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Présidence perpétuelle en République démocratique du Congo ?

Le 20 septembre dernier, Voix d’Exils interrogeait sur les ondes de Radio Django le journaliste congolais Germain Dimbenzi Bayedi au sujet de la mainmise de Joseph Kabila, l’actuel président de RDC Congo, sur le pouvoir. Confiscation du pouvoir avérée, puisque l’élection présidentielle qui était prévue en décembre de cette année a été reportée la veille au 29 avril 2018.

Ecoutez l’interview en cliquant ici




The rise and fall of a city in the endless Game of Thrones

la ville de Qamishili. Source: page Facebook de Qamishili.

la ville de Qamishili. Source: page Facebook de Qamishili.

An important part of my job as a legal translator in my city Qamishli, situated in north-eastern Syria on the border with Turkey, was working with asylum-seekers and refugees, especially Iraqis who had fled their country following the American invasion in 2003 and wanted to find refuge in the asylum countries. 

I was preparing their dossiers: translating the documents, fixing appointments with the embassies, filling the formulas etc. Hundreds of families came to my office, each had an extremely painful story of deportation, persecution and displacement. It was very distressing to hear the narratives of these unfortunate people, who once had lived a fairly stable and comfortable life, then all of a sudden their world turned upside down and having lost everything they found themselves homeless refugees in other countries.

Being myself a descendant of a refugee family, their stories were not totally strange to me. My grandfather was the only survivor of an extended family massacred during the Armenian genocide perpetrated by the Ottoman government against the Armenians and the other Christians of Turkey during and after the World War I. In 1920, like many of his compatriots, my grandfather could only survive by miracle, traversing on foot the enormous territory separating his ancestral village situated in the province of Diyarbakır in southeaster Turkey and the Syrian border town of Ras al Ayn. Therefore, tales of displacement and mass killing had always haunted my memory since I was a child.

Nevertheless, putting myself then in the shoes of the Iraqi refugees, I could not help thinking of what might happen to me and my family had we experienced the same devastating war in Syria? The mere thought of it was terrifying and nightmarish.

But, what I then thought as something incredible soon became a reality in 2011. The civil war started in Syria and the Pandora box, with all the evils of the world, was opened widely. This time, the troubled faces of my countrymen started streaming into my office, carrying alongside their precious documents, gruesome stories of kidnappings, lootings and killings as the entire security system in the country collapsed, the vital services completely crumpled and considerable territories surrounding the city fell into the hands of Daesh ISIS.

Ironically, the grandchildren of the refugees who one hundred years ago had founded this beautiful frontier city as a safe haven from persecution, were now frantically fleeing from the impending apocalyptic devastation and killing, by seeking refuge in Sweden, Germany and other European countries.

The lights of the lively, multi-ethnic, prosperous city of Qamishli suddenly dimmed, the buzzing activities died down and the streets became deserted and lifeless.

Another sad story of the rise and fall of a city in the endless game of the thrones.

DONO Hayrenik

Membre de la redaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos:

Version française de l’article parue le 21.09.2016 sur voixdexils.ch




« Le climat actuel autour de la migration incite les autorités à prendre des décisions incompréhensibles »

Fatxiya Ali Aden. Photo: rédaction valaisanne de Voix d'Exils

Fatxiya Ali Aden. Photo: rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Fatxiya Ali Aden, de nationalité suisse et somalienne est assistante sociale au Centre Suisse-Immigrés (CSI) à Sion. Active auprès des migrants dans le Valais central depuis 1984, l’association Centre Suisses-Immigrés (CSI) offre notamment une permanence juridique. Rencontre avec une battante passionnée par son métier.

Voix d’Exils : Qu’est-ce qui vous a motivé à vouloir aider des réfugiés à travers le travail que vous faites au CSI?

Fatxiya : Cela ne s’est pas fait tout de suite. Enfant, je voulais travailler dans le milieu médical. C’est plus tard que je me suis orientée vers l’aide aux personnes migrantes.

En quoi consiste votre travail ?

Depuis 2007, mon travail consiste à soutenir les personnes migrantes en difficulté pour des motifs liés à leur statut juridique. Avant tout, il s’agit de les informer sur les possibilités de recours qui existent par rapport aux décisions qu’elles ont reçues.

Subissez-vous des pressions ?

La pression vient surtout du manque de temps au niveau des délais à respecter dans nos interventions auprès des autorités de l’asile.

Votre situation paraît difficile : d’une part, les autorités campent sur leurs positions et, de l’autre côté, vous voyez la détresse du requérant.

Je pense qu’il n’existe pas de travail qui soit facile. Au Centre Suisses-Immigrés, nous rencontrons des personnes qui ont parfois énormément de peine à comprendre ce qu’il se passe. Majoritairement, les gens collaborent avec nous, ils sont capables de réunir les documents nécessaires pour défendre leur dossier. Mais lorsqu’on a quitté une région à cause d’une guerre civile, ces documents parfois n’existent plus.

