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Le journal de #MadameÉtrangère

Auteure: #MadameÉtrangère

#MadameÉtrangère: les derniers épisodes


Découvrez chaque semaine, sur le profil Facebook de Voix d’Exils, les pensées farfelues, parfois brutes mais toujours sincères de Madame Étrangère, une requérante d’asile vivant dans le canton de Vaud.

Mardi 30 mai 2017

****Orchestre, la musique !****

Il n’y a pas de phrase que les migrants entendent plus fréquemment que « Il faut se battre, il ne faut pas baisser les bras ! » Mais quand, pendant des années, tu tiens les bras levés, ils s’engourdissent.

Je suis fatiguée, mortellement fatiguée…

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Les habits de parade !

En ligne sur le pont !

Levez le drapeau !

Messieurs les officiers !

On s’est battu avec dignité ! Et avec la même dignité on s’en va au fond de la mer !

Sabordons-nous !

Ouvrez les voies d’eau !

Orchestre, la musique !

Auteure: #MadameÉtrangère

Mercredi 31 mai 2017

****Oh, les femmes !****

Ma copine (requérante d’asile) se plaint :

  • C’est insupportable ! Il me demande « Qu’est-ce tu as fait hier ? » Je dis « J’étais à la piscine. » Lui «Oh ! Super ! Tu y vas souvent ? » Moi « Non, c’est trop cher. » Lui, il m’a dit « Si tu veux, je pourrais t’acheter un abo pour tout l’été » Pourquoi il a dit ça ? Parce qu’il pense que je l’ai dit exprès pour mendier quelques sous ? Il pense que je suis malhonnête ?! Il pense que je suis pauvre et maligne !? Il pense « Voilà, elle est requérante d’asile et du coup elle est comme ça… pauvre…maligne… misérable… minable… En fait, il a voulu dire que je suis nulle ! ………. »

J’écoute, je fume et je réfléchis… Oh, les femmes ! Qui nous a inventées ? Si c’est Dieu, il a pensé avec quelle partie de son anatomie ? Vraiment pas avec son cerveau…

Auteure: #MadameÉtrangère

 

Le journal de #MadameÉtrangère

Jeudi 4 mai 2017

****Deviens un vrai lausannois !****

L’avantage d’avoir de grands enfants qui se réveillent avant toi : c’est eux qui s’occupent du petit-déjeuner. Je me lève et il m’attend déjà : du thé, deux biscuits et un petit bout de chocolat sur la table.

Il pleut, il fait froid… Pour 2017, le printemps est annulé…

La question primordiale pour les migrants : l’intégration. Si tu habites à Lausanne, deviens un vrai lausannois ! Je pense qu’il ne faut pas négliger l’apparence. Le Lausannois moyen ne se préoccupe pas de se tenir droit. La lausannoise moyenne ne porte presque jamais des escarpins aux talons hauts, même si elle en achète, elle les enterre dans son dressing.

Auteure: #MadameÉtrangère

 

Mercredi 22 juin 2017

****Tout le monde a le droit d’être un migrant !****

Les enfants m’ont proposé de passer samedi (c’est dans deux jours) en plein air: profiter du bon temps et célébrer la fin les examens du gymnase. On n’a pas de moyens pour faire une grillade, mais on en a le droit. Même que tu ne peux pas en jouir, c’est bien de l’avoir.

Toutefois, il ne faut pas se relaxer et arrêter de se battre pour « les droits de tous ».

Bientôt, on fêtera la première année d’un évènement qu’on peut considérer comme « un petit pas pour l’Homme, mais un bond de géant pour l’humanité ». Au mois d’août 2016, les journaux rapportaient qu’en Allemagne un touriste chinois s’était rendu à la police pour annoncer le vol de son portefeuille. Il parlait ni allemand ni anglais et pensait signer une déclaration de perte pour son portefeuille volé. Il s’agissait en fait d’une demande d’asile. Pris pour un migrant, il a passé plusieurs jours dans un centre de réfugiés.

Enfin les structures étatiques ont présenté un front uni avec « les droits de tous » !

Parce que tout le monde a le droit d’être un migrant !

Bon… Au moins de passer quelques jours dans un centre de réfugiés.

Auteure: #MadameÉtrangère

 

 




600’000 Syriens rentrent en Syrie

le long tunnel symbolisant le retour de l’exil vers un horizon inconnu (license creative commons, CC0 1.0 universel)

600’000 Syriens déplacés sont rentrés chez eux pour retrouver leur habitat, ou ce qu’il en reste

Qu’est-ce qui pousse des personnes déplacées, arrachées de force à leur terre d’origine, à rentrer chez elles, alors que la guerre sévit encore et que ruines et désolation les attendent ?

Entre janvier et juillet 2017, environ 600 000 réfugiés Syriens déplacés sont rentrés chez eux, indique un rapport publié par l’Organisation internationale pour les migrations (l’OIM). Selon le rapport, 93% des rapatriés ont été déplacés à l’intérieur du pays et les 7% restants sont revenus de Turquie, du Liban, de la Jordanie et d’Irak. Les chiffres estimés montrent les éléments suivants :

405 420 personnes sont retournés au gouvernorat d’Alep.

27 620 au gouvernorat d’Idleb

75 209 au gouvernorat de Hama

45 300 au gouvernorat d’Ar-Raqqa

21 346 au gouvernorat rural de Damas

27 861 à d’autres gouvernorats

D’autre part, il y a toujours un pourcentage élevé de déplacements. Au cours du premier semestre de l’année 2017, environ 800 000 personnes ont été déplacées pour la deuxième ou troisième fois. Cependant, cette tendance, selon le rapport, ne peut être considérée dans le cadre d’une solution durable dans le pays.

Source : https://www.iom.int/fr/news/plus-de-600-000-syriens-deplaces-sont-rentres-chez-eux-dans-les-sept-premiers-mois-de-2017

Commentaire

« Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent. » Jean-Paul Sartre

Je ne sais pas si cette nouvelle est encourageante, mais en tant que Syrien, je sais avec certitude que les Syriens, en particulier les réfugiés, déplacés à l’intérieur et à l’extérieur, sont fatigués de ce cercle vicieux, de cette guerre qui est entrée dans sa septième année et qui a dévasté tout aspect humain. Ils ont perdu confiance en tout et tout le monde.

Trahis par la communauté internationale, abusés par les politiciens et les passeurs et exploités par la propagande sale de la guerre de toutes les parties belligérantes, ces Syriens, fiers et ingénieux, préfèrent vivre ou mourir dans les ruines de leurs maisons démolies plutôt que de supporter plus d’humiliation et d’exploitation.

Hayrenik Dono

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




S’aider soi-même en aidant les autres

La bibliothèque de la Chaux-de-Fonds. Photo: rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

Témoignage

Abdullahi Osmail a reçu un soutien important de Caroline Buit, bibliothécaire à la Chaux-de-Fonds, dans une démarche personnelle d’écriture. Touché, il fait part de sa volonté d’aider à son tour d’autres requérants, comme il a pu être aidé.

J’ai commencé à prendre des documents de français à la bibliothèque de la Chaux-de-Fonds où je travaille mon français depuis trois ans. Quand j’ai rencontré des difficultés dans mes devoirs, je n’ai pas hésité à demander de l’aide aux bibliothécaires. Durant une année et demie, j’ai écrit un livre dans ma langue qui raconte mon histoire. J’ai demandé à une bibliothécaire de m’aider à traduire ce livre. Elle a accepté ma requête. Elle m’a consacré son temps libre pour travailler avec moi.

Dans un premier temps je traduisais tout seul. Cela m’a beaucoup aidé à progresser dans la langue française. J’ai tellement écrit que ça m’a fait de la corne au bout du doigt ! Cette personne corrigeait ma traduction, en même temps elle me posait des questions pour développer ou préciser certains points. Nous avons développé beaucoup de complicité, j’ai beaucoup apprécié son intérêt et son écoute sincère. Une grande confiance s’est installée entre nous, j’ai pu lui parler des émotions que j’avais à cause de mon histoire. Cela m’a beaucoup aidé à me sentir mieux et à traverser les moments difficiles.

Comment j’aide les autres migrants ?

Depuis le début il y avait des requérants d’asile qui ne connaissaient pas la bibliothèque où je travaillais mon français. Je leur ai expliqué qu’il y avait un endroit où j’étudiais et qu’ils pouvaient y venir pour emprunter des livres en français qui sont assez faciles et très efficaces. Ils n’avaient pas de carte de la bibliothèque, alors ils ont rempli un formulaire pour pouvoir emprunter des documents. Maintenant, il y a beaucoup de requérants d’asile de différents pays qui viennent régulièrement à la bibliothèque. Je leur donne un coup de main pour leurs devoirs et pour faire de la conversation. Je le faisais bénévolement, mais ils m’ont proposé de me donner en échange un peu d’argent selon leurs moyens.

Pourquoi je les aide ?

J’aimerais aider les autres car j’ai été aidé. Je leur apprends le français et je les aide à s’intégrer dans cette ville. Quand on est réfugié, il faut que nous puissions parler le français et avoir des contacts avec les gens du pays. Quand vous avez bien appris le français, vous avez la possibilité de trouver une place d’apprentissage ou bien une formation.

Moi aussi j’ai appris beaucoup avec cette expérience et j’ai amélioré mes compétences en français. Partager ses pensées et rencontrer d’autres cultures permet de se sentir utile, plus ouvert et heureux.

Abdullahi Osmail,

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

 




Le journal de #MadameÉtrangère

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Mardi 13 juin 2017

****Mes chers néophytes !****

(Un néophyte désigne à l’origine dans l’Église chrétienne une personne récemment baptisée ; un néophyte est, par analogie, une personne nouvellement entrée dans un parti, une association, un groupe quelconque)
Une fois par mois je vais en formation. Là-bas je peux voir des néophytes: mes amis migrants qui vivent en Suisse romande depuis très peu de temps et qui sont déjà devenus des « patriotes » ardents de leurs cantons.
Madame R (venue d’Algérie) – « Toutes les meilleures choses de la Suisse se trouvent dans le canton de Neuchâtel.»
Par ça elle a voulu dire « Vous habitez dans un autre canton ? Les malheureux ! »
Monsieur T (venu d’Afghanistan) – « Vous avez la montagne et le lac? Et alors ?! En Valais on en aussi, mais en beaucoup, BEAUCOUP plus beaux ! »
Par ça il a voulu dire « Les pauvres, mourrez de la jalousie ! »
Monsieur L (venu de Guinée-Bissau) – « Tu n’as jamais été à Lausanne ?! Ah bon ?! »
Par ça il a voulu dire «Toutes mes condoléances, ma chouchou ! »
Ces symposium de nouveaux habitants de Suisse romande ont lieu pendant les pauses de notre formation.
Dans le discours de clôture je tiens à dire « Mes chers néophytes, que Dieu nous fournisse des permis de séjours ! Amen

Auteure: #MadameÉtrangère

 

Jeudi 15 juin 2017

****L’homme bien a pris ombrage****

Je me sens horriblement mal. Hier j’ai vexé un homme bien. Par mégarde, sans le vouloir, par accident, sans intention.
Dans tous les pays, les habitants de régions différentes se taquinent, ça existe aussi en Suisse. J’ai été stupide, j’ai reproduit une plaisanterie que j’ai entendue de Genevois et de Neuchâtelois, visant les habitants d’une ville dont je tairai le nom. L’homme bien a pris ombrage. Il a dit que les Suisses ont le droit de plaisanter, mais moi, non, car je suis une migrante : « En te permettant de répéter ces clichés, tu as détruit les liens entre nous ! »
Maintenant je me réprimande. Pourquoi j’ai plaisanté ???!!! Comment j’ai pu oublier que « Quod licet Iovi, non licet bovi » (Le proverbe latin « Quod licet Iovi, non licet bovi » : « Ce qui est permis à Jupiter ne l’est pas aux vaches » ou « Ce qui est légitime pour Jupiter ne l’est pas pour les bœufs. »)
Je voudrais me réconcilier avec cet homme bien que j’ai blessé par hasard si profondément et reconstruire nos liens. Lundi prochain, je dois faire quelque chose de bien pour lui.
D’abord je renoncerai publiquement à tous les clichés, ensuite je lui jurerai que je ne plaisanterai plus jamais. Et bien sûr, pour prouver mon sérieux et faire amende honorable, je lui dirai qu’il est beau comme l’Apollon du Belvédère (Apollon est le dieu grec de la musique, du chant et de la poésie. Il est aussi connu pour être le plus beau des dieux grecs.) Je pense qu’après cela il me pardonnera.

