phrase de Lisa : « s’il y a 20 personnes qui marchent, cela ne fait pas grand bruit. Il faudrait que 200 requérants d’asile marchent, alors là ça ferait du bruit ».

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 

 



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