Notre principal souci vient de l’extrême hypocrisie de nos autorités qui rejettent la demande de protection d’une personne parce qu’elle n’a pas pu fournir certains documents dans un délai 48 heures. Je trouve cela très difficile à admettre pour des personnes qui font des efforts surhumains pour faire aboutir leur demande. On voit des situations tragiques : la détresse de personnes hospitalisées, des enfants qui sont placés… Mais ensuite qu’est-ce qu’il se passe ? Au final, on dirait que ça n’a aucune incidence, on a l’impression de parler à un mur. On se pose souvent des questions : qu’est-ce qu’on a loupé ou bien aurions-nous dû procéder différemment, quel élément supplémentaire aurait-il fallu apporter ? La lutte contre l’immigration incite les autorités à prendre des décisions incompréhensibles.

Certaines situations ne risquent-elles pas de vous affecter personnellement ? Vous avez raison, une personne qui fait ce travail doit faire attention à reconnaître ses limites. Elle va faire l’expérience de sentiments très forts de colère ou d’impuissance. Avoir bénéficié d’une formation dans ce sens aide beaucoup.

Comment faites-vous pour garder le moral?

Entre collègues, nous nous soutenons mutuellement. Dans le système médical j’ai plutôt connu un système hiérarchisé. Mais au Centre Suisses-Immigrés, je peux partager mes soucis par rapport à un dossier, demander son regard à une collègue pour m’assurer que tout est correct. C’est important aussi, après le travail, de prendre le temps autour d’un café ou d’un verre pour  lâcher le surplus d’émotion avant de rentrer chez soi, même si on est fatigué.

Est-ce que votre travail vous satisfait ?

Oui ! C’est un domaine qui m’a toujours passionnée. Je me suis intéressée dès l’adolescence à ce qui fait que des gens de la même langue, de la même religion arrivent à se retourner les uns contre les autres. Cela m’amène à chercher à connaître chaque personne que je rencontre, de comprendre son vécu, son parcours, quelle est la situation qui l’amène. Le plus important n’est pas forcément de savoir si j’ai été utile parce que la personne a décroché un permis de séjour grâce au CSI. Ce qui est central, c’est de ne pas remettre en question sa parole, d’être clair avec notre mandat : on l’accompagne dans ses démarches, on travaille ensemble. On donne à ces personnes également la possibilité de s’exprimer sur la richesse de leur pays et elles le font avec énormément de plaisir, ça peut-être de la musique, de l’art plastique etc… Il n’y a pas que de la souffrance qui entoure ces gens et ils nous apprennent beaucoup aussi.

Auriez-vous un message particulier à adresser à nos lecteurs?

Je pense que je n’ai pas besoin de convaincre; les personnes qui lisent Voix d’Exils sont déjà convaincues. J’aimerais que vos lecteurs se donnent la permission de ramener d’autres personnes pour agrandir le cercle. S’il y en a qui ont envie de s’engager, nous les attendons.

Propos recueillis par:

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils




No Man’s Land

Exposition de Christian Lutz au théâtre de Vidy. Photo: Alain Tito

Vernissage de l’exposition de Christian Lutz au théâtre de Vidy. Photo: Alain Tito

Retour sur la dernière exposition du photographe Christian Lutz au théâtre de Vidy à Lausanne

La dernière exposition du photographe Christian Lutz, qui s’est tenue au théâtre de Vidy à Lausanne du 14 septembre au 3 octobre, dépeint une Suisse idéalisée à travers ses paysages et son confort qui contraste avec les réalités vécues par de nombreux migrants sur le territoire helvétique.

Sur des grilles métalliques pendent des photos en grand format d’une Suisse luxuriante, avec ses paysages montagneux couverts de végétation. Dans le même paysage se rencontrent des visages hagards, remplis d’un désespoir qui ne savent à quel saint se vouer sur cette terre d’accueil où ils espéraient changer le cours de leurs destins menacés chez eux. Des images qui montrent la subtile violence de l’accueil des migrants dans un territoire chanté dans le monde entier pour sa prospérité et sa démocratie exemplaires. La lumière sur cette opaque iniquité s’est implantée devant l’entrée principale du théâtre de Vidy l’espace de deux semaines en septembre.

Exposition de Christian Lutz au théâtre de Vidy. Photo: Alain Tito

Exposition de Christian Lutz au théâtre de Vidy. Photo: Alain Tito

L’auteur de cette exposition, Christian Lutz, s’est réapproprié la problématique migratoire avec l’œil du photographe et expose sa démarche. Il apprécie le fait qu’il existe encore des espaces où il est possible de faire des piqûres de rappel à la communauté quand la routine de l’existence et de la survie occultent les injustices perpétrées sur d’autres êtres humains. Dans son travail photographique, il ne se prive pas de réfléchir de manière critique à l’instrumentalisation de la question de l’identité nationale à travers la problématique de l’immigration. « De manière générale, ce que je sais, c’est que plus le temps passe, plus les choses s’installent et moins le scandale existe. Il y a une forme de repli sur soi-même, un ultra conservatisme face à la problématique migratoire. Cela fait que les choses s’incrustent. C’est comme tous les éclats de l’actualité, comme tous les conflits en Afrique ou ailleurs, on passe d’un feuilleton à un autre. L’année passée, on a parlé de la crise migratoire et je n’aime pas trop ce mot. Or, on est autant en crise cette année que la précédente mais on en parle moins. Les choses prennent le pli, s’installent et ça m’inquiète énormément ».

Exposition de Christian Lutz au théâtre de Vidy. Photo: Alain Tito

Exposition de Christian Lutz au théâtre de Vidy. Photo: Alain Tito

Préserver le confort à tout prix

« Il s’agit d’un travail commandé par le théâtre de Vidy à Christian Lutz parce qu’il a un regard en colère sur l’état du monde mais avec beaucoup d’humanité. Il a réussi à mettre en tension dans ses photos la situation des requérants d’asile qui arrivent en Suisse et le confort helvétique, mais aussi les tentatives de préservation de ce confort presqu’au détriment de ceux qui viennent ici pour conquérir une nouvelle vie. » explique Vincent Baudriller, directeur du théâtre de Vidy. Il ajoute que selon lui, «cette problématique des réfugiés qu’exploite son institution entre dans les fonctions basiques du théâtre qui s’interroge sur l’état du monde. Et les armatures métalliques sur lesquelles sont posées les photos rappellent un peu la question des frontières. L’exposition se dénomme « No Man’s Land », l’entrée y est libre » nous a confié Vincent.

 Réaction d’un visiteur

« Cette exposition nous met face à un drame qu’on ne sait trop voir parce que plongés dans notre propre existence. Nous oublions la précarité que vivent les migrants chez nous. Un contraste avec nos petites vies dont nous souhaitons garder le confort » confie un visiteur sous couvert d’anonymat.

Alain Tito

membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Où va le monde ?

N'oubliez pas Ilian !  Auteur: Moaz Sabbagh

N’oubliez pas Alyan !
Auteur: Moaz Sabbagh.

Opinion

Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, le monde entier pensait avoir tourné la page de la guerre froide qui opposait les blocs de l’est et de l’ouest représentés par la Russie et les Etats-Unis. Force est de constater aujourd’hui qu’il n’y a eu qu’un changement de terrain de bataille et que guerre continue. 

Le conflit n’a fait que passer de l’Allemagne dans le territoire du Moyen Orient. Il n’est plus question d’affrontements directs entre les deux grands ennemis, mais de détruire l’autre en le coupant de ses sources d’approvisionnement économique.

Raison pour laquelle, le 20 mars 2003, l’armée américaine avec ses alliés a envahi l’Irak de Saddam Hussein avec comme prétexte que le tyran détiendrait des armes de destructions massives.

Treize ans après la chute du dictateur de Bagdad, le conflit reste d’actualité. D’autres groupes ont pris le relais en déterrant la hache de guerre des conflits ethniques et religieux. Les victimes se comptent par milliers et le pays est loin d’avoir retrouvé sa stabilité sécuritaire d’avant 2003.

Même son de cloche du côté de la Syrie. Un simple soulèvement des opposants au régime de Bachar El Assad a ouvert les hostilités entre les Etats-Unis et l’Europe; la Russie et la Chine; entre l’Arabie-Saoudite et le Qatar contre Téhéran et le Hezbollah libanais. Depuis cinq ans déjà, la terre syrienne est devenue le théâtre d’affrontements armés faisant plus 250 mille morts et environ 4 millions de réfugiés de par le monde, qui grouillent sous les tables des pays voisins en espérant trouver le nécessaire à leur survie.

Pourquoi le monde ne tire-t-il pas de leçon de son passé chaotique et des deux guerres mondiales ?

Pourquoi les belligérants sont-ils toujours absents à la table de négociation ?

Ne savons-nous pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets ?

D’abord on lance des slogans pour déclencher les guerres et ensuite les grandes puissances arrivent avec des camions citernes remplis d’essence pour déclencher le feu des bombardements afin de faire le maximum de victimes et de déplacés.

L’arrogance des Etats-Unis et de la Russie vis-à-vis des victimes de la guerre syrienne nous fait penser à la phrase d’Albert Einstein qui dit que :

« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal mais par ceux qui les regardent sans rien faire ».

Le marri

Membre de la rédaction valaisanne de voix d’exils