Auteure: #MadameÉtrangère

 

Vendredi 16 juin 2017

****Des cadeaux extrêmement intéressants et « nécessaires »****

Il fait +28°. Qu’est-ce que j’ai prévu pour ce week-end ? Passer voir mes copains et faire semblant que tout va bien. C’est mon caractère stupide. Ma copine sait parler de la vérité sur sa vie. Du coup, elle reçoit de l’aide et parfois des cadeaux extrêmement intéressants et « nécessaires ».
Par exemple, pendant plusieurs mois, sa voisine après le nettoyage de son frigo, apportait à ma copine des aliments périmés. On avait alors l’opportunité d’étudier la chimie. Quels produits et comment ils se décomposent.
Une autre fois, un Monsieur lui a offert une balance. « Tiens. Je m’en suis acheté une neuve. Et celle-ci, même si elle a plus de 15 ans, peut te servir encore. De temps en temps elle ne marche pas, mais tu la secoues et ça va».
Ma copine a mis cette balance au vestibule du foyer de Crissier, parce que secouer quelque chose et se peser avant d’aller au Service de la population, c’est exactement ce dont nous avons tous besoin.

Auteure: #MadameÉtrangère

Mardi 21 juin 2017

****L’un n’empêche pas l’autre****

Je ne suis pas allée en formation, je me sens très mal. C’est affreux d’avoir de la fièvre alors que la température dehors affiche +30°. Il ne reste plus qu’à se détendre et à réfléchir à des valeurs éternelles…
Ma copine a entrepris l’étape finale de l’éducation de son fils de 22 ans.
– Tu as 22 ans. Déjà 22 ans ! Il faut commencer à penser au mariage. Tu sais compter ? Compte ! Si tu te maries à 23, tu auras le premier enfant à 24 ans, le deuxième enfant à 26 ans et le troisième enfant à 28 ans… Tu me suis ? Qu’est-ce que tu dis ? Tu es encore jeune ? Et c’est bien ! Donc tu es plein de force et de courage pour élever ces enfants. Tu veux encore aller à l’université ? Vas-y ! Les enfants n’empêchent pas ça. On va te soutenir. Après tu veux trouver un bon job ? L’un n’empêche pas l’autre. Tu veux encore voyager ? Les enfants ne sont pas des obstacles. Tu veux te réjouir de la vie? C’est super bien ! Parce que les enfants, sont la joie principale et le sens de la vie. Quoi encore ?….. L’un n’empêche pas l’autre. Et encore quoi ?… L’un n’empêche pas l’autre. Encore ?!… L’un n’empêche pas l’autre……………..

Maintenant son fiston est à la recherche d’une fiancée.
Et ma copine, à la question «Qu’investissez-vous dans l’économie de votre pays de résidence ? », peut répondre « Au présent, les enfants – 4 produits issus de la collaboration matrimoniale. Au futur, les petits-enfants – provisoirement 12 produits issus de la même collaboration »

Auteure: #MadameÉtrangère

 

 

 




Essayer jusqu’au succès

Photo: rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

Le dossier de la rédaction: les migrants entrepreneurs

Les difficultés rencontrées en tant qu’étranger et le drame d’avoir perdu une jambe n’ont pas su venir à bout de l’espoir de Hassan.

Hassan Ibrahim Mohamad, d’origine kurde d’Irak, est né à Dhok dans une famille engagée en politique. Il a un frère et quatre sœurs. Quand il était enfant, il a perdu une jambe à cause d’une mine. Il a fait 6 ans d’école. Ensuite il a appris le métier de coiffeur chez son oncle. Puis il a dû quitter son pays pour des raisons politiques. Il vit à aujourd’hui à Neuchâtel depuis 14 ans où il a développé ses activités. Il parle 5 langues : le kurde, l’arabe, le turc, le français et l’allemand.

Nous l’avons rencontré dans son salon à Neuchâtel pour lui poser quelques questions sur son parcours.

Voix d’Exils : Depuis votre arrivée en Suisse, qu’avez-vous fait ?

Hassan Ibrahim Mohamad : Quand je suis arrivé en Suisse en 2003, je ne connaissais personne et je ne parlais pas le français. Après un séjour dans un premier centre en Suisse, j’ai été envoyé aux Verrières dans le canton Neuchâtel dans un centre de premier accueil. J’y suis resté 6 mois et on ne pouvait pas sortir à cause de la neige et des intempéries. J’ai demandé à mon assistant qu’il me prête une tondeuse en lui disant que j’étais coiffeur. A partir de ce moment, j’ai pu pratiquer mon métier gratuitement dans le centre pour passer le temps. Après j’ai été transféré à Corcelles dans un appartement. Quelques fois j’allais chez des amies pour leur faire une coupe de cheveux à prix réduit.

Comment vous est venue l’idée de devenir un coiffeur indépendant ?

J’ai réfléchi et j’ai constaté que j’avais les capacités et l’expérience pour améliorer ma situation. Au début, j’ai cherché sans succès jusqu’au moment où j’ai trouvé par hasard un fauteuil de coiffeur dans un petit local dans un magasin de vêtements à Neuchâtel et je l’ai loué. J’ai travaillé là et j’ai eu très vite beaucoup de clients. Après, grâce à mon meilleur ami Kamaran, j’ai trouvé un salon à la Chaux-de-Fonds que j’ai loué en 2007. À partir de ce moment je suis devenu indépendant. On a bien travaillé et on a eu beaucoup de clients et c’est ainsi que j’ai appris le français. En 2010, j’ai ouvert un nouveau salon à Neuchâtel mais, en 2011, comme j’étais fatigué par les déplacements, j’ai cédé le salon de la Chaux-de-Fonds à mon ami Jalal. Au début, j’avais trois fauteuils donc trois employés et maintenant j’en ai cinq et cette année j’ai ouvert une entreprise de déménagements et de nettoyages qui s’appelle SRL (NDLR : Grâce à ses succès dans ses activités, Hassan a pu embaucher neuf personnes : cinq coiffeurs et quatre déménageurs.)

Photo: rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

 

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontré ?

Mon grand souci c’était de ne pas parler français et c’est pour cela que je ne trouvais pas de travail.

Quel est votre conseil pour les nouvelles personnes migrantes qui arrivent en Suisse ?

Premièrement, il faut savoir parler la langue du pays, c’est la clé qui ouvre toutes les portes du travail et qui montre nos capacités, et grâce à ça on peut s’intégrer dans la société Suisse.

Que pensez-vous de la Suisse ?

J’ai beaucoup voyagé en Europe mais c’est en Suisse que j’ai ressenti le plus de sécurité. La Suisse est un petit pays mais grand à l’intérieur. La Suisse a de très beaux paysages et elle a des habitants fidèles aux valeurs du pays.

Est-ce que vous avez déjà pensé à retourner dans votre pays d’origine ?

Au début j’ai réfléchi, et j’ai pensé repartir quand mon pays serai en paix mais j’ai deux enfants qui sont nés en Suisse. Quand je vais en vacances pour trois semaines dans mon pays d’origine, mes enfants demandent toujours : « Papa, quand est-ce qu’on rentre à la maison ? » La Suisse est leur pays.

Je considère moi aussi la Suisse comme mon pays, car elle m’a donné tous mes droits. Je resterai fidèle à la Suisse, je ne la laisserai jamais.

Revan Noori

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils