1

Qui vole le pétrole du Kurdistan irakien ?

Photo : auteur Aso Ali, photographe irakien. Photo prise à Kalar, 2005. Photo primée en novembre 2012 au Kurdistan, Heartland Alliance.

Photo : auteur Aso Ali, photographe irakien. Photo prise à Kalar, 2005. Photo primée en novembre 2012 au Kurdistan, Heartland Alliance.

De la fumée pour les habitants, le pétrole pour les dirigeants !

Les difficultés de la vie quotidienne au Kurdistan irakien sont nombreuses. Par exemple les habitants doivent courir derrière les camions citerne quand arrive l’été pour se procurer du pétrole afin de se chauffer durant l’hiver. Si on ne parvient pas à en trouver en été, on risque de mourir de froid ou alors de devoir l’acheter à un prix exorbitant.

En 2016, le gouvernement kurde n’a pas livré une goutte de pétrole à la population bien qu’il ait encaissé l’argent que les gens avaient versé pour l’obtenir. Et sur le marché libre, le prix du pétrole est monté à 110 dollars le baril. Les gens n’ont pas pu l’acheter à un tel prix notamment parce que les salaires n’ont été versés que partiellement par le gouvernement. En raison de cette situation, chaque jour des gens risquent de mourir de froid comme ce fut le cas en janvier 2017 où, dans la ville de Sulaymainia, plusieurs personnes ont péri. J’écris ça parce que j’ai grandi avec les maux de mon pays ayant vécu à Sulaymania où habite encore une partie de ma famille.

Le Kurdistan Irakien regorge de pétrole

Et pourtant, le Kurdistan irakien est très riche en ressources naturelles : le pétrole et le gaz. Pour les seules villes d’Erbil, Dhok et Sulaymania on compte une réserve de plus de 45 milliards de barils de pétrole. A quoi s’ajoutent les champs de Kirkuk, d’Hamrin, de Bay Hasan et de Xanaqine qui sont revendiqués par l’Irak et le Kurdistan irakien. Après l’arrivée de Daech en Irak, cette région a été dirigée par le Kurdistan irakien. Elle contient à elle seule une réserve de 25 milliards de barils. Pour comprendre ce que ce chiffre signifie, on peut rappeler qu’en Irak, de 1934 à aujourd’hui, on a extrait 9 milliards de barils. Par ailleurs, dans les villes d’Erbil, de Dhok et de Sulaymania on a 5,7 billions de m3 de gaz naturel soit les 3% de la réserve mondiale.

La mainmise de la famille Barzani

Malgré ces immenses ressources, la population n’obtient pas de pétrole pour le chauffage, car le pays est dirigé, depuis 26 ans, par la famille Barzani qui est un vrai cauchemar pour la population qu’elle prive des richesses naturelles du pays. Cette famille dirige un parti politique (le PDK) qui détient, de notoriété publique, une fortune énorme, ce qui fait de lui le parti le plus riche du monde. « Si vous ne marchez pas avec les autorités, il est impossible de faire du business » comme l’affirme Niazy Brahim ingénieur et homme d’affaires d’Erbil. Il est seul à décider de tout ce qui touche à l’exploitation du pétrole et du gaz. Ainsi il a signé un contrat d’une durée de 50 ans avec la Turquie pour le transport et la vente de pétrole, sans consulter aucun des autres partis politiques. Depuis les 26 ans qu’elle est au pouvoir, elle n’est toujours pas rassasiée par les richesses du pays qu’elle s’approprie. Et en plus, elle est en train de vendre le pays. Comme on peut le lire dans un rapport publié sur Wikileaks qui révèle que Ashti Hawrami, ministre des ressources naturelles du Kurdistan irakien, en date du 19 mars 2016, a envoyé un e-mail à Birat Bairaqdar ministre de l’énergie et des ressources naturelles de Turquie pour lui proposer la vente de quelques champs de pétrole pour 5 milliards de dollars. On peut vraiment dire que le pétrole est un cadeau empoisonné pour les habitants du Kurdistan irakien. Pour moi il y a encore un espoir. Comment rendre propre mon pays ? L’unique solution c’est la révolution.

Un billet de

Revan Noori

